Sacred Outcry - Damned for all time
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Sacred Outcry est un groupe de Power Metal épique formé en Grèce en 1998. La composition de leur premier bijou Damned for all time commence en 2001 et s'arrête en 2003 avec des morceaux approximatifs et non finalisés. Le groupe laissera tout ça de côté avec "la conviction qu'un jour l'album sera complété dans la forme qu'il mérite vraiment" (voir présentation sur leur page bandcamp). 
Le groupe se compose de Dimitris Perros aux guitares, Stelios Darakis à la batterie, Vagelis Spanakis à la guitare acoustique, John Skalkotos aux claviers et enfin George Apalodimas à la basse. Ce dernier signe aussi le magnifique artwork de l'album qui nous indique clairement ce à quoi l'on doit s'attendre : une histoire sombre, épique et puissante. Le poste de chanteur est un élément clé pour donner une dimension héroïque aux compos qui n'avait aucune ligne de chant sur les préproductions. Yanis Papadopoulos (Beast in Black) relèvera, en tant qu'invité, le défi haut la main. De 2015 à 2018, le groupe reprend l'enregistrement et donne à cette pépite la forme qu'elle mérite. En plus du chant, la bande ajoutera des claviers et arrangements orchestraux. Tous les ingrédients sont donc en place pour créer un album ambitieux qui voit le jour en septembre 2020.

Timeless démarre sur un bruit de pas accompagné de quelques bribes de chansons présentes sur l'album, comme des aperçus de ce qui nous attend, puis une mélodie de toute beauté est exécutée à la guitare acoustique. C'est beau, c'est calme, et ça donne une dimension plus forte à Legion of the fallen qui vient nous secouer avec son riff d'intro percutant. Le chant est tout simplement fabuleux, Yanis fait ce qu'il veut avec sa voix, d'abord assez rauque dans les couplets et plus aiguë dans le refrain. Après celui-ci, l'un des atouts du groupe est mis en évidence : de longs soli sont parfaitement joués pour toujours plus nous insuffler ce côté épique, même si l'on est loin d'avoir tout vu. Quelques chœurs et arrangements d'orchestre à la fin de la chanson viennent couvrir le vacarme d'un affrontement... ambiance. 
C'est plein de gaieté que débute le morceau suivant Sacred outcry, qui retranscrit parfaitement la hargne de la guerre : "Battle cries echo in the fight, Screams of the dying breaking the still of the night." (écho des hurlements dans la bataille, cris des mourants brisant le calme de la nuit). Le rythme est un peu plus soutenu, le riff est tranchant et vif. Les arrangements orchestraux prennent plus de place et ça fonctionne très bien. Where ancient Gods are still hailed débute par une intro acoustique avant que la guitare électrique ne sonne pour nous emmener encore vers une composition très réussie. Le chant est majoritairement doublé, faisant l'effet d'un écho, ce qui permet de donner une dimension plus profonde à cette chanson qui se termine par de jolies notes de piano (une version orchestrale est dispo sur la page bandcamp du groupe). Scared to cry est la ballade de l'album. Entièrement acoustique, le chant de Yanis y est très envoûtant, presque bouleversant, les chœurs du refrain subliment encore l'ensemble, bref c'est une réussite totale. Lonely man commence avec la même ambiance douce, calme, seule la guitare sèche accompagne le chant dans un premier temps, puis le duo basse / batterie pour la deuxième partie du couplet et BIM ! Quelques notes après la fin du couplet, juste au moment du refrain, quand on commence à se demander s'ils ont vraiment fait deux chansons acoustiques à la suite, la voix se fait plus agressive et le riff retentit. Le solo entre les deux derniers refrains est une belle démonstration d'efficacité et Yanis montre encore tout son talent. 

Le démarrage de Crystal tears est presque similaire excepté que la basse est joué dès le départ. Très bon morceau mid-tempo. La pièce maîtresse de l'album débarque ensuite : avec plus de 14 minutes, l'éponyme Damned for all time est une leçon de
Artwork original de 2003

composition épique. D'abord la guitare acoustique accompagnée de chœurs, puis les notes jouées changent et le riff arrive, se fait "galopant" mais plutôt lent. Quatre vers sont interprétés de la sorte, et ça accélère, les guitares rythmiques et mélodiques sont mises en avant autant l'une que l'autre. La chanson est un chef-d'œuvre, le rythme ralentit, accélère, un passage plus calme est présent dans le morceau, qui nous fait entrer plus profondément dans l'ambiance. Les lignes vocales et mélodiques sont sacrément inspirées, c'est merveilleusement bien fait et les minutes défilent sans que l'on s'ennuie, ce qui est impressionnant pour une compo aussi longue. De plus, le ton des paroles est facilement identifiable tout au long du titre. On suit l'évolution du héro, que vous aurez peut-être reconnu, qui finit par accepter son destin tragique. 
Farewell change de procédé, on commence par des accords de guitares accompagnés d'une ligne mélodique qui traduit bien le titre de la chanson. Yanis chante ensuite, presque en chuchotant au départ, par-dessus des notes acoustiques avant que la rythmique ne vienne de nouveau dynamiser tout ça. Le solo à la fin est encore une fois très beau, les harmonies fonctionnent à merveille et l'album se termine sur quelques notes acoustiques qui permettent de digérer toutes les émotions que l'on a traversé durant les 55 minutes du disque.

Damned for all time est un album qui a été mûri et composé avec soin et talent. Les arrangements orchestraux et les chœurs apportent une vraie plus-value et permettent de savourer pleinement l'ambiance générale. Sacred Outcry est un groupe qu'il va falloir suivre de très près tant la qualité est présente sur ce premier opus, qui n'est rien de moins qu'un chef-d'œuvre.

Sacred Outcry - Damned for all time
No remorse records - 2020




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Épique comme jamais.
  • L'atmosphère globale du disque. Un vrai plus notamment quand on est attentif aux paroles.
  • L'artwork très réussi.
  • La prod est impeccable, tout est audible, la basse sonne bien.


  • Aucun. Espérons seulement qu'il ne faudra pas 20 ans pour avoir un successeur à cet album.