Réédition, le mois prochain, d'un chef-d'œuvre de la bande dessinée : I Kill Giants.
Barbara est une petite fille intelligente, débrouillarde, imaginative et quelque peu cynique. À l'école, elle est cependant isolée et réputée... "tarée". En effet, Barbara n'a pas d'amis, il lui arrive de parler toute seule, et elle prétend combattre des géants.
Mais quelque chose ne tourne pas rond dans la vie de la fillette. Au point que celle-ci, pour se protéger, a dû en arriver à s'inventer des aventures fantastiques. Même la psychologue de l'école ne parvient pas à franchir la muraille dont Barbara s'est entourée. Un jour, pourtant, Barbara se lie d'amitié avec une nouvelle, Sophia. Mais toutes les deux vont devoir faire face à Taylor, une fille qui les harcèle, les menace, les vole. Une fille bien plus grande et lourde qu'elles. Un... géant en quelque sorte. Du genre de ceux que l'on combat parfois, dans la vraie vie.
Cette BD, sortie chez Image aux États-Unis, avait déjà été publiée en VF il y a quelques années chez Quadrants, filiale de Soleil. L'ouvrage sera réédité, en mai, par Hi Comics qui tient là son premier gros "hit". Du genre qui se classe facilement dans le top 10 des meilleurs comics de tous les temps.
Le scénario est signé Joe Kelly, les dessins, en niveaux de gris, sont de J.M. Ken Niimura. Les deux artistes réalisent une prestation exceptionnelle, sur un sujet lourd qu'ils parviennent à magnifier.
Voyons cela plus en détail.
Sans trop en révéler, disons que la thématique est clairement adulte et grave. Elle est cependant traitée avec finesse et tact par un Kelly qui, si on les voit un peu arriver, maîtrise parfaitement ses effets. Les personnages sont profonds, "justes" et attachants, Barbara en tête. Tous les seconds rôles sont d'ailleurs parfaitement campés, de la psy à la grande sœur, en passant par Sophia ou Taylor.
La narration, rythmée et efficace, est un exemple de savoir-faire. Quant à la métaphore, teintée de fantastique et de merveilleux, elle est d'une intelligence remarquable.
L'aspect graphique est également très réussi. Les visages sont expressifs, les scènes "coups de poing" frappent là où ça fait mal, et certaines planches sont carrément impressionnantes.
La conclusion est dure, d'une tristesse infinie, mais également belle et pleine d'optimisme. Le lecteur passe d'une émotion à l'autre, tour à tour amusé, intrigué ou ému aux larmes, et finit lessivé et fébrile. Heureux en tout cas d'avoir passé un moment magique que seul le papier peut procurer, pour peu qu'il soit enchanté par des plumes et des crayons suffisamment habiles.
I Kill Giants fait partie de ses œuvres magistrales qui, tout en étant divertissantes et d'un abord facile, parviennent à toucher à l'universalité et à vous remuer autant les tripes que les méninges.
Le tout est complété par des bonus comprenant une galerie d'illustrations et une partie "coulisses", dans laquelle les deux auteurs évoquent leur travail.
Magnifique. Bouleversant. Indispensable.
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