La Folle histoire de Max &
Léon est disponible depuis peu en DVD, ce qui nous fournit l’occasion de
revenir sur cette comédie très attendue.
Beaucoup connaissent déjà
Grégoire Ludig et David Marsais, le duo d’humoristes du Palmashow, embarqués
ici dans un long métrage avec leur compère Jonathan Barré à la réalisation. Il
faut dire que leurs Very Bad Blagues, des parodies disponibles sur Youtube, sont
souvent drôles et très bien interprétées. Mais voilà, ce qui convient à un
format court ne se transpose pas forcément avec bonheur au cinéma…
Voyons déjà le pitch.
Max et Léon, deux
tire-au-flanc dragueurs et pas bien futés, sont mobilisés, bien malgré eux,
alors que la deuxième guerre mondiale éclate. Leur couardise et leurs
maladresses les entraînent de France en Angleterre, puis en Syrie, alors qu’ils
sont faits prisonniers, s’évadent, se font passer pour des agents des forces
spéciales ou finissent par obtenir un poste dans une kommandantur.
L’on ne peut éviter la
comparaison avec de célèbres variations sur le même thème, de La Grande
Vadrouille à La 7ème Compagnie, en passant par Papy fait de la
résistance. Certaines situations sont d’ailleurs presque identiques à quelques
détails près (les soldats allemands dont l’attention est attirée par les
pitreries de ceux qui doivent se cacher par exemple). L’impression de
déjà-vu est encore renforcée par des références aux sketchs du Palmashow, dans une ambiance très private joke. Certains clins d’œil échapperont
donc à ceux qui ne connaissent pas parfaitement le parcours des deux comédiens.
D’autres références, même si elles sont drôles, sortent un peu de nulle part : Vichy Color, en
référence au « Quadricolore » de Vandelli dans PopStar (il fallait aller la chercher celle-là…) ou encore une
parodie de Carglass avec Mr Poulpe. Marrant mais... quel rapport ?
Tout cela donne malheureusement
l’impression d’une suite de sketchs sans vraiment de liant entre
eux, comme si les auteurs avaient conservé l’écriture propre au format court.
Pire encore, Gregoire Ludig,
dont le jeu d’acteur est en général brillant et incroyablement riche en nuances
[1], est ici terne et sans subtilités. Les guests sont également plutôt sous-employés dans des scènes arides (le « mec de Bref » et « Serge le mytho » forment
le pire duo du film, quel dommage d’avoir des gens de cette qualité et de
leur donner si peu à défendre).
Si l’on ajoute à ça une
narration faussement futée (et au contraire vite lassante), une mise en scène
rythmée, voire hystérique, mais sans inventivité ni élégance, et des gags parfois poussifs et éculés (on en est quand même à rentrer en courant dans des poteaux, waouh, la peau de banane n'est pas loin), ça commence à faire beaucoup de
défauts. Et quand on est un peu doué - et ces mecs le sont ! - il est possible (si ce n'est pas un devoir) de tirer son art (et son public) vers le haut.
Malgré tout, le film se
laisse regarder. L’on sourit souvent, on ne s’ennuie pas, et pour une comédie
française, c’est déjà énorme. Donc, si on compare Max & Léon aux merdes
habituelles, du style Camping, Les Ch’tis, Les Visiteurs 3, Les Profs 2 ou Qu’est-ce
qu’on a fait au bon Dieu ? et cie, c’est sûr que c’est très, très loin
au-dessus. En même temps ce n’est pas dur d’écrire quelque chose de mieux quand
on met dans la balance des films qui ne sont pas écrits du tout. Je vais faire une comparaison plus hard et explicite en note de bas de page. [2]
Si l’on juge Max & Léon
dans l’absolu, c’est déjà moins réjouissant. Surtout au regard de la
qualité incroyable du trio Ludig/Marsais/Barré. Ce premier long métrage manque trop
d’originalité et d’ambition pour ne pas être autre chose qu’une longue exposition de gags inégaux. Une sorte de Méga Very Bad Blagues à thème unique avec un
maximum de têtes connues.
Décevant mais pas au point de
carrément bouder ce coup d'essai.
[1] De nombreux humoristes/comédiens disent apprécier le fait d'interpréter des personnages, pourtant, très souvent, le résultat est plus que médiocre. Semoun par exemple fait systématiquement du Semoun d'un rôle à l'autre, avec ses tics, la même intonation, etc. Ludig, lui, parvient non seulement à livrer des interprétations très différentes d'un personnage à l'autre, mais il reste en plus crédible et subtil, maîtrisant à la perfection les moindres détails de son jeu (regard, ton, respiration, rythme...). Son jeu dans Max & Léon est à mille lieues de ce qu'il peut faire. Ce type est un immense comédien dont on entendra forcément parler s'il parvient à trouver des rôles à la hauteur de son talent et de sa technique.
[2] Un steak trop cuit avec des frites trop salés, ce n'est pas bon, mais si on a le choix entre ça et du vomi de girafe, ça paraît royal. Pourquoi une girafe spécialement ? Bah, je trouve que c'est un animal trop peu employé métaphoriquement. Et je le déplore. D'autant que vomir, pour une girafe, ça doit être un enfer. Déjà nous, bon, quand ça nous arrive, ce n'est pas agréable. Mais quand on a un cou de quatre mètres de long, voire parfois cinq... on doit bien avoir le temps de sentir revenir le truc en sens inverse. Ah, vous voyez, déjà vous avez mieux l'image là.
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