La sortie du deuxième tome de L'Équipe Z nous permet de faire le point sur cet excellent manga.
Les clubs de football de Bordeaux viennent d'être rachetés par un milliardaire afin de créer une seule équipe, à l'ambition affichée : le Metropolis Bordeaux Football Club. Deux philosophies s'affrontent déjà au sein de l'organisation. Alors que l'entraîneur principal ne jure que par les résultats, son assistant, le coach Adrien, prône un football "total", plus humain et fondé sur des valeurs communes et un collectif soudé.
La fille du propriétaire du club a alors une idée : laisser Adrien former sa propre sélection de u15 qui affrontera l'équipe A. Les recalés et laissés-pour-compte commencent alors un entraînement intensif. Parmi eux, Hugo, un garçon timide et extrêmement doué, Majid, adolescent turbulent et sûr de lui, Johnny, jeune SDF ayant fui la violence familiale, ou encore l'androgyne Charles-Henry.
Ensemble, ils vont tout tenter pour aller au bout de leur passion...
À la base, je n'aime pas beaucoup le foot et je déteste les livres en français imprimés dans le sens de lecture japonais (je ne reviens pas sur le hold-up intellectuel des éditeurs de manga, cf. l'article Sens interdit pour plus de détails), autant dire que je ne dois clairement pas être dans le public cible. Et pourtant, j'ai passé un bon moment, car non seulement ces deux tomes, bourrés de qualités, sont très agréables à lire mais ils donnent également une vision (certes idéalisée mais fort belle) du football qui rehausse clairement l'image (assez désastreuse) de ce sport.
Le scénario est l'œuvre d'Edmond Tourriol et Daniel Fernandes, les dessins sont signés Albert Carreres.
Commençons par l'aspect graphique. L'ensemble est de grande qualité, les personnages sont tous facilement identifiables, les scènes d'action sont dynamiques et inventives et le découpage clair et efficace. Bien que les auteurs soient européens, les habitués des manga ne se sentiront pas dépaysés et retrouveront notamment les expressions nippones si particulières et exagérées dans certaines scènes. Les bordelais devraient, eux, reconnaître quelques décors.
Si la partie visuelle est impeccable, l'écriture est, elle aussi, très habile. Les personnages ont tous un parcours qui leur est propre et que l'on découvre peu à peu. D'une manière très ludique, les auteurs abordent le traitement de la différence dans la difficile période adolescente. Sans jamais en faire trop, ils évoquent le handicap, la misère sociale ou encore l'ambivalence sexuelle, ainsi que la mise à l'écart qu'ils peuvent engendrer.
Même si l'on a bien entendu droit à des phases de jeu, le football fait plus office de liant et sert à faire passer un message universel résolument optimiste sur l'entraide et le dépassement de soi et de ses conditions.
La lecture est rythmée par des révélations (parfois vraiment surprenantes, notamment dans le tome #2), des confrontations (pas uniquement sur le terrain), des histoires de cœur naissantes et des... éliminations. Car l'intrigue tourne pour le moment autour de la formation de l'équipe. Petit à petit, le groupe se soude alors qu'il se réduit et l'on finit par s'attacher à la petite bande qui gagne en cohésion et en empathie.
Ajoutons à cela un texte d'une qualité exemplaire (pas une seule coquille en vue !) et l'on se retrouve avec une bonne BD, fun et intelligente, qui s'adresse à un lectorat qui va bien au-delà des seuls fans du ballon rond.
Une très bonne série qui, si l'on en juge par sa qualité, devrait compter à l'avenir de nombreux autres opus.
Nouveau : retrouvez maintenant cette série en webtoon sous le nom Z United !