Le nouveau film d'Olivier Marchal, Bronx, est disponible sur Netflix. Ou comment aboutir à un plat dégueulasse avec pourtant de bons ingrédients.
Vous avez aimé la saison 1 de Braquo ? Ben, Bronx, c'est ça mais en raté et en plus condensé.
Voilà.
Hmm ? Ah, on me dit que c'est trop court comme article. Bon, ben OK, voilà la version longue alors.
Tout commence pourtant bien avec carrément l'immense Gérard Lanvin présent dans une longue scène au début de ce film. Rhaa, bordel, que ce mec est classe... on lui filerait une notice Ikea à lire que je serais tout de même en train de boire ses paroles. Ça doit être une question d'ADN, je ne sais pas.
Par contre, niveau vraisemblance, ça part très vite en couille (c'est d'ailleurs l'un des problèmes récurrents de ce long métrage). Le voyou demande à faire un crochet lors de son transfert, "ben oui, pourquoi pas ?", il demande à l'hosto à ce qu'on le laisse seul pour qu'il puisse achever sa femme mourante, "mais pas de souci, je m'éclipse", il aurait demandé qu'on lui amène un tiramisu et deux putes qu'il aurait probablement au moins obtenu le gâteau. Et surtout, après des "cadeaux" pareils, on se dit que ça aura une importance dans l'histoire, que le mec va "renvoyer l'ascenseur" au flic à un moment. Même pas, c'est totalement gratuit, ça ne sert à rien.
Côté invraisemblance, on en a pour son argent. Entre les flics qui ont un comportement de mafieux et un train de vie de millionnaires ; Alain Figlarz, excellent comédien et une vraie "gueule" de cinéma, mais qui ressemble plus à un gitan obèse qu'à un voyou corse ; Kaaris, aussi crédible en flic que Joey Starr en abbé Pierre ; les locaux des flics qui visiblement sont situés dans une usine désaffectée laissée à l'abandon depuis trente ans... c'est vraiment un festival.
C'est rapidement problématique car tout est caricatural et sonne faux. Les problèmes d'écriture sont légion également. Ne serait-ce qu'au niveau des dialogues. Kaaris, à un moment, doit balancer une punchline qui se résume en fait à : "Et la prochaine fois, te goure pas de vestiaire. Ici, t'es chez les hommes." Déjà, il sort ça à poil, avec une serviette autour du cul, ce qui est du plus bel effet, mais on reste pantois devant cette "vanne" de cours d'école tout droit sortie des années 80. Même ton tonton un peu lourd n'en fait plus des comme ça depuis 20 ans.
Jusqu'à maintenant, OK, ce sont des petits détails, mais même sur le fond, rien ne tient debout. Le personnage de Willy par exemple. C'est presque un cas d'école tant c'est mal foutu. Le type va aller jusqu'à commettre un acte vraiment atroce, mais... on s'en fout complètement. Pour plusieurs raisons. Déjà, les personnages en général ne sont pas du tout creusés, ils n'ont ni psychologie ni profondeur. Ce sont des flics cabossés par la vie, OK, mais leur spleen n'est jamais justifié, leurs actions borderline encore moins.
On ne peut pas non plus s'inquiéter pour eux, prendre parti ou s'identifier car rien n'est fait dans ce sens. On ne voit pas leur souffrance, leur déchéance, leur côté humain, ils ne sont que des badass sans âme, des anti-héros autoproclamés, ce qui empêche toute implication émotionnelle pour le spectateur.
Revenons au casting. Si certains choix sont excellents, comme Pierre-Marie Mosconi, là encore une vraie "gueule", d'autres sont plus... étonnants. Notamment Jean Reno, qui est comme d'habitude en souffrance (presque physique) dès qu'il doit enquiller deux phrases d'affilée. Perso, j'ai toujours peur qu'il s'arrête en plein milieu pour prendre un verre d'eau ou se mettre un coup d'inhalateur Vicks dans les naseaux.
Niveau scènes, là encore on est parfois dans la maladresse pure (la scène de combat sur la plage, très peu lisible) ou le cliché énorme (pratiquement tout, mais citons la confrontation Vronski/Costa, à base de "fils de pute" et de concours de bite).
Même la fin est totalement ratée. Marchal (qui signe aussi le scénario, comme quoi, scénariste, c'est un métier hein, il ne suffit pas d'aligner des idées) veut sans doute donner à sa conclusion un aspect tragique, mais malheureusement, ça tombe à plat.
Déjà, on ne comprend rien aux motivations d'un personnage secondaire entraperçu quelques secondes, mais qui visiblement tire les ficelles et agit d'une manière pour le moins... extrême et, encore une fois, totalement improbable. Ensuite, ce qui se déroule devant nos yeux concerne des personnages antipathiques ou, au mieux, transparents. Cela n'a donc aucun impact dramatique, car rien n'a été construit en amont pour permettre l'implication du spectateur. Et alors que l'on devrait avoir des frissons, on se dit juste : "Ah, pourquoi est-ce qu'ils font ça ? Tiens, il crève lui, finalement ? Il reste des chips ? Au fait, t'as pensé à enregistrer Koh Lanta ?"
Bronx est au final une sorte de polar générique, qui emploie des recettes et des stéréotypes qui ne sont pas maîtrisés. Ça se veut sombre et violent, mais ce n'est que ridicule et poussif. Sans un véritable squelette narratif pour les soutenir, les protagonistes ne sont que des pantins dont les gesticulations absurdes se déroulent dans l'indifférence la plus complète.
Dispensable.
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