Spécial Halloween : la rédac vous terrorise !



Halloween se profile déjà à l’horizon, avec ses citrouilles et son lot de bonbons et de mauvaises blagues… cependant, cette fois, la rédaction UMAC a décidé de vous faire peur à sa façon, en vous proposant diverses lectures ou activités. Films, roman, manga, jeu de rôle, chaîne youtube, escape game ou jeu vidéo, il y en a pour tous les goûts. 
Attention, nous ne pourrons en aucun cas être tenus pour responsables des hurlements terrifiés et autres crises de panique qui pourraient découler de nos terribles conseils…


ps : nous noterons chaque œuvre/activité présentée par un taux de « flippage » de 1 à 5, 1 correspondant à « ça va, je gère » et 5 étant plus proche du « ah putain, j’ai envie de pisser et jamais de la vie j’oserai aller aux chiottes tout seul après ça !! ». Après, ça dépend aussi du fait que vous soyez ou non facilement impressionnable. Et de votre envie de pisser.




Le Rituel Adam Nevill – roman

Pour les amateurs de randonnées sylvestres qui tournent mal, voilà sans doute le roman à ne pas louper.
Quatre potes décident d’aller effectuer une balade en Suède. Problème, deux des gars n’ont pas vraiment préparé ce petit périple en pleine nature. En surpoids, ils peinent clairement à suivre le rythme. Et le temps n’est pas de la partie puisqu’ils sont sous un déluge perpétuel. L’organisateur a alors l’idée de prendre un raccourci à travers une réserve naturelle. Et pas n’importe quelle réserve, carrément la plus vieille forêt d’Europe.
La première partie de ce roman est hallucinante, Nevill décrit une forêt épouvantable, sombre, dégueulasse, presque impénétrable, pleine de ronces, de bois mort, de buissons épineux et… d’anciennes choses encore pires !
La seconde partie est un peu moins réussie (moins crédible par certains côtés) mais conserve une réelle tension et quelques moments effroyables.    
En tout cas, que vous aimiez ou non vous perdre en forêt, celle-ci va vous marquer. Longuement.


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Jusqu’en EnferSam Raimi – film

Refuser un délai de paiement à une vieille gitane édentée et caractérielle peut vite se révéler dangereux. C’est ce que va apprendre, à ses dépens, la pauvre Christine, victime d’une malédiction atroce qui devrait, au bout de trois jours, aboutir à une damnation éternelle…
Alors, les effets sont ultra-basiques, ultra-couillons (un zoom qui te saute à la gueule avec un gros son), mais c’est ultra-efficace. Parfois même bien dégueux. Pas le truc que l’on revoit dix fois (encore que je connais des gens qui hurlaient toujours au deuxième visionnage…), mais c’est sympa si l’on y met du sien. À voir à plusieurs de préférence (parce qu’il y a toujours le petit côté « ouais, comment t’as trop flippé ta ra… aaaAAAAHHH !! »).


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Sylartichot – vidéos 

On trouve en général un tas de conneries sur youtube, surtout dans le domaine du paranormal. Entre les mecs qui combattent des démons au petit-déjeuner et les ahuris qui pensent que la Terre est plate et gouvernée par des extraterrestres, ce ne sont pas les idioties qui manquent.
Il existe cependant une série de vidéos que l'on vous conseille absolument, il s'agit de la chaîne de Sylartichot. Le gars est plutôt jeune mais il a une grande qualité : il ne se laisse pas submerger par sa passion ou sa volonté de "croire" et traite ses sujets avec rigueur et sérieux.
Ses vidéos abordent différents domaines : légendes urbaines, affaires "connues" du paranormal, creepypasta, pure fiction ou même sources historiques de certains récits. C'est toujours très agréable à regarder, documenté, mesuré et bien écrit. Du coup, c'est l'idéal pour se faire peur entre amis un soir d'Halloween... ou n'importe quand d'ailleurs.
Il y a un bon paquet de sujets déjà dispo, à vous de piocher suivant vos envies.  


