Aux Frontières du Spider-Verse

Le détail du Spider-Man Universe #14, sorti en kiosque hier.

Nous vous avions parlé en début de mois du coup d'envoi de l'évènement Spider-Verse, qui impactera les revues consacrées au Tisseur pendant quatre mois. La saga s'enrichit déjà avec cinq épisodes tirés de Edge of Spider-Verse.
Et on va tout de suite commencer par une mise au point concernant le "saga complète" présent en couverture.

Techniquement, si on veut, il s'agit effectivement de courts récits, avec un début et une supposée fin, mais évidemment, dans les faits, ils n'ont aucun intérêt si on ne suit pas la trame principale.
Il s'agit d'approfondir le background de certains Spider-Men ou Spider-Women qui jouent un rôle dans Spider-Verse. Donc non seulement on peut s'en passer si l'on suit la série principale, mais surtout, c'est absolument incompréhensible et inutile si on ne la lit pas.
La pratique de margoulin qui consiste à faire croire à l'acheteur occasionnel qu'il bénéficiera ici d'une histoire indépendante est tout de même assez merdique. Mais bon, c'est Panini en même temps...


On commence par le Spider-Man des années 30, issue de la mini-série Spider-Man Noir, qui déjà ne brillait pas vraiment par ses qualités d'écriture (personnages lisses, ambiance rétro fade et peu approfondie...). Même chose ici, malgré quelques bonnes idées (Mysterio en Houdini malfaisant).
L'un des ressorts principaux de l'histoire, à savoir la manière dont Spidey échappe au piège tendu par Mysterio, est d'une légèreté et d'une stupidité confondantes : quand on attache quelqu'un pour l'immobiliser, on s'arrange pour que les liens ne soient pas tous au-dessus des coudes, sinon, évidemment, ça ne sert pas à grand-chose. Et dire qu'ils étaient deux pour pondre ça...
Les dessins sont, eux, plutôt réussis, même si niveau décors, c'est le minimum syndical.

On passe ensuite à Spider-Gwen (dont le pseudo officiel est Spider Woman... ben oui, elle n'est quand même pas suffisamment cruche pour mettre son prénom dans le nom qui est censé dissimuler son identité).
Dans cet univers, c'est la jolie Gwen Stacy qui s'est fait mordre par une araignée, alors que Parker est devenu le Lézard. Une réelle maîtrise dans la narration cette fois, avec notamment des origines vite expédiées mais parfaitement mises en scène. Quelques clins d'œil sympa aussi, comme le groupe dont fait partie Gwen (The Mary Janes) et leur titre phare, Face it Tiger [1].
Le personnage a bénéficié d'un certain engouement outre-Atlantique, au point que Gwen ait hérité de son propre titre.


Le troisième épisode (le plus faible avec le Spider-Man Noir) met en scène un Spider-Man incarné par Aaron Aikman, un docteur en biologie moléculaire qui s'est trafiqué lui-même l'ADN (oui ben, on n'a pas tous la chance de se faire mordre par des saloperies de bestioles, parfois, il faut un peu pousser le destin).
Une love-story contrariée, un dénouement téléphoné que l'on voit venir à des kilomètres, aucun humour, bref, on s'ennuie carrément.

C'est le quatrième récit qui décroche sans problème la première place au niveau de l'originalité et de la qualité.
Pas de Parker dans cette réalité mais un jeune Patton Parnel, qui se livre à diverses expériences sur les animaux.
Clay McLeod Chapman signe ici un scénario inattendu et très habile, qui vire rapidement au récit horrifique. Le romancier, auteur également de nouvelles, se montre très à l'aise dans l'exercice et parvient à "pervertir" le mythe bien connu (la passion naissante qui tourne au voyeurisme, l'oncle bienveillant qui l'est ici beaucoup moins...). Un pur bonheur et une conclusion coup de poing.

Enfin, l'on termine par SP//dr, une version robotisée de Spider-Man [2], pilotée par une jeune fille du nom de Peni Parker.
L'idée de départ fait vaguement penser à une variation sur Evangelion. Malheureusement, le récit tombe vite dans une sorte de routine et de déjà-vu qui plombent l'ensemble, d'autant que les dessins sont particulièrement faiblards. L'on peut noter toutefois la présence d'un Daredevil alternatif et l'arrivée, vers la fin, du toujours drôle et apprécié Spider-Cochon.


Des ties-in dispensables, centrés sur l'origine de certains personnages secondaires de Spider-Verse.
A conseiller aux complétistes essentiellement pour Spider-Gwen et, surtout, l'inquiétant Patton Parnel.



[1] Une référence à la fameuse réplique, "face it Tiger, you just hit the jackpot" (Amazing Spider-Man #42, 1966), employée par Mary Jane lorsqu'elle parvient enfin à rencontrer le jeune Peter qui, comme un benêt, s'ingéniait à l'éviter.
[2] Cette version fait d'ailleurs partie des deux nouvelles tenues qui viennent de rejoindre notre dossier sur les Costumes de Spider-Man.


+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Le récit de Chapman.
  • Spider-Gwen.

  • Des dessins parfois minables.
  • La plupart des histoires manquent d'inventivité, un comble lorsque l'on sait que le principe de l'univers alternatif permet justement une grande liberté.
  • Totalement inutile si l'on ne suit pas déjà Spider-Verse.