Bill Hodges est un flic à la retraite, divorcé, qui passe son temps libre devant la télé. Il joue de temps en temps avec son flingue, se demandant à quel moment il mettra un terme définitif aux programmes dont il s'abreuve. Il repense également à certaines affaires non élucidées qu'il a dû abandonner, notamment celle d'un tueur fou ayant foncé dans une foule avec une lourde Mercedes-Benz.
À sa grande surprise, Bill reçoit un jour un courrier du meurtrier. Il semble le surveiller, se vante du carnage qu'il a causé et... pousse insidieusement le policier au suicide. Heureusement, cette provocation va avoir un tout autre effet sur l'ancien flic qui va tenter de mettre la main sur ce cinglé, en dépit du danger et en toute illégalité.
Ce roman de King ne contient aucun élément fantastique. Ce n'est pas la première fois, mais cela reste suffisamment rare chez l'auteur pour être signalé. Nous sommes donc devant un polar, classique, parfois même un peu trop.
Le flic suicidaire, le taré qui fantasme sur sa môman, la jeune femme éplorée qui tombe sous le charme du vieux briscard, l'ensemble laisse tout de même une nette impression de déjà-vu. Au niveau de la thématique, King aborde internet, la télé-réalité, les séries policières, l'emballement médiatique, des sujets intéressants mais sur lesquels il ne semble avoir finalement qu'une opinion commune et naïve. Le rapport aux ordinateurs et au net semble notamment dater d'une quinzaine d'années (ce qui peut sans doute se comprendre si l'on prend en compte l'âge du personnage principal) et n'apporte pas de réflexion bien neuve sur le sujet.
Ajoutons à cela que le roman est particulièrement court, et l'on se retrouve donc devant un King atypique et quelque peu fade et caricatural. Reste cependant les qualités inhérentes au plus célèbre résident du Maine: le style est fluide, prenant, les personnages sont bien construits (surtout Brady Hartsfield, l'inquiétant Mr Mercedes) et le suspense est constant. L'on regrettera toutefois de ne pas pleinement retrouver l'intensité dramatique à laquelle il nous a habitués.
La VF, écrite à quatre mains, est tout à fait correcte. On est loin de l'énorme ratage de Dôme (cf. l'encadré de cet article) et des égarements de 22/11/63. Enfin, il est utile de préciser que la narration est au présent. Il s'agit cependant d'un choix de l'auteur (que l'on retrouve donc également en VO) et non d'une imbécilité éditoriale comme l'on a pu en voir dans certains ouvrages pour la jeunesse. L'utilisation constante de ce temps, guère approprié au récit, pourra cependant dérouter certains lecteurs.
Notons que ce roman s'inscrit dans une trilogie et est suivi par Carnets Noirs puis Fin de Ronde. L'ensemble a été adapté en série TV (3 saisons - 30 épisodes) dans laquelle Stephen King lui-même a fait une rapide apparition.
Un roman loin d'être mauvais mais certainement pas un grand King.
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