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Le genre horrifique (et ses multiples catégories) sont toujours un régal. Malheureusement pour moi, je suis peu enclin aux jump-scares et après avoir consommé des tonnes et des tonnes de films d'horreur, j'ai une sorte d'immunité par rapport à la peur. Aucun film ou livre n'arrive vraiment à me combler dans ce domaine (ne me parlez pas de la nouvelle adaptation de Ça, pas effrayante du tout). Toutefois, une ambiance angoissante est clairement ce qui fonctionne chez moi ; bien sûr par ambiance il faut comprendre un travail soigné, aussi bien technique que scénaristique. C'est pourquoi j'ai eu énormément de mal à trouver des longs-métrages à inclure dans cet article. Mais en cherchant bien, ce sont surtout des situations « de malaise » que j'ai trouvée et qui correspondent à mon idée de peur.

La Route – John Hillcoat – film

Adaptation du roman du même nom de Cormac McCarthy, le film de John Hillcoat, sorti en 2009, est sans doute le long-métrage le plus angoissant au monde. Entre la survie dans un monde post-apocalyptique et les dangers inhérent à l'Homme (le cannibalisme notamment), tout est parfaitement et atrocement flippant.
Pas de mystères ou de surenchère gore ici, on est loin d'un excellent Massacre à la tronçonneuse ou un autre long-métrage d'horreur « culte » (et souvent réussi). Ce qui fonctionne, par contre, est de ne pas montrer, ou très peu (à la manière d'Hitchcock). Dans ce labyrinthe de cendres, la vraie peur surgit à chaque moment banal (croiser un inconnu par exemple).
Terriblement dépressif, La Route, drame de science-fiction très réaliste, hante longtemps ses spectateurs.




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It Follows – David Robert Mitchell – film

Tous les superlatifs de ce film sorti en 2015 sont sur l'affiche française et, pour une fois, s'avèrent corrects. Un concept d'horreur original : une malédiction se transmet par rapport sexuel. Celle-ci se matérialise par « quelque-chose » qui vous suit (d'où le titre du long-métrage).
Inutile d'en dire davantage pour éviter de gâcher le plaisir à ceux qui voudraient découvrir It Follows. La menace étant mi-fantômatique, mi-réaliste, le tout sans tomber dans un banal film de frissons remplis de jump-scares. La peur surgit grâce à ces fameux followers mais aussi le passage à l'âge adulte, la perte de l'innocence, la sexualité… et l'ennui commun de ce groupe d'ados coincé à Detroit.
Un petit bijou indépendant.






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Le Drame du Rio Grande – David Morrell – nouvelle

29 récits sont compilés dans 999 - Les maîtres du fantastiques et de l'épouvante. Stephen King, William Peter Blatty, Joyce Carol Oates… font partie des auteurs de cet ouvrage orienté dans le genre horrifique évoqué par son titre (en référence au nombre "maudit" 666).
Le drame du Rio Grande, de David Morrell, s'étale sur 66 pages et part d'un postulat simple : un homme voit régulièrement une paire de chaussures sur la route qu'il emprunte quotidiennement. Rien d'extraordinaire ni dans l'écriture ni dans l'histoire à l'avancement parfois surprenant mais… une putain d'ambiance oppressante. S'imaginer chaque personnage, chaque scène, chaque objet du quotidien… prend une dimension angoissante tant on tente de rationaliser tout en ignorant si on flirte avec le fantastique ou non.
Une lecture rapide mais super efficace !




