En 2007, Panini publie Spider-Man : Reign dans le septième volume des 100% Marvel consacrés au Tisseur. Retour sur cette saga crépusculaire.
Dans un futur pas si lointain, Manhattan est sous le joug d'une dictature froide et violente. Les Masques ont disparu en même temps que les libertés. Parker est un vieillard solitaire, parlant dans le vide, rêvant la présence d'une Mary Jane morte depuis des années. Il n'est plus que l'ombre de lui-même. Un être brisé, à la dérive, qui va même se faire virer de son job minable et se faire péter le nez par la police en voulant aider un gamin.
Décidément, les temps sont durs pour l'ancien Spidey.
Mais lorsque l'on a été un héros pendant si longtemps, peut-on vraiment baisser les bras ?
Le scénario et les dessins sont de Kaare Andrews, il a d'ailleurs également participé à la colorisation, très réussie, aux cotés de José Villarrubia. Le graphisme est à la fois beau et original, les visages et les corps ont du caractère, certains décors pleine page touchent au sublime et les teintes pastel qui accompagnent le tout sont du plus bel effet. Bien que cette histoire soit hors-continuité (et donc parfaitement accessible pour le profane), l'on retrouve quelques-unes des grandes figures de l'univers arachnéen : Octopus, le Rhino, l'Homme-Sable, Kraven, Mysterio ou encore Venom. L'on pourrait se dire que cela fait beaucoup, mais chaque apparition a son utilité et est bien intégrée au récit.
Mais penchons-nous justement sur l'histoire...
L'influence de Frank Miller et de son Dark Knight est visiblement passée par là. Le côté vieillissant du héros, l'outrance caricaturale des forces de l'ordre, la litanie des médias, tout y est. Et c'est plutôt bien orchestré. L'atmosphère est inquiétante, tendue, les personnages sont marqués par la souffrance et les rides, les combats se déroulent dans une ville aussi esthétique que sinistre, éclairée par des néons et noyée sous des trombes d'eau. Certains affrontement sont vraiment spectaculaires, appuyés par de très bonnes idées de mise en scène.
Certains moments plus intimes, où Peter imagine la présence de Mary Jane, sont à la fois pathétiques et, là encore, magistralement réalisées. C'est proprement déchirant, impossible, si l'on éprouve ne serait-ce qu'un vague attachement pour le personnage, de ne pas ressentir quelque chose. Bref, c'est parfait.
Ou plutôt, ça serait vraiment parfait si Miller justement, puis des Moore, Millar et autres adeptes de la dystopie, n'avaient déjà surtraité le sujet. C'est bien écrit, écrit avec talent même, mais cela repose encore une fois (au moins au départ, la suite étant plus originale) sur le vieil épouvantail dictatorial.
Il manque certainement un brin d'audace, d'originalité et de véritable parti pris personnel pour faire basculer cette mini-série dans le club restreint des contes inoubliables. Le final notamment, s'il est visuellement léché, s'avère n'être qu'un long et classique combat qui manque de lyrisme, surtout au regard de tout ce qui a précédé. Reste cependant une belle histoire d'un vieillard qui se bat plus contre son passé et ses démons intérieurs que contre le pouvoir en place ou d'improbables super-vilains.
Une vision futuriste, froide et mélancolique du Tisseur, qui mérite le détour.
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