The Invention of Lying



Imaginez un monde où le mensonge n'a jamais été "inventé". C'est le pitch de départ de The Invention of Lying.

Réalisé, écrit et interprété par l'humoriste anglais Ricky Gervais (et Matthew Robinson), ce film, sorti discrètement en France en 2010, s'avère être une comédie pour le moins originale et très bien écrite.
L'intrigue se déroule dans un monde identique au nôtre, si ce n'est que le mensonge y est impossible, car il n'a pas été inventé. Cela a évidemment de lourdes conséquences dans les relations sociales ou professionnelles, mais aussi sur le divertissement : la fiction est impossible, les scénaristes écrivent en fait des récits historiques uniquement. Récits qui ne peuvent pas être interprétés par des acteurs (ce serait un mensonge d'incarner un personnage) et qui sont donc simplement lus à la télévision.

L'univers proposé est donc atypique, mais surtout très drôle. Plus personne n'a de filtre, la vérité sortant constamment de la bouche des personnages, et ce dans n'importe quelle situation.
Dans ce contexte, Mark Bellison, auteur à qui l'on a confié une période historique sinistre, marquée par la peste noire, a bien du mal à connaître le succès. La dernière jeune femme avec qui il avait rendez-vous lui a ouvertement dit qu'il ne lui plaisait pas. Et il a été obligé en plus de lui avouer qu'il gagnait peu d'argent et était sur le point de se faire virer.
Pire, Mark, qui ne peut plus payer son loyer, va finir à la rue... c'est alors qu'il se rend à la banque, pour retirer les 300 dollars qui restent sur son compte, qu'une idée lui vient. Il demande 800 dollars qu'il ne possède pas, mais qui lui permettraient de payer son loyer. L'employée au guichet consulte le solde de Bellison, constate qu'il n'y a que 300 dollars et conclut, comme le mensonge est inconcevable, qu'il s'agit d'une erreur. Mark repart ainsi avec 800 dollars et des idées plein la tête.


La thématique est ici très bien explorée, de diverses manières. Et dans un monde où mentir n'est même pas imaginable (Mark a même du mal à expliquer à ses amis ce qu'il a fait à la banque, et quand il essaie de mentir ouvertement en leur présence, ils ne peuvent comprendre ce concept), les possibilités sont très nombreuses.
Outre les gags, l'on aura même droit à un moment très émouvant, lorsque Mark va rassurer sa mère à l'article de la mort. Puis, cela virera même à la critique sociale et à l'absurde, avec un début de religion inventé par un Bellison ayant bien du mal à expliquer à la foule ce qui lui permettra ou non de connaître une vie meilleure dans l'au-delà.

Au final extrêmement moraliste, conventionnelle, voire naïve, cette comédie attendrissante et jubilatoire (surtout dans la première moitié du film) repose sur une idée simple mais exploitée d'une manière très astucieuse, qui la fait surfer du côté du conte philosophique.
Le casting est également franchement réussi, outre Jennifer Gardner et Robe Lowe, Gervais s'est entouré d'autres humoristes, comme Tina Fey ou Louis C.K., il a également fait appel à quelques noms connus pour incarner de savoureux seconds rôles : Edward Norton, Jonah Hill, Jason Bateman...

Disponible sur Netflix, ou en DVD (sous le titre Mytho-Man, heurk !) pour moins de 10 euros port compris.
À découvrir.




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Ricky Gervais, excellent dans ce rôle de loser attendrissant.
  • Une idée de base donnant lieu à des scènes fort drôles.
  • Le casting.

  • Tout cela reste tout de même très propret et excessivement moralisateur.