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L'Enfant Insecte – Hideshi Hino – manga


Dès les années 70, les lecteurs japonais ont pu découvrir L’enfant insecte, manga en un seul volume de Hideshi Hino, auteur pourvu d’une forte imagination morbide. Il y adapte librement La métamorphose de Franz Kafka.
Le récit narre la transformation de Sanpei Hinomoto, jeune garçon passionné par les insectes et divers animaux qu’il accueille au sein de son refuge situé dans une déchetterie. Chétif, cancre et doté d’un physique ingrat, il subit les brimades de ses camarades de classe et de sa famille. Le jour où une bestiole le mord, la métamorphose douloureuse et lente en fait une créature rampante répugnante. Dès lors, devenant petit à petit un monstre, il s’enferme dans sa chambre puis, chassé par sa propre famille qui désire le voir mourir, il erre d’égouts en endroits crapuleux où il prend conscience du pouvoir létal qu’il possède. Personnage hautement dramatique, le petit garçon évolue, au fil des cases, en un monstre tant sur le plan physique que sur le plan moral.
Par son graphisme étonnant, aux traits dépouillés et caricaturaux, saisissant l’horreur et l’effroi, jouant du dégoût, le mangaka parvient à rendre les humains aussi terrifiants que les monstres, notamment grâce aux têtes rondes pourvues d’yeux globuleux. Une histoire sombre, gore et violente sur la bêtise et l’intolérance.
Ce manga a été édité en français par Imho en 2012.


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Asylum Nightmare – escape game

Se déroulant dans un ancien fort militaire du 19ème siècle (situé dans le bois de Sorvigne, en Meurthe-et-Moselle), Asylum Nightmare est un escape game version XXL qui se joue sur une surface de 13 000 m².
Pour l’occasion, le fort est décoré en Hôpital Psychiatrique, les 52 joueurs répartis en sept équipes devront, en moins d’une heure quinze, sortir du bâtiment en vie… et avant les équipes adverses ! Entre bruits, rôdeurs, assassins et autres pièges, il sera vite éprouvant de parvenir à trouver des indices ou de réussir les missions afin de s’échapper de l’asile bourré de tueurs !
Le jeu est interdit aux moins de 16 ans, les places sont évidemment limitées (104 pour la soirée du 31).
Il faudra débourser une trentaine d’euros pour 1h15 de jeu.
Site officiel.


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Amnesia : The Dark Descent – jeu vidéo

Amnesia est un jeu de Survival Horror à la première personne (dans la même lignée que les Penumbra) sorti en 2010. Le joueur incarne Daniel, un type amnésique qui se retrouve à explorer un château bien lugubre.
Le gameplay est plutôt simple mais la force d’Amnesia réside dans l’atmosphère, l’ambiance du jeu et sa narration. Bruits étranges, événements bizarres, monstres qui apparaissent… Les sursauts s’enchaînent et le « taux de flippage » arrive à son apogée très rapidement. Alors que « quelque chose » est à la poursuite de notre héros, il faudra éviter les ennemis, trouver de quoi s’éclairer pour ne pas sombrer dans la folie, résoudre des énigmes tout en résistant à l’angoisse et la peur. Les moments de frayeurs sont intenses et conduisent même parfois à l’abandon du jeu…
L’excellent scénario rappelle d’ailleurs la nouvelle The Outsider de Lovecraft.
Un second volet du jeu, intitulé Amnesia : A machine for pigs, est sorti en 2013.
19,99 € sur Steam.


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Tout comme Thomas, bien que grand amateur de frissons à l'écran, j'ai été plus souvent qu'à mon tour terriblement frustré par les productions récentes, qui misent sur le spectaculaire ou le dégueu plutôt que sur l'étrange et le malsain. Du coup, bien peu de films parviennent à faire véritablement peur, ou du moins à laisser un insidieux sentiment d'angoisse longtemps après le générique de fin. Si une tripotée de jump scares fait toujours son effet, celui-ci n'est malheureusement pas suffisamment durable pour faire du métrage une œuvre satisfaisante du point de vue flippage. En revanche, lorsque l'ambiance est soignée, on obtient quelques pépites.

