Nouvelle variation sur le thème du héros pas si "super" que ça avec Cla$$war.
American vient de péter les plombs. Après des années passées au service de son pays, il s'en est pris au président lui-même, allant même jusqu'à lui "tatouer" un brûlant "LIAR" (menteur) sur le front. Les magouilles et les secrets d'état ont eu raison du premier super-soldat de l'Amérique.
Les médias s'intéressent évidemment de très près à l'affaire et, dans l'ombre, les hommes de pouvoir ont déjà trouvé la parade : l'invasion d'une petite île sous un fallacieux prétexte. C'est là-bas que vont se retrouver American et les membres du groupe Enola Gay, dont il faisait lui-même partie. Ses anciens compagnons d'armes ont pour mission de l'éliminer.
Plus de 100 000 vies vont être pulvérisées dans l'affrontement.
À grands pouvoirs, responsabilité zéro.
Voilà une thématique certainement usée jusqu'à la corde mais qui fonctionne toujours : les méchants américains dirigeant le monde à coups de grandes entreprises et de président débile (en ce moment, remarquez... le Donald, ce n'est clairement pas une lumière).
C'est Rob Williams qui est en charge du scénario, les dessins sont, quant à eux, l'œuvre de Travel Foreman et Trevor Hairsine.
En fait de pouvoirs, c'est surtout ici du pouvoir politico-économique dont il est question, les surhommes n'étant présents que dans un vague souci de symbolisme. Les références à des faits réels sont nombreuses (assassinat de JFK, émeutes de Los Angeles, invasion de la Grenade) mais souvent utilisées de manière trop simplistes pour vraiment enrichir le propos de l'auteur. L'extraction des scientifiques nazis après la fin de la seconde guerre mondiale est par exemple implicitement présentée comme condamnable dans l'absolu sans que jamais il ne soit rappelé le contexte de l'époque (il était tout bonnement impossible de laisser les plus grands cerveaux européens tomber aux mains des soviétiques). Autre exemple frisant le ridicule, Lincoln est cité en référence morale alors qu'il est responsable de la guerre ayant tué le plus grand nombre d'Américains dans l'Histoire... et qu'il n'a jamais eu l'intention à la base d'interdire l'esclavagisme dans les États où il était pratiqué. Il y a parfois un gouffre entre l'imagerie populaire et la réalité historique, dommage que certains auteurs se réfèrent si souvent à la première et si peu à la seconde.
Du coup, qu'est-ce que ça vaut, tout ça ?
Eh bien, au-delà du côté très manichéen, certaines scènes sont tout de même spectaculaires voire dérangeantes. Le boulot de Trevor Hairsine et Travel Foreman (qui s'en sortent mieux au niveau des décors ou moyens de transport que des visages) ne peut guère être critiqué tant il offre une vision réaliste et assez répugnante de la violence sous toutes ses formes. Mâchoire qui se décroche sous un crochet du droit, type qui..."chie" ses boyaux, têtes arrachées ou éclatées comme des pommes trop mures : on ne fait pas dans la dentelle et c'est tant mieux. Après tout, l'horreur se doit de susciter des grimaces de dégoûts et non une fascination esthétisante.
Ce comic aligne également quelques points forts plutôt intéressants : une belle brochette de salopards, un président des États-Unis tourné parfois en ridicule mais avec un réel humour, une très belle scène de lecture de pensée (par Confusion, l'un des personnages) après un shoot et, d'une manière générale, de l'adrénaline non-stop.
Cependant, la qualité globale n'empêche pas le côté plutôt convenu et limité du fond.
Sur la quatrième de couverture, il est fait référence à Watchmen. N'exagérons rien, on en est loin ! D'ailleurs, dans le genre, en plus subversif et plus habile, l'on pourrait citer The Boys, une oeuvre qui, elle, ne se nourrit pas que de clichés de comptoirs.
Publié en 2005 chez Delcourt, ces six épisodes vont être réédités, en VO, par Image dans un TPB en juillet prochain (au prix de 15,92 €).
+ | Les points positifs | - | Les points négatifs |
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