Test de la Classic Mini SNES de Nintendo


Bien avant que le retrogaming devienne une mode, la Super Nintendo avait déjà la réputation d’une console incontournable. Valeureuse 16 bits au catalogue impressionnant, elle a laissé d’impérissables souvenirs dans l’esprit des joueurs du début des années 90, alors que la guerre vidéoludique faisait rage entre Sega et Nintendo.
De jolis classiques...
Avec cet émulateur officiel (possédant des qualités et de vrais gros défauts), Nintendo s’adresse aux gamers vétérans mais aussi aux plus jeunes, curieux de découvrir des titres historiques, pour certains encore capables d’offrir de belles heures de jeu.
Tout de suite, nous plongeons au cœur de la Nintendo Classic Mini : Super NES.

Si l’émulateur précédent, consacré à la NES, a connu un certain succès, il faut reconnaître que son intérêt était plus historique que ludique, les jeux 8 bits se révélant certes amusants à redécouvrir mais pour beaucoup trop peu évolués pour susciter un engouement réel de nos jours.
Ce n’est pas le cas de la Super Nintendo qui conserve dans sa ludothèque des jeux 2D au charme certain et à la jouabilité exemplaire. Mais commençons par le contenu de la boîte. Enfin, non, commençons par la manière de se procurer la susdite boîte… car bien que la mini SNES soit sortie il y a peu de temps, elle s’est retrouvée presque instantanément en rupture de stock, à la grande joie des spéculateurs qui tentent de vous refourguer le bestiau à des prix tout bonnement ridicules. Bref, si vous souhaitez acquérir l’engin en neuf, il vous faudra patienter jusqu’à… l’été 2018. Argh.

Revenons-en au contenu. L’on découvre une très jolie mini-console, ressemblant à l’originale, et deux manettes. Plutôt sympa d’avoir pensé à cette deuxième manette, d’autant que, vous allez voir, c’est bien la seule chose sur laquelle Nintendo s’est montré généreux.
Niveau connectique, on trouve un câble HDMI, un cable d'alimentation USB et… pas d’adaptateur secteur. En gros, démerdez-vous. Bien entendu, tout le monde possède ou presque un chargeur USB de nos jours, m’enfin, sur le principe, le fait de vendre un truc incomplet, qui ne peut pas s’utiliser sans du matériel additionnel, c’est tout de même mesquin.

Une interface simple et pratique.

Une fois cette légère déception encaissée (de bien plus grosses nous attendent), l’on passe au branchement et à l’interface. Menu simple et pratique, diverses options visuelles (4:3, format d’origine ou filtre cathodique [1]), quatre emplacements de sauvegarde par jeu, quelques cadres pour remplir les bords vides de chaque côté de l’écran, bref, du fonctionnel, clair et efficace.

Une 3D pas franchement sexy.
La déception majeure vient du nombre de jeux, à peine 21 (alors que la NES en proposait 30 [2] et que l’émulateur Megadrive en contient 85 par exemple, même si ce ne sont pas tous des jeux 16 bits). Evidemment la sélection comporte d’énormes poids lourds, de Donkey Kong Country à The Legend of Zelda : A Link to the Past, en passant par Yoshi’s Island ou Mega Man X, mais difficile de se contenter d’aussi peu alors que l’intérêt de cet émulateur est de fournir une immersion dans le passé avec des jeux anciens et déjà largement rentabilisés. Surtout que la console n’offre aucune possibilité d’évolution : pas de port cartouche ou USB pour rajouter des jeux.

Et ce n’est pas tout. Certains choix s’avèrent pour le moins surprenants. Plutôt que Street Fighter II turbo, pourquoi ne pas avoir opté pour Super Street Fighter II, qui proposait plus de protagonistes ? D’autres jeux, comme Star Fox (et d’ailleurs sa suite inédite Star Fox 2), sont tout simplement hideux. La 3D de l’époque étant bien trop dépassée et limitée pour offrir une expérience ludique agréable, il aurait mieux valu privilégier les (nombreux et élégants) jeux 2D que contient le catalogue de la SNES.
Autre souci, tous les jeux sont des versions anglaises. Cela ne pose bien entendu aucun problème pour un Mario Kart ou un Super Mario World, mais vu le nombre de RPG (très bavards) présents, cela va sérieusement limiter les possibilités des plus jeunes et des adultes qui ne maîtrisent pas la langue de Shakespeare. Bon, ça s’explique : apparemment, il fallait choisir entre des versions US à 60hz et des Fr à 50hz. Privilégier la rapidité n’est pas un choix stupide, mais il aurait alors fallu penser à limiter les jeux basés sur les dialogues et les pavés de texte.

Contra III : The Aliens Wars ou encore Super Ghouls 'n Ghosts font partie de la sélection.

