Alors qu'il n'est qu'un enfant, Jamie rencontre pour la première fois le pasteur Charles Jacobs qui vient d'arriver dans la petite ville de Harlow. Une relation amicale se noue entre l'enfant et l'homme, passionné par l'électricité et les gadgets qu'il met au service de ses prêches.
Un jour, un drame survient. Le pasteur perd la foi et assène un terrible sermon à son auditoire habituel, ce qui lui coûte sa place.
Les années passent. Le jeune Jamie est devenu guitariste. Il court le cachet et, surtout, court après sa dose d'héroïne. C'est alors qu'il n'est plus qu'une épave qu'il rencontre de nouveau Jacobs. Celui-ci est devenu un habile bonimenteur dans une foire. Mais il n'a pas abandonné sa passion première : la fée électricité et ses prouesses.
Jacobs va sauver la vie de Jamie. Et de bien d'autres personnes. Mais très vite, des effets secondaires touchent certains bénéficiaires des bienfaits de l'ancien pasteur. Celui-ci joue avec des forces qui le dépassent. Pire encore, il a besoin de Jamie pour réaliser son ultime projet. Un projet fou et insensé...
Ce nouveau King ne brille pas forcément par son originalité. En fait, par bien des plans, il peut être rapproché d'anciens romans de l'auteur : les Tommyknockers pour l'énergie aussi magique que dangereuse, Docteur Sleep pour le personnage victime d'une addiction sévère, Joyland pour la foire et même un peu de Simetierre vers la fin, voire même du 22/11/63 pour le côté nostalgique, le tout dans une intrigue rendant hommage au panthéon lovecraftien. Un peu dommage d'ailleurs que cet aspect ne survienne vraiment que dans la toute dernière partie de l'ouvrage.
L'on a presque envie de dire que ça ronronne un peu et que ce n'est certes pas le meilleur King. Et pourtant, comme il n'y a pas de mauvais King non plus, ça fonctionne.
La fluidité de la narration est d'une virtuosité implacable, les personnages sont, comme d'habitude, parfaitement écrits et l'émotion est présente tout au long du récit. Ce nouveau voyage en compagnie du maître ne surprend certes pas, mais il reste agréable et doux, comme une bonne couette au plus froid de l'hiver.
L'adaptation française est de bonne qualité, Albin Michel ayant vraiment fait des efforts qualitatifs depuis le désastreux Dôme.
Et puis surtout, contrairement à ce que proclament certains journalistes qui ne lisent pas King, il n'est pas tant maître de l'horreur que de ces petites choses du quotidien, ces descriptions presque banales dont il sait retirer l'essentiel. Ce diable d'homme est un magicien. Un magicien dont l'art mystique est rôdé depuis bien des années.
Shakespeare a écrit, dans Hamlet ; "J'ai en moi ce qui ne peut se feindre. Tout le reste n'est que le harnais et le vêtement de la douleur." Dans un audacieux parallèle, il serait juste de dire que la plume de King touche à ce qui ne peut être falsifié. Elle évite habilement les atours de l'invraisemblable et les haillons du ridicule pour revêtir les personnages d'une exceptionnelle aura de vérité.
C'est le cœur serré que l'on assiste à une succession de scènes poignantes, du souvenir d'un premier baiser aux retrouvailles familiales.
Ce qui fonctionne vraiment dans King ne tient finalement que très peu au fantastique ou aux moments horrifiques. Ce qui fonctionne - si bien que cela remue en nous des choses profondément enfouies - ce sont ces personnages qui nous ressemblent tant et sont confrontés aux véritables monstres que nous combattons tous : la douleur, la violence, la folie et cette salope de Temps qui s'écoule et nous échappe en ravageant nos vies.
Revival ne sera certainement pas classé parmi les classiques, comme It, il n'explore pas avec autant d'intensité que d'autres œuvres la thématique de l'enfance, chère à l'écrivain (cf. cet article), mais c'est un honnête récit. L'on en ressort ému, conquis et toujours confiant dans les sorts efficaces de ce vieux sorcier du Maine.
Conseillé, évidemment.
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