Pour ceux qui ont lâché le Tisseur depuis un moment, accrochez-vous, vous risquez d'avoir quelques surprises. Peter Parker est en effet maintenant à la tête de Parker Industries et se retrouve avec du pognon plein les poches (qu'il distribue généreusement à des œuvres caritatives). Voilà qui peut faire grincer des dents après le saccage de One More Day, saga censée revenir aux "fondamentaux" du personnage en virant Mary Jane. Quesada à l'époque confondait piteusement les dits fondamentaux et leurs effets. Il est dans la nature du personnage d'avoir des soucis dans sa vie personnelle et des proches à protéger, mais il n'est nullement indispensable que ce rôle soit tenu par une tantine. Une épouse pouvait tout à fait faire l'affaire et rendre le personnage plus mature (ce qui semblait logique et complémentaire avec la série Ultimate Spider-Man et son héros adolescent). Bref, l'on sait que les choix de la Maison des Idées ont fait fi à l'époque de la plus élémentaire logique. Et l'on tombe aujourd'hui dans l'absurde puisque cela ne semble pas poser de problèmes de faire de Parker un Stark bis. Alors même que ses problèmes d'argent, les petits boulots, les pannes de toile, le côté un peu "loser" faisaient justement partie de l'âme du personnage.
Autre point déjà soulevé dans le bilan de Spider-Verse, et qui dénature également le personnage : les menaces que le Monte-en-l'air doit gérer. Ces dernières sont de plus en plus énormes (terrorisme international, saloperies cosmiques...) alors que, même si Spidey pouvait de temps en temps tomber sur de "gros" trucs, il a toujours fait office de héros de "proximité", gérant les petites frappes et les super-vilains locaux. Le simple fait qu'il ne soit pas censé être un héros très puissant dans le marvelverse en faisait un sympathique "second couteau" (dans la fiction, puisque éditorialement c'est la star de Marvel).
Mine de rien, ces deux points ont transformé le personnage d'une manière violente, sans pour autant le faire évoluer (un comble !), puisqu'il est toujours célibataire, en train de fricoter à moitié avec MJ, égocentré au possible malgré une générosité de façade, etc. Surplace au niveau narratif et destruction des bases du personnage. Joli strike.
Voyons maintenant les derniers épisodes de plus près. Aux manettes, toujours Dan Slott, très bon pendant la période Superior et mauvais ou quelconque avant et après. Celui-là, on ne pourra pas dire qu'il n'a pas eu le temps de prendre ses marques. D'ailleurs, ça se ressent, notamment dans l'humour apporté à certaines scènes (le coup de fil à Potts) et dialogues (avec même quelques références à la période dorée de Straczynski). Malheureusement, l'on n'échappe pas non plus aux intrigues fadasses et à de l'action bas de gamme, sans intensité émotionnelle. La conclusion de l'arc concernant le Zodiaque est notamment d'un ennui abyssal (avec le gros méchant bien débile qui attend gentiment qu'on le pousse, le dos tourné).
Heureusement, les scènes plus calmes et intimistes sont plus réussies, l'arrivée de Stark dans l'équation étant potentiellement propice à des échanges d'anthologie (bien que la situation ait déjà été vue).
Bref, Slott s'accroche aux branches et sauve les apparences avec quelques vannes mais l'orientation catastrophique donnée au perso et l'incapacité de l'auteur à créer de l'action qui ne soit pas barbante fait du titre historique du Tisseur une série passable, au mieux, qui n'a plus grand-chose "d'amazing".
Actuellement, la revue est complétée par Spider-Man 2099, de Peter David. Nouveau costume (intégré d'ailleurs à notre dossier sur les tenues de Spider-Man) et voyage dans le temps sont au menu pour O'Hara. Ce dernier est en effet dans le passé, c'est-à-dire notre présent. Il bosse d'ailleurs pour... Parker.
Le personnage n'est pas inintéressant, avec un côté plus borderline et moins nunuche que l'original (un peu comme Scarlet Spider d'ailleurs). Le nouvel arc, à base de magie, de ligne temporelle alternative et de monstres à tentacules, est encore trop peu développé pour être véritablement jugé. David parvient néanmoins à mettre bien plus d'intensité que Slott dans les affrontements, tout en gardant d'ailleurs une pointe d'humour.
D'un point de vue éditorial, la VF du numéro de décembre tient la route si l'on excepte l'énorme "je n'avez pas mérité ça". Enfin, bon, 80 pages de BD, c'est beaucoup de texte hein, les pauvres vendeurs d'autocollants ne peuvent pas tout voir (oui, c'est de l'ironie Sheldon).
De petits résumés des épisodes précédents sont présents (merci Urban pour l'influence positive).
"Christian Grasse" (probablement en réalité un stagiaire qui passait par là) nous gratifie de l'une de ses énormités dans le speech final, en évoquant justement le mariage du héros, il affirme qu'il est "vrai qu'une situation sentimentale incertaine est idéale, car dès que le protagoniste est installé dans sa relation, les choses deviennent un peu ennuyeuses".
Affirmation erronée présentée comme une évidence mais qui n'en demeure pas moins une ineptie. Si un mariage fictif devient ennuyeux, c'est parce qu'il est mal écrit. C'est la faute de l'auteur, pas de la situation. Il n'existe aucune idée bonne ou mauvaise par nature, c'est la manière de les mettre en scène, de les traiter, qui fera qu'elles seront ou non attractives. Un Spidey marié n'est pas condamné à être chiant, pas plus que Panini n'est condamné à demeurer une usine à conneries.
Voilà, donc si vous supportez les éditeurs qui ne connaissent rien à ce qu'ils font et que vous n'êtes pas trop regardant sur la qualité des récits, pourquoi pas. Sinon, vous pouvez toujours ressortir les vieux TPB en VO avec un petit pincement au cœur et un brin de nostalgie.
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