Une mini-série française originale et (malheureusement) en résonance avec l'actu : L'Effondrement.
Cette série de 8 courts épisodes (environ 15 à 20 minutes chacun) a été diffusée à la base sur Canal+ et est écrite et réalisée par le collectif Les Parasites. Ces derniers ont à leur actif un paquet de courts métrages primés, et il faut dire que la bande est plutôt douée et détonne positivement dans le paysage de la création audio-visuelle française.
Voyons tout d'abord de quoi il est question.
L'Effondrement évoque une situation de rupture de la normalité (plutôt un effondrement économique dans ce cas précis) qui a vite des conséquences désastreuses. L'on suit, au travers de chaque épisode, un personnage ou un groupe différents (bien que certains reviennent faire une apparition) dans une situation particulière, le tout à un instant bien précis de l'effondrement (J+2, J+5, J+25...).
L'on va ainsi assister aux premiers mouvements de panique, avec des gens qui viennent faire des provisions dans une grande surface mais trouvent des rayons vides (je précise que la diffusion date de 2019, ils ne se sont donc pas inspirés des événements récents), puis l'on va voir une situation dégénérer rapidement dans une station-service où les propriétaires échangent de l'essence contre de la nourriture, etc.
Jusqu'à l'épisode 8 qui fait office de préquelle se déroulant à J-5.
Alors, on a pu voir pas mal de critiques assez dithyrambiques sur cette série, certains n'hésitant pas à parler de chef-d'œuvre, mais qu'en est-il réellement ?
Tout d'abord, en ce qui concerne les (grandes) qualités de L'Effondrement, l'on peut souligner le côté immersif et angoissant. Des épisodes comme Le supermarché, La station-service ou encore Le hameau sont très efficaces. Le découpage, plutôt innovant, et la réalisation nerveuse permettent de rendre compte de l'urgence de la situation, du stress des personnages, tout en dessinant, en arrière-plan, une trame intéressante (notamment dans les épisodes L'aérodrome et L'île). On ne s'ennuie pas, même lorsque l'écriture bascule dans quelque chose de plus émouvant et presque contemplatif (La maison de retraite).
Ceci dit, tout n'est pas parfait pour autant.
La profusion de personnages et les bonds dans le temps peuvent quelque peu déconcerter. Cela n'aide pas en tout cas à s'attacher aux protagonistes ou à comprendre immédiatement les enjeux. Mais, si l'on considère ces 8 épisodes comme une grosse introduction, elle donne plutôt envie de découvrir la suite.
Autre bémol : le jeu des acteurs dans certains rares cas. Si la plupart du temps, ça sonne juste, avec des attitudes et tons même plutôt réalistes, l'on tombe aussi parfois dans la caricature et le surjeu (L'aérodrome mais aussi et surtout L'émission, avec une ministre ridicule... encore que, les responsables actuels ne sont peut-être pas si éloignés que ça de cet amateurisme grand-guignolesque).
L'on peut également s'arrêter un instant sur le "message", pertinent, délivré de manière un peu inaudible à la fin de l'épisode 8 : un système basé sur la croissance infinie, dans un monde aux ressources limitées, n'a aucun sens et est même dangereux. Pour le coup, c'est une évidence, mais une évidence qui n'a pas encore été intégrée par les partis politiques. La croissance, à gauche comme à droite, est encore présentée de nos jours comme la solution miracle à tous les problèmes. Et, pire encore, comme une évidence indiscutable.
Il ne faut pas oublier que la "croissance", c'est plus de tout (plus d'enfants, d'écoles, de routes, de besoin en énergie, en matières premières, plus de constructions, de prisons, de supermarchés, de pollution, de délinquance, etc.). Alors, ça règle des problèmes sur le très court terme, comme celui des retraites (c'est un système pyramidal en fait, c'est même illégal pour les particuliers, puisque l'on sait que c'est une arnaque qui va nécessairement crasher à un moment), mais ça entraîne bien plus de problèmes encore sur le long terme (comme... le problème des futurs retraités).
Il est par exemple ahurissant qu'un pays comme la France (qui n'a plus besoin de "bras" dans les secteurs primaire et secondaire) ait encore une politique encourageant la natalité alors que le système actuel n'a résolu ni les problèmes d'emploi, ni ceux concernant le logement, la santé ou la sécurité, sans parler du défi majeur concernant le climat.
L'effondrement (réel celui-ci) est une question de temps. Le système fonce, à grande vitesse, vers un mur infranchissable. Et au lieu de freiner pour réduire les conséquences de l'impact, les dirigeants de tout bord décident, mandat après mandat, que la solution évidente consiste à... écraser l'accélérateur.
Ben... du coup, n'oubliez pas votre ceinture et vérifiez votre airbag (cf. cet article).
Une série addictive, à l'ambiance et à la forme originales.
Vivement conseillée.
+ | Les points positifs | - | Les points négatifs |
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