Ce récit est avant tout un roman de Stephen King, sorti en 1991 chez Viking aux États-Unis, sous le titre original Needful Things. La version française, intitulée Bazaar, sortira l'année suivante. L'adaptation cinématographique qui nous intéresse ici date de 1993 et ressort chez Rimini Éditions dans une version restaurée haute définition accompagnée d'une version longue inédite.
Mais dans un premier temps, voyons un peu de quoi il est question.
L'action se déroule dans la petite ville de Castle Rock (un lieu important du kingverse), dans le Maine. Ses habitants y coulent une vie plutôt paisible, malgré les petits défauts et secrets de chacun. Le shérif Alan Pangborn veille sur cette petite communauté, tout en prévoyant de s'engager plus sérieusement avec sa petite amie, Polly Chalmers.
C'est dans un cadre quasiment idyllique que débarque Leland Gaunt, un brocanteur qui va ouvrir une boutique juste en face du restaurant de Polly. C'est à partir de ce moment que la situation va peu à peu se dégrader. Les braves citoyens de Castle Rock, piqués par la curiosité, se rendent tout naturellement dans ce nouveau magasin. La plupart vont d'ailleurs y trouver l'objet de leur rêve, que ce soit une carte de collection très rare, un buste d'Elvis ou un jouet ancien permettant de prédire le résultat des courses de chevaux. Et, cerise empoisonnée sur le gâteau pas frais, Leland Gaunt n'exige pratiquement rien en échange de ces trésors. Si ce n'est quelques pièces et... un service.
L'habile brocanteur va ainsi se servir de la cupidité de ses clients pour progressivement monter les habitants les uns contre les autres. Peu à peu, la rancœur s'accumule, la tension monte, et les premiers dérapages ont lieu.
En ce qui concerne l'histoire, pas de souci, la base et les thématiques du roman sont plutôt bien respectées (on est loin de l'escroquerie pure et simple de La Tour Sombre, qui a réussi à détrôner Shining de sa place peu convoitée de pire adaptation d'un roman de King). Bien entendu, certaines scènes sont modifiées en profondeur ou passent carrément à la trappe, mais sans jamais nuire à l'esprit du récit original. Le casting est lui aussi de haute volée, avec un charismatique Ed Harris incarnant Pangborn et un Max von Sydow qui campe un inquiétant Leland Gaunt. Notons également la présence de Bonnie Bedelia (madame McClane) dans le rôle de Polly.
Est-ce pour autant une adaptation de la trempe de La Ligne Verte ou des Évadés, qui parvenaient à parfaitement retranscrire la puissance émotionnelle des écrits de King ? Quand même pas, il manque un je ne sais quoi, au moins en partie dans l'écriture et la direction d'acteurs, pour que ces personnages souvent caricaturaux (Nettie, Keeton et Wilma en tête) parviennent à réellement convaincre le spectateur de s'inquiéter pour eux. Encore une fois, cela montre à quel point il est difficile de saisir et surtout retranscrire à l'image la magie du style du plus célèbre écrivain du Maine (et sans doute du monde).
Ceci dit, le charme de Castle Rock fait tout de même son effet et l'on prend plaisir à regarder les pièges, patiemment tendus par Gaunt, se refermer sur la faune locale.
Passons au côté technique. Cette édition (en blu-ray ou DVD) est très complète puisqu'elle propose les versions française et originale, en 2.0 ou 5.1, ainsi qu'un commentaire audio du réalisateur. On a droit aussi à la bande-annonce en bonus. Mais c'est la version longue qui fait tout l'intérêt de cette sortie. Alors que le film original faisait un peu moins de 2 heures, la version TV (conçue au départ comme une mini-série de deux épisodes de 1h30 chacun) propose une bonne heure en plus, ce qui permet d'ajouter un nombre non négligeable de scènes intéressantes, parvenant à développer un peu plus certains personnages ou à renforcer l'atmosphère inquiétante de l'intrigue. Citons par exemple la longue scène de course-poursuite introduisant Pangborn, son adjoint et un Gaunt encore dans l'ombre. Malheureusement ces ajouts n'ont pas pu bénéficier du même traitement que le film original, ils ne sont donc pas restaurés mais apportent sans nul doute une bien meilleure cohérence au récit.
Enfin, un livret illustré, d'une vingtaine de pages, revient sur la genèse du roman et celle du film dans ses deux versions. Plutôt complet et intéressant.
Une balade sympathique dans un Castle Rock mythique. On vous conseille le grand tour, c'est-à-dire la visite guidée de 3 heures avec suppléments frissons.
Disponible depuis le 22 novembre.
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