Un dessinateur obligé de bosser dans un sex-shop pour gagner sa vie, voilà qui n'est pas banal. Et ça l'est encore moins lorsque l'on sait qu'il s'agit d'une histoire vraie dont l'auteur a tiré une BD : Sex Shop Wonderland.
L'auteur, Boris Tchechovitch, est à la base illustrateur, spécialisé dans les publications pour enfants. Comme beaucoup d'artistes, il a du mal à joindre les deux bouts et, devant les factures qui s'accumulent, se voit obligé de trouver rapidement un job alimentaire. Il se retrouve alors à postuler pour une place de vendeur dans un "magasin de DVD pour adultes" (qu'il pense naïvement être des films d'horreur) et débarque ainsi dans le merveilleux monde du sexe et de son commerce.
Commence alors le défilé des pervers, des curieux, des gens bizarres ou juste seuls. Et la découverte également des gadgets, multiples, et de certaines spécialités pour le moins... étonnantes.
Ce premier tome de Sex Shop Wonderland (un second est prévu) est une véritable curiosité, au sujet original et au traitement habile. L'auteur parvient en effet à prendre énormément de recul sur un domaine qui pourrait paraître a priori assez scabreux, mais en plus, il retourne la situation et parvient à faire en sorte que la galère dans laquelle il est tombé puisse alimenter son art.
Graphiquement tout d'abord, le style très enfantin et les couleurs pastel ou acidulées permettent de garder une certaine distance avec les sujets les plus glauques. Ce contraste apporte déjà un décalage qui désamorce les pires situations (le nettoyage des cabines de peep-show par exemple). Mais c'est l'écriture, très second degré, qui rend l'ensemble suffisamment drôle et décalé pour ne jamais tomber dans le vulgaire.
Entre les anecdotes assez incroyables, la longue liste des pratiques exotiques (naines, poilues, massage, fat, uro, scato, enceinte, trans, bi, lesbo, éjac, squirt, zoo, teen, fist, exhib, géronto, spank, sodo, voyeur...) et la faune plus ou moins sympathique qui est décrite, l'auteur nous fait pénétrer (ouais non mais, j'ai cherché, il n'y a pas de terme qui n'ait pas de double sens...) un monde méconnu qu'il parvient à dédramatiser tout en conservant un regard aiguisé sur ses travers. Les sujets les plus divers sont abordés (souvent en une ou deux planches), que ce soit les propositions étranges faites par certains clients, le regard extérieur de ceux qui jugent - forcément mal - les employés de ce genre d'établissements, ou même la pédophilie, évoquée avec tact et une grisaille appropriée.
Et bien entendu, une fois passé le temps de la découverte, l'innocent employé de sex-shop se rend compte qu'il fait partie d'une entreprise, avec son chef d'équipe bien
La balade de 46 planches est plutôt
À réserver à un public adulte, curieux et pas obligatoirement branché cul.
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