Road House - le remake



Comment, à partir d'un malentendu, faire un bon film détesté par Télérama ? (ce qui est toujours un bon signe)

Le malentendu, c'est de prétendre que le Road House original, sorti à la fin des années 80, serait un film "culte". Culte en quoi ? Il a eu un certain succès en salle à sa sortie, c'était un film d'action plutôt sympa, mais vite oublié. Avant la sortie du remake et la campagne de pub l'accompagnant, je n'avais jamais entendu qui que ce soit qualifier le premier opus de "culte". C'est juste un de ces films, très courants à l'époque, où un héros "cool et invincible" met une raclée aux méchants de service, le tout servi avec une bande-son musclée et une jolie nunuche tombant amoureuse du héros. Rien de culte donc là-dedans, juste un honnête divertissement destiné à vider temporairement la tête des rares spectateurs qui ont quelque chose dedans. 

Plus de 30 ans plus tard, voilà donc le remake, que personne ne réclamait, qui sort en grande pompe sur Amazon Prime (si tant est qu'une sortie sur Prime puisse être qualifiée ainsi). Et la surprise est... bonne. Alors que la plupart des critiques sont mitigées voire franchement injustes ("Swaize doit se retourner dans sa tombe" ; "c'est moins drôle que l'original" ; "les personnages perdent en profondeur"...), le long-métrage s'avère non seulement digeste mais amusant.

Revenons un instant sur les critiques prises en exemple. Le Road House original serait "drôle" ? Mais à quel moment ? Le film de 1989, au contraire, se prend très au sérieux. Si on le regarde aujourd'hui avec du recul, en en riant un peu, c'est parce que les codes ne sont plus les mêmes et que bien des choses (le personnage principal en premier lieu) sont exagérées et totalement invraisemblables dans ce film. Mais à la base, c'était juste un film d'action musclé et très premier degré. Avec même un soupçon de philosophie martiale en prime.
Quant à la profondeur des personnages... on avait un héros surhumain, parfait, et quelques personnages secondaires insipides lui servant de faire-valoir. On a déjà vu plus profond, même pour l'époque. 




Ce nouveau Road House n'a donc pas à rougir de la comparaison mais, en plus, il s'avère sur bien des plans plus efficace que le premier. Bon, sauf peut-être sur l'histoire d'amour, réduite au strict minimum avec une actrice transparente qui fait office d'erreur de casting. Mais tout le reste tient la route. Et en premier lieu, Jake Gyllenhaal, affûté physiquement et impeccable dans son rôle de castagneur flegmatique. 
Ensuite, les combats (essentiels tout de même) sont bien fichus. Non pas qu'ils soient réalistes (ce n'est pas le but ici) vu la quantité de coups que les protagonistes se prennent alors qu'un seul suffirait à mettre KO n'importe quel guerrier bien burné, mais tout en étant spectaculaires, ils évitent le côté "je te mets toute une série de gnons, puis c'est à toi", à la Rocky. La distribution de salade de phalanges et de cocktail de panards est ici plus équilibrée lors des gros affrontements contre Knox. 
Enfin, le grand "méchant" de l'histoire justement, incarné par Conor McGregor (un combattant MMA, bien réel et légendaire) est parfait. Non seulement parce que physiquement, il est impressionnant, mais surtout (et on en arrive au point fort du film) parce qu'il est... drôle. 

En effet, Doug Liman (réalisateur de La Mémoire dans la Peau ou, entre autres, Edge of Tomorrow) parvient à donner suffisamment de second degré à la plupart des scènes pour qu'elles soient à la fois efficaces visuellement et drôles. Entre les répliques, plutôt bien écrites, ou la première apparition totalement folle de Knox, le spectateur garde un sourire complice aux lèvres. Le "complice" est important : on ne rit pas du film parce qu'il est mauvais, on rit du second degré et du décalage évident employé par le réalisateur.

Alors au final... on obtient un film honnête, divertissant, qui ne se prend pas au sérieux mais ne prend pas non plus les gens pour des cons, en soignant dialogues, chorégraphies martiales et montage. 
Non seulement le nouveau Dalton ne fait pas honte au premier, mais il s'avère au moins aussi attachant et charismatique. Et sur le long terme, il ne serait pas étonnant qu'il remporte la bataille contre le temps et s'impose dans les esprits comme la référence en termes de... de films de mecs qui se pètent la gueule dans des bars miteux.  

Pas un chef-d'œuvre, mais certainement pas un navet non plus.




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Gyllenhaal, impressionnant et charismatique.
  • La présence de Conor fucking McGregor !!
  • L'humour, très bien dosé.
  • Ce qu'il faut de spectaculaire.


  • L'héroïne, bien fade en comparaison de la sublime Kelly Lynch.