Aujourd'hui, nous allons aborder une fiction que vous connaissez certainement mais... sans vraiment la connaître.
Et clairement, vous n'êtes pas prêts pour ce choc culturel. Parce qu'on va s'intéresser à la véritable première Buffy. Et ce n'est pas triste...
Miaw !
Bichette contre les Vampires
Vous connaissez évidemment Buffy contre les vampires, cette série pour enfants sages où une nunuche blondasse tabasse des dentus dénués de charisme. Paraît même que des gens en sont fans. Eh bien, en réalité, tout a commencé par un film, sorti en 1992. Soit cinq ans avant que Sarah Michelle Gellar vous occasionne vos premiers fantasmes d'ados pré-pubères télévores.
Et franchement, c'est un miracle que quelqu'un ait décidé de produire une série après avoir vu ce nanar grotesque.
Mais commençons par le début. Sur un scénario du très surestimé Joss Whedon (mais dans ce cas précis, on suppose que ce qu'il a écrit a été très largement remanié quand même, donc difficile de lui mettre sur le dos toutes les maladresses du binz), Fran Rubel Kuzui (je ne vous insulte pas en albanais, c'est le nom de la réalisatrice) va mettre en scène ce qui restera l'une de ses seules (et ô combien mythiques) contributions directes au septième art (avec Tokyo Pop, un obscur film sentimentalo-musical américano-japonais, qui fait autant envie qu'un steak de pangolin en train de servir d'aéroport à mouches sur un marché de Wuhan).
Bon. On a posé le cadre. Niveau intrigue, c'est plutôt assez proche de la série : une pom-pom girl (ou cheerleader comme on dit maintenant) de Los Angeles apprend qu'elle est la Terreur (une sorte de Tueuse, quoi), une élue dont le destin est de dérouiller du vampire par grappes de huit. Elle doit bientôt affronter Lothos, un vampire lui-même tueur de Tueuses... oups, Terreurs de vampires. Ah, c'est bien foutu hein ?
Quelques combats insipides et scènes ridicules plus tard, elle l'emporte. Ouf, on a eu peur.
Pour une fois, on vous conseille de regarder ce film en français, parce que les choix de traduction valent le coup. Buffy est appelée Bichette, et ses potes Benny et Pike sont renommés respectivement Benoît et... Marcel. Des choix très inspirés. Tout le reste est à l'avenant : les dialogues sont d'une médiocrité cradingue, le scénario est indigent, les effets spéciaux sont affreux (même pour l'époque), la réalisation ferait passer Squeezie pour un génie de la mise en scène et, globalement, tout est désastreux. Pourtant, quelques noms connus figurent au casting (il faut bien mettre de la choucroute dans la gamelle), notamment Donald Sutherland et Rutger Hauer pour ceux qui avaient déjà une carrière et ont abouti là par dépit, ou encore David "je me tape Monica" Arquette et Luke "rebelle canada dry" Perry, pour ceux qui seront plus tard connus pour de plus ou moins bonnes raisons. Signe tout de même que tout ne partait pas sous les meilleurs auspices : la présence de Paul Reubens (pas Rubens le peintre hein, Reubens, le Pee Wee... argh), qui aurait dû filer la chiasse à n'importe quel producteur digne de ce nom.
Pour être honnête, la réalisatrice (qui n'a plus jamais rien fait après, il y a une justice ! D'ailleurs, son mari l'a quittée, ses enfants l'ont reniée, son suricate de compagnie s'est défenestré, et elle a été interdite dans tous les Walmart) fait exprès de partir dans un trip parodique et très second degré. Pourquoi pas. Seulement, la parodie, ce n'est pas "la foire du slip", genre je fais n'importe quoi, on s'en fout, c'est pour rire. Ça demande un travail aussi minutieux que pour un film dramatique, sinon, ça ne fonctionne tout simplement pas, ce qui arrive dans ce long-métrage où l'on a l'impression que Jean-Luc Azoulay est aux manettes.
Finalement, le seul intérêt de ce film, c'est qu'en comparaison, tous les autres boulots de Whedon auront l'air potables par la suite, la série développant Bichette et son univers y compris.
Oh, allez, si vous êtes vraiment fan de Buffy (la vraie), ne m'en voulez pas trop. C'est ma nature de grifouiller ce qui me passe sous les coussinets. Et puis, comme le dit mon andouille d'humain, "on n'a jamais tort d'aimer ce que l'on aime". Parce que les sentiments, au contraire d'un angle de caméra, de l'écriture d'une scène, de la réalisation d'un effet, d'une colorimétrie ou d'un rythme narratif, ce n'est pas issu d'un savoir-faire technique, ça ne se commande pas.
Peu importe ce que l'on peut dire sur les œuvres que vous appréciez, personne ne pourra vous enlever vos souvenirs et vos émotions. Et au final, c'est la seule chose qui compte.
— On n'aurait jamais dû jouer dans ce film. Je le sens pas, putain, Bichette ! — T'inquiète, ça va le faire. Je sens qu'on va avoir une grosse, grosse carrière. |