On aborde un jeu très particulier aujourd'hui avec Emily is away (et sa suite, Emily is away too).
Ce petit jeu indépendant, disponible sur Steam (le premier est gratuit, le second vaut moins de 4 euros), sort clairement des sentiers battus. Il est clair qu'il ne plaira pas forcément à tout le monde, mais il a le mérite d'être assez amusant et immersif si l'on prend la peine de se plonger un peu dans l'ambiance.
En gros, vous devez draguer une nana par internet (pour certains, ça ne les changera pas des masses de leur quotidien) au travers d'une vieille interface de chat, du début des années 2000. Vous êtes un étudiant américain (le jeu se déroule sur plusieurs années dans la première partie, plusieurs saisons dans la seconde) qui va devoir conquérir Emily. Et vous allez constater rapidement que c'est loin d'être évident. Non seulement parce que d'autres mecs tournent autour (dont un connard de guitariste, toujours à se la péter ceux-là) mais aussi parce que la fameuse Emily va parfois se révéler particulièrement casse-couilles (ouais, le jeu est assez réaliste quant à la représentation de la gent féminine, gniark gniark).
Dans la pratique, vous allez donc guetter les apparitions d'Emily sur la toile et discuter avec elle grâce à une sorte de QCM. Pour chacune de vos interventions, vous pouvez choisir entre trois phrases possibles. Parfois, elles sont très différentes, à d'autres moments, la distinction entre les différentes possibilités est plus subtile.
Le jeu est uniquement disponible en anglais, mais il ne pose pas vraiment de problèmes de compréhension (vous vous doutez bien que vous n'abordez pas de sujets bien philosophiques ou que vous ne parlez pas de physique quantique). La deuxième partie peut parfois éventuellement poser quelques problèmes si l'on n'est pas familier de certaines expressions ou abréviations, m'enfin, si vous avez un niveau moyen d'anglais, c'est jouable. Si vraiment vous en êtes encore à vous demander ce que pouvait bien foutre Brian à passer sa vie dans cette kitchen, là, ça peut être plus délicat.
Alors, c'est vraiment minimaliste en termes de gameplay, mais il y a tout de même (surtout dans le 2) pas mal de petits plus qui laissent une bonne impression. Le jeu a été clairement soigné, même avec peu de moyens. Vous avez par exemple des profils "facenook", avec un peu d'interaction, des URL valides que certains interlocuteurs vous balancent parfois, de la musique (et de très bons groupes parfois, comme Snow Patrol, Sigur Ros ou Explosions in the Sky), et même des "pièces jointes" que vous pouvez récupérer sur votre bureau (dessin, fichier HTML...).
Certains passages vont également prendre en compte votre temps de réponse (dans ce cas-là, vous avez une barre de progression qui vous met un peu la pression, surtout quand il faut gérer deux dialogues en même temps).
Au final, qu'est-ce que ça donne tout ça ?
Eh bien, ce n'est pas forcément un jeu sur lequel on reviendra deux fois (car même si plusieurs fins sont apparemment possibles, l'essentiel semble très dirigiste et linéaire), mais il s'en dégage une atmosphère vraiment sympathique. L'on se surprend parfois à commenter tout haut les réactions d'Emily (ou d'Evelyn), à râler parce qu'aucune réponse ne nous semble convenir (le nombre de fois où j'ai juste eu envie de l'envoyer chier...) ou encore à jubiler parce qu'on a l'impression d'avoir sauvé la situation et marqué des points. De quoi s'amuser quelques heures avec un concept simple mais bien pensé. Car après tout, quoi de plus flippant qu'une nana que l'on veut conquérir avec juste quelques mots et un clavier ? Après ça, vous pourrez vous taper tous les jeux les plus horrifiques, plus rien ne vous fera peur, vous aurez, comme ces vétérans revenus des pires batailles, le regard au loin, perdu à l'horizon, et des balloches de fucking badass...
À tester.
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