L'Appel de Cthulhu – Sandy Petersen – jeu de rôles

L'ambiance, justement, est le point fort et le matériau essentiel sur lequel se construisent les meilleures parties de jeu de rôles. Comme au cinéma, un bon scénario est important, mais c'est le Maître de jeu qui va assurer la transmission de l'histoire dans les meilleures conditions possibles. Le grand Lovecraft a eu l'honneur d'être génialement adapté en jeu de rôles avec l'Appel de Cthulhu, créé sous la houlette de Sandy Petersen pour les éditions Chaosium en 1981.
Cette réussite totale se fondait notamment sur la volonté de renforcer le côté investigation dans les histoires (plutôt que l'aspect aventure et combats des précédents jeux de rôles) et surtout sur un certain fatalisme influencé par le Mythe engendré par Lovecraft : les Investigateurs, en se rapprochant des terribles vérités cachées dans l'ombre, soit se feront tuer (car ils ne sont pas de taille) soit deviendront fous, incapables d'assimiler la réalité indicible qu'ils ont révélé en poussant plus avant leurs enquêtes.
Croyez-moi, une bonne partie de L'Appel de Cthulhu, avec des joueurs impliqués entraînés par un meneur de jeu charismatique dans une bonne ambiance (il nous est arrivé de pratiquer dans un presbytère, éclairés à la bougie, de lourdes tentures noires occultant toute lumière - de quoi donner du grain à moudre aux pisse-froids qui ont longtemps assimilé ces pratiques à de la sorcellerie - et on ne faisait pas les fiers lorsque le Maître de jeu demandait à certains de sortir de la salle, pour ne pas entendre ce qu'il avait à dire aux autres) peut procurer ces frissons de plaisir et d'angoisse mêlés qu'on recherche ici. Imaginez-vous, tout ouïe, à l'écoute du phrasé volontairement lourd et imposant du Maître des Arcanes alors qu'il vous décrit la progression hasardeuse de vos personnages dans un manoir hanté et qu'un chat de la maison choisit précisément le moment où un spectre apparaît dans l'histoire pour faire son entrée dans la salle où vous jouez ! Voilà qui peut légitimement vous faire bien flipper (et parfois hanter quelques-unes de vos nuits ultérieures).
A noter que l'Appel de Cthulhu, longtemps édité par Descartes en France, est toujours disponible avec des règles de jeu légèrement modifiées.


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JOYEUX HALLOWEEN À TOUS !
AMUSEZ-VOUS BIEN !



Dragon Axiom

Les éditions Kotoji — via leur label Asian District — proposent de suivre la quête de Fenetten et de son compagnon, Lacus, à la recherche du dragon de la légende dans Dragon Axiom, courte série en trois tomes. Ce manhua empreint de poésie, fruit d’une dizaine d’années d’élaboration [1] par Little Cloud [2], a été publié dans son pays d’origine au début des années 2000.

Fenetten, marin pêcheur aux oreilles difformes, sympathise sur le vaisseau qui l'emploie avec une nouvelle recrue — un étranger — aux antipodes de son caractère : lui est bosseur et patient, tandis que Lacus est un jeune homme doté d’un appétit féroce et de nature fainéante.
À son domicile, Fenetten lui conte la légende locale, celle de l’amitié entre un guerrier et un dragon destinés à s’affronter jusqu’à l’abandon ou la mort. Le surprenant duo s’en va parcourir le monde. Mais voilà que l’homme décède de vieillesse. L’animal immortel sombre dès lors dans la dépression et se retire en un lieu secret. Si son corps ne connaîtra jamais la décomposition, son âme, elle, peut « mourir ». Ainsi, son esprit tourmenté provoque des cataclysmes atmosphériques.
Suite à un imposant tsunami, où le marin fait preuve de courage et dévoile ses talents pour la magie, Fenetten quitte le port en compagnie de Lacus à la recherche du dragon mythique. Il ne regrette pas l'abandon de son domicile ; persécuté depuis son enfance à cause de ses oreilles, il est conscient de sa différence et curieux de ses origines.
Leurs pérégrinations les amènent à rencontrer plusieurs types de créatures, à traverser le port de Bout-du-monde, la forêt d’Ombrelune, l’Achéron...

