Le premier crime a eu lieu à l'aube des temps, au Paradis. Vengeance, volonté divine et poésie sanglante sont au menu de ce comic intitulé Les Mystères du Meurtre.
Un jeune anglais se trouve dans la fournaise de Los Angeles. L'immense ville et la répétition, presque à l'infini, des mêmes boutiques, des mêmes maisons, le laissent songeur et perdu. Tard dans la nuit, il rencontre un vieux type qui, en échange d'une cigarette, va lui raconter une histoire.
Elle commence par un crime. Le premier a avoir eu lieu dans Sa maison. À cette époque, un ange attend dans une cellule vide de la Cité d'Argent. C'est Raguel. Le bras armé du Seigneur. L'instrument de Sa vengeance. L'univers n'existe pas encore. La mort n'est qu'un vague concept. Tout comme l'amour. Et pourtant, déjà, les sentiments vont faire leurs premières victimes. Pour Raguel, c'est une enquête au cœur de la fabuleuse cité qui commence. Il va aller jusqu'à interroger Lucifer, le capitaine des armées célestes, celui qui, parfois, se permet de marcher dans les Ténèbres qui entourent la cité.
La vengeance sera accomplie mais sera-t-elle juste ? Et si même les anges étaient au cœur d'un dessein qui les dépasse ?
Voilà un ouvrage qui date un peu et a été publié à l'époque par Semic. L'histoire est tirée à l'origine d'une nouvelle de Neil Gaiman, adaptée ici en bande dessinée par P. Craig Russell. Rappelons que Gaiman, chez Marvel, est l'auteur de titres tels que 1602 ou une version moderne des Éternels mais il est surtout connu pour Sandman, une œuvre fleuve devenue culte pour beaucoup. Ce n'est pas non plus la première fois que l'un des textes de l'écrivain est adapté en comics puisque l'on se souvient que Mike Carey avait assuré la scénarisation de Neverwhere. L'on retrouve d'ailleurs, que ce soit dans Sandman ou Neverwhere, des thèmes présents dans le récit dont il est maintenant question.
Ambiance fantasy, références à certains mythes ou encore entités divines ne devraient pas surprendre les fans de Gaiman. L'histoire est assez courte (ah ben c'est une nouvelle !) mais bien ficelée. Surtout, la conclusion est habile et permet de découvrir d'autres meurtres bien plus atroces, perpétrés, eux, sur notre plan d'existence. La boucle permet même au lecteur de revenir sur les premières planches et de porter un tout autre regard sur les blancs qu'elles contenaient.
L'adaptation est plutôt de bonne facture, l'on peut notamment saluer les dessins de Russell, et ce bien qu'ils soient loin d'être parfaits. De nombreuses facilités (silhouettes un peu simplistes dès que les persos sont éloignés dans le plan, décors minimalistes, couleurs parfois un peu flashy) viennent parsemer les planches mais, malgré tout, ça fonctionne. Rien n'est jamais laid, au contraire, il se dégage un charme certain de la cité céleste lumineuse du dessinateur ou de son Los Angeles, beaucoup plus sombre. À la limite les fonds un peu vides et composés souvent d'un sobre dégradé de couleurs permettent de renforcer encore l'aspect onirique et hors du temps des événements.
Publié à l'origine par Dark Horse, l'ouvrage bénéficie, dans la collection Semic Album, d'un grand format, d'une hardcover et d'un papier glacé. Il fut à l'époque bradé en France dans certaines boutiques pour... 3,50 euros. Du Gaiman à ce prix là, ça ne se refuse pas.
Une belle histoire, moins simpliste qu'il n'y paraît, et abordant sans avoir l'air d'y toucher des sujets de réflexion sérieux et passionnants.
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