Avengement



On s'attaque aujourd'hui à bon gros film de baston, bourrin dans le bon sens du terme mais pas si primaire qu'il en a l'air : Avengement.

Bon, il est nécessaire d'entrée de jeu de faire la différence entre le bon et le mauvais film de castagne. Dans le mauvais film de castagne, le personnage principal voit un adversaire, paf, il cogne. Alors que dans le bon film de castagne, le personnage principal voit un adversaire, bon... il cogne, mais il y a le bon et le mauvais film de castagne, c'est indéniable. Maintenant que vous êtes armés pour faire la différence, rentrons dans le vif du sujet.
Déjà, qu'est-ce que ça raconte ? Eh bien, l'on suit ici le destin assez peu enviable de Cain Burgess, un boxeur plutôt sympathique, qui va être chargé d'un boulot par son escroc et caïd de frangin. Le boulot, pourtant simple, tourne mal, et voilà Cain envoyé en taule, dans la pire prison de Grande-Bretagne. Avec en plus un contrat sur sa tête. Ouais, il y a des jours, comme ça, où tu sens que c'est pas la peine de jouer au loto.
Cain passe un sale moment en taule, jusqu'au jour où il parvient à s'évader grâce... au décès de sa mère. On reste dans les joyeusetés. Le gars est évidemment un peu remonté, et il va s'occuper de son frère, de ses hommes de main et de tous ceux qui se mettront en travers de sa route.

Ce long métrage est réalisé (et écrit) par Jesse V. Johnson, avec un excellent et charismatique Scott Adkins dans le rôle principal. Si vous ne connaissez pas ce bon vieux Scott, disons que c'est un peu un Ryan Reynolds qui aurait fait karaté en LV1 et MMA en option facultative au Bac. En Gros, il a les pieds baladeurs, et ils finissent souvent dans la gueule d'autrui. 



Ceci dit, si les films de ce genre étaient légion dans les années 80, c'est un peu plus risqué aujourd'hui de baser 70 % d'un scénario sur le lattage de tronche. Ne serait-ce que parce qu'on a fait un peu le tour de la question. Eh bien pourtant, Avengement ne s'en sort pas si mal, grâce à une histoire mafieuse qui lorgne (un peu et toute proportion gardée) sur les meilleurs films de Guy Ritchie (Lock, Stock and Two Smoking Barrels ainsi que Snatch) et qui s'offre le luxe de présenter des combats pas totalement invraisemblables.
Alors, attention, bien entendu, c'est du cinéma, donc il faut du spectaculaire et de l'esthétisme, mais globalement, la violence des coups est bien rendue et le héros, loin d'être invincible, s'en prend plein la gueule et fini bardé de cicatrices. Pour être honnête, il est même défiguré à la fin, avec des dents que même Joey Starr hésiterait à porter. 

Pour que ce genre d'histoire, basée sur la vengeance, fonctionne, il faut aussi bien entendu un méchant digne de ce nom. Une raclure de chiotte prête à tout, un salopard ricanant fini à la pisse, une sous-merde glaçante de sauvagerie, bref, un bon gros "fils de pute" comme on dit dans le jargon cinématographique. Et Craig Fairbrass, dans le rôle de Lincoln, incarne parfaitement cette brute machiavélique et sans principes. 
Mais, si on en restait là, ce serait un peu léger, pas vrai ?
En fait, Avengement, contre toute attente, possède non seulement un côté dramatique appuyé (qui aurait certes pu être encore mieux exploité mais donne déjà une vraie justification au récit), mais également une narration subtile, délivrant peu à peu ses éléments clés grâce à des flashbacks fort bien employés. 
Probablement en tout cas, avec The Debt Collector [1] (réalisé par le même metteur en scène et avec le même acteur dans le rôle principal), un diptyque intéressant, qui modernise le film d'action bien bourrin tout en l’imprégnant de ce qui lui faisait cruellement défaut la plupart du temps : une dramatisation réussie permettant de contraster d'une manière étrangement émouvante avec les scènes les plus violentes (voire gore... le coup des dents, brrr...) ou très second degré.

Un bon défouloir, réalisé, écrit et interprété par des gens qui ont compris que distribuer des tartes, même fortes, ne suffisait plus de nos jours. 

- Je te promets, tu devrais arrêter de sourire, c'est... c'est pas propre.
- Mais... je souris pas.
- Ben, ferme ta gueule alors.


[1] Vivement conseillé, sans doute même plus abouti et "grand public" que Avengement, avec notamment un "glissement de genre" assez peu courant. En effet, le film commence comme une histoire de karaté, très 80's, puis cela devient un buddy movie plutôt drôle, avant de virer au film de mafieux, puis à la tragédie. Étonnamment bien foutu pour un long métrage qui ne se prend pas au sérieux. 



+ Les points positifs
- Les points négatifs
  • Les combats "relativement" vraisemblables pour des affrontements fictifs censés être "jolis".
  • Le casting.
  • Le fond (le travail sur le cadre et l'écriture, en gros), offrant un background sensé et puissant à ce qui ne serait, sans ça, qu'une suite de combats sans intérêt.
  • L'utilisation habile des flashbacks et plus globalement la maîtrise narrative.

  • C'est vraiment très violent, ce qui n'est pas un défaut en soi, vu que le récit justifie pleinement cette violence, mais bon... ça ne conviendra pas à tout le monde.
  • Certains seconds rôles auraient clairement mérité d'être plus développés.