Dragon Axiom est une œuvre sincère où l’on sent le plaisir qu’a pris l’artiste pour dessiner ses personnages et réfléchir aux détails de son univers enfantin. Son graphisme élégant nous immerge dans son monde onirique. Little Cloud possède un trait enchanteur que ce soit dans les aquarelles qui introduisent chaque livre ou le noir et blanc des planches. Les décors soignés sont nombreux, tout en finesse et dégageant beaucoup de charme.
Là où depuis des années les mangakas et beaucoup d’autres auteurs de BD utilisent des banques d’images ou des objets modélisés [3] qu’ils intègrent dans leurs cases, Little Cloud trace chaque feuille, chaque pierre avec grâce. Des hachures maîtrisées ajoutent textures et profondeur. Cela compense les visages, déjà vus. Son trait mélange encre, graphite [4] rehaussé de trames [5]. L’auteur superpose les cases en de savantes compositions.
Dragon Axiom est une BD bavarde, disposant d’une grande liberté de ton, amenant à quelques maladresses de découpage et de mise en scène. Certaines scènes, notamment dans le premier volume (l’épisode du tsunami, par exemple), et quelques éléments s'avèrent confus. Au fil des pages, son graphisme s’améliore, compensant un scénario des plus classiques. Ses hésitations, ses idées se stabilisent. Little Cloud, dont on ressent l’inspiration nippone, a intégré les codes des mangas et elle les a réinterprétés à sa manière. Elle évite ainsi un récit au déroulement prévisible [6] bardé de poncifs indigestes, et apporte de la fraîcheur. Elle ne conserve qu’un duo de héros dont les interactions sont vivantes et pleines d’humour. Le graphisme des dragons se rapproche de celui d’Akihiro Yamada [7].
La dessinatrice propose un monde fantaisiste où l’immortalité des dragons n’est pas qu’un don positif. La folie guette. Un tribunal draconique, un langage secret, des créatures de l’ombre et de la lumière, un monstre qui vole le temps de vie des humains, apportent du corps à l’œuvre. Fenetten dans sa quête initiatique, découvre ses origines et la destinée qu’il va accomplir. Le texte poétique illustre cette fable inspirée par la chanson Puff, the magic dragon [8] qui narre l’amitié entre un garçon et un dragon. Cependant, de nombreuses répétitions et quelques coquilles, des soucis au niveau de la ponctuation ralentissent la lecture. L'adaptation en français ne s'avère parfois pas très fluide et dure à déchiffrer. Le texte, par le choix des polices de caractère, s’intègre bien dans les phylactères sauf dans le cadre des incantations où il devient difficile à déchiffrer. Kotoji propose une édition petit format de qualité : papier épais, impression fine, malgré les détails ténus, des pages couleurs, jaquettes à rabats. Toutes les onomatopées sont traduites, les bonus, les explications de l’auteur sont conservés.

Little Cloud compose un charmant récit de fantasy tout en poésie et onirisme où les bateaux volent et les dragons prennent forme humaine. Destinée aux jeunes adolescents, cette courte saga se boucle en trois volumes, sans répits ni temps mort pour les héros. Malgré les souffrances, l'optimisme, la confiance et l’amitié règnent. Une suite existe et il n’y a plus qu’à espérer que les éditons Kotoji la sortent.