Outre ces gros défauts, il y en a aussi de plus anecdotiques. Les câbles des manettes, un peu court avec leur 1,5m. Le système d’accès au menu principal, demandant de passer par le bouton reset de la console (ce qui est ultra casse-couille n’est pas pratique, surtout au début lorsque l’on veut tester un peu tous les jeux). Il est quand même loin le temps où Nintendo bâtissait sa réputation sur sa rigueur et les qualités de ses finitions.
Beaux souvenirs et graphismes mignons.
Dans les points positifs, l’on peut citer une fonction replay permettant de revenir jusqu’à 45 secondes en arrière, ce qui apporte un certain confort si l’on est un peu rouillé. Il y a aussi les manettes, toujours aussi ergonomiques, mais difficile de compter comme point positif le simple fait que Nintendo soit capable d’imiter les manettes que la société produisait il y a 25 ans (c’est quand même pas devenu une entreprise française non plus, ils ne sont pas à la ramasse à ce point-là).
Certains critiquent également la qualité du plastique, franchement, c’est du pinaillage. Outre le fait que l’on s’en tape royalement, la mini SNES possède suffisamment de défauts pour qu’on n’aille pas lui en inventer.

Eh bien, au final, que penser de cet émulateur ?
Il y a deux manières d’aborder les choses. Soit l’on en reste à la version officielle, donc aux 21 jeux d’origine, et on se dit que c’est quand même pas des masses. Soit on passe par le bidouillage. Et honnêtement, en proposant une console « fermée », sans possibilité de rajouts, avec une line-up si restreinte, c’est comme si Nintendo avait foutu un autocollant « crackez-moi ! » sur le capot.
Ça n’a d’ailleurs pas traîné, le net regorgeant déjà de tutoriels pour expliquer comment procéder. Donc là, deux solutions. Soit on se retrousse les manches, on télécharge le logiciel adéquat (Hakchi2), et on fait tout soi-même (ce qui est quand même un comble pour un produit censé être plug & play), soit on trouve une console d’occase déjà blindée de jeux. Si vous optez pour cette solution, attention, ne vous faites pas avoir, il est possible de trouver des consoles à 100 euros, port compris, avec 200 jeux [3]. Vingt euros de plus par rapport au prix du neuf (introuvable) pour 180 jeux supplémentaires, ça semble tout de même très raisonnable. Par contre certains vendeurs se lâchant bien plus, il faudra parfois patienter un peu plutôt que de participer à un emballement des prix.

Pour un produit Nintendo, cette mini SNES trimballe tout de même un bon gros lot de défauts : pas d'adaptateur secteur, système d’accès au menu mal pensé [4], fils des manettes trop courts, versions anglaises uniquement et, surtout, seulement 21 jeux et aucune possibilité « officielle » pour augmenter la liste.
Cela rend l’expérience nostalgique assez frustrante (et finalement onéreuse), sauf si l’on opte pour le système D, transformant alors le petit émulateur radin en ludothèque de rêve.
À vous de voir…  

Des hits, mais trop peu de jeux au final pour un produit de ce type.



[1] Ce filtre est clairement la meilleure option et permet d'améliorer un peu le rendu graphique.
[2] À ce rythme-là, Nintendo va sortir la mini N64 (prévue pour fin 2018) avec seulement dix jeux… et pour la mini GameCube, ils nous revendront les jeux à part, comme si elle venait de sortir.
[3] Cela dépend des préférences et souvenirs de chacun, mais dans le lot des jeux que l’on se fait une joie de récupérer de cette manière, l’on peut citer Super Mario All-Stars, dont l'absence est incompréhensible et ne peut être imputé à un problème de droits, The Adventures of Batman and Robin, Donald in Maui MallardAxelay, Zombies ate my Neighbors, Pilotwings, Super R-Type ou encore International Superstar Soccer Deluxe qui présente, dans la catégorie sport, un défi tactique bien plus intéressant que le Super Punch Out!! choisi par Nintendo. 
[4] Par contre, sur une version crackée, il suffit de faire "select + bas" pour accéder au menu principal à partir de la manette... une astuce bien pratique mais que le géant nippon a négligée grâce à sa nouvelle politique du "on s'en branle tant que les connards achètent". 



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Une mini SNES !!
  • Des jeux de qualité, pour certains encore tout à fait jouables de nos jours.
  • Présence d'une deuxième manette.
  • La fonction replay.
  • Le nombre d'emplacements de sauvegarde.
  • L'interface (avec jaquettes).

  • Le faible nombre de jeux présents.
  • Aucun moyen prévu à l'origine pour étoffer le catalogue.
  • Adaptateur secteur non fourni.
  • Câbles des manettes trop courts.
  • RPG en versions anglaises.
  • Système de retour au menu principal peu pratique.
  • Manque de pertinence dans le choix de certains jeux.