[1] La genèse de Dragon Axiom est détaillée dans les nombreuses pages de bavardage de l’auteur, ainsi que dans cette interview.
[2] Pseudonyme de l’artiste chinoise.
[3] Depuis que les logiciels de retouches d'image sont devenus plus simples à manier et accessibles, beaucoup d’auteurs incrustent des photos retravaillées en guise de décors, ou utilisent des objets modélisés (maisons, table, voiture, fourchette...) que l’on peut trouver dans des banques de données, prêts à l’emploi. Il en ressort une froideur et une affreuse impression de normalisation graphique.
[4] Ou crayon de bois, mine de plomb lorsque la protection en bois est absente.
[5] Autrefois utilisées par les dessinateurs de BD et les architectes, les trames sont de grandes feuilles plastifiées, transparentes, sur lesquelles sont imprimés — en densité de points noirs — des niveaux de gris, ou des motifs, des textures voire même des décors  désormais disponibles sous forme numérique.
[6] Par exemple, le manga Superior, d’Ichtys. Si le picth de départ semble intéressant (le roi démon se lie avec le paladin venu le tuer), le récit s’enlise dans des poncifs où les atermoiements des divers personnages empêchent la progression de l’action et où le conformisme rend l’ensemble convenu et fade.
[7] On connaît le travail d’Akihiro Yamada grâce au manga La dame de Falis - Farisu no Seijo, publié en français chez Delcourt puis chez Kami. Son graphisme somptueux et ultra détaillé orne divers romans et mangas de fantasy pour lequel il est taillé.
[8] Puff, the magic dragon  est une chanson écrite par Leonard Lipton et Peter Yarrow sortie en 1963.


+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Complet en 3 volumes
  • Graphisme agréable
  • Écriture poétique
  • Impression de qualité
  • Les coquilles dans le texte
  • Scénario convenu

Astérix et la Transitalique



Le nouvel album d'Astérix vient de sortir, il s'intitule Astérix et la Transitalique. Tout de suite, l'on passe à l'analyse de cette course, par Toutatis !

Tout commence par un incident sur une voie romaine, mal entretenue. Accusé de détourner des fonds pour financer ses orgies, le sénateur chargé de leur entretien a l'idée d'organiser une grande course, des Alpes jusqu'au Vésuve, afin de prouver leur bon état. Celle-ci sera ouverte à tous, même aux barbares.
César, lui, voit dans ce défi l'occasion de prouver la supériorité de Rome...
Quant à nos amis Gaulois, ils sautent sur l'occasion pour aller taquiner du Romain sur leurs terres.
Mais, dès le début de la course, d'étranges incidents s'accumulent. Prenant du retard, Astérix et Obélix vont devoir affronter de nombreux concurrents pendant une traversée de l'Italie plutôt mouvementée.

Troisième album de l'ère Jean-Yves Ferri (au scénario) et Didier Conrad (au dessin), cet Astérix est évidemment très attendu tant la BD est devenue une véritable institution. Après un Astérix chez les Pictes très décevant et Le Papyrus de César, un peu meilleur mais ayant surtout fait du bruit à cause d'une polémique idiote (cf. cet article), Ferri et Conrad persistent et semblent de plus en plus à l'aise avec leurs si illustres personnages.
Au niveau des dessins, aucun souci, c'est propre et tout à fait dans le style d'Uderzo. La colorisation, elle, est signée Thierry Mébarki, qui livre également un travail soigné. Mais évidemment, c'est surtout sur le scénario que se portent les attentes des fans.

Si cette Transitalique (faisant penser de loin au Tour de Gaule) possède un véritable point fort, c'est du côté de l'humour qu'il faut aller le chercher. Les gags sont souvent bien vus, avec les références habituelles et les différents niveaux de lecture. Les noms des personnages flirtent avec l'actualité (Ecotax par exemple), les particularités des différents peuples sont assez bien exploitées (même graphiquement, avec les hiéroglyphes koushites notamment), et l'une des scènes avec l'équipage anglais, enfin... breton, est hilarante tant le flegme britannique est parfaitement en contraste avec ce qui se déroule à bord du char. Et l'on s'amuse tout le long de l'album à tenter de deviner qui se cache sous le masque de l'aurige romain.
Là-dessus, pas de souci, c'est donc plutôt agréable à lire et l'on a souvent le sourire aux lèvres.


Pour le reste... ce n'est pas encore ça. L'idée de départ, cette course sur fond de détournement de... fonds publics, est très bonne. Par contre, la participation d'Astérix et Obélix n'est pas du tout justifiée dans le récit. Ils y vont parce qu'ils en ont entendu parler et qu'ils n'ont visiblement rien de mieux à faire. C'est un peu léger et ça manque d'enjeux : si les deux Gaulois perdent la course, cela n'engendrera aucune conséquence.
Contrairement à ce qui était constant dans la majorité des albums de la grande époque de Goscinny, les deux compères n'ont aucun but. Rappelons que lors de leurs aventures précédentes, ils devaient délivrer leur ami barde (Astérix Gladiateur), sauver la vie de l'architecte de Cléopâtre (Astérix et Cléopâtre), soigner Panoramix et maintenir à son poste Abraracourcix (Le Combat des Chefs), ramener le fiancé de Falbala, alors qu'il est expédié en Afrique, et cela alors même qu'Obélix est amoureux de la jeune femme (Astérix Légionnaire), éduquer Goudurix (Astérix et les Normands), éviter les discordes et les manipulations (La Zizanie ou Le Domaine des Dieux), venir en aide aux Bretons menacés par les légions de César (Astérix chez les Bretons), sauver la vie d'un Romain (Astérix chez les Helvètes), ramener un prisonnier chez lui (Astérix en Corse), bref, chaque album de l'ère Goscinny (et même en partie de l'ère Uderzo en solo), bien que drôle, reposait sur un véritable enjeu dramatique. Cet élément pourtant central étant ici absent, l'on ressent forcément un manque.
Le final, quant à lui, est non seulement plat et plus ou moins bâclé mais également invraisemblable. [1]

Tout comme pour les deux récits précédents, Astérix et la Transitalique ressemble plus à une suite de sketchs (certes souvent réussis) qu'à une véritable aventure. C'est ce côté épique, cette "profondeur" (toute relative), qui manque encore pour que l'on ait l'impression de lire un "vrai" Astérix.
Si Ferri parvient à trouver l'histoire idéale pour le prochain album, en ne négligeant pas l'aspect crucial de l'enjeu, voire en bousculant un peu les personnages, il y a gros à parier que les deux compères se mettent alors à produire à leur tour des albums mythiques tant ils maîtrisent déjà parfaitement le reste.

En bonne voie.     



[1] Attention, énorme spoiler dans ce qui suit.
Si le final est aussi raté, c'est non seulement parce qu'il n'y avait aucun enjeu véritable mais aussi parce que César n'est pas du tout bien utilisé, et ce pour deux raisons. D'une part, alors que le mec est ivre de rage quand il apprend que les manigances du sénateur ont échoué, et qu'il fait tout pour préserver l'image de Rome (et donc la sienne), il finit, sans raison, par s'en foutre et remettre la coupe le sourire aux lèvres. Scénaristiquement, rien ne justifie cela. D'autre part, que vient foutre César en remplaçant de l'aurige ? Cela n'a aucun sens.
Dans les précédents albums où César intervient, il peut être certes colérique ou magnanime, mais il conserve sa stature, son rôle de général, de dictateur et d'Imperator. On l'imagine mal faisant la vaisselle, aller traire les vaches ou essayant de remporter lui-même une course. Ce n'est pas parce que l'on est dans une BD humoristique que l'on peut se permettre n'importe quoi. Au contraire, le comique des situations repose normalement sur la vraisemblance du contexte.


+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Souvent amusant.
  • Bourré de références plutôt bien trouvées.
  • Un dessin irréprochable.

  • Le côté "aventure", toujours aussi mal exploité.
  • Aucune prise de risque quant aux personnages.
  • Un côté artificiel (et trop "respectueux"), généré par le manque d'enjeux.
  • L'assaisonnement de naguère devient l'essentiel, sans matière première. 
  • Une conclusion maladroite.