Ce que Kick-Ass promettait, Defendor vous le donne et le sublime. Il y en a même un peu plus, on vous le met quand même !
Arthur Poppington est un type un peu naïf, profondément honnête, qui a un job inintéressant. Quelqu'un de banal en somme, qui ne se fait pas remarquer. Mais le soir venu, Arthur change du tout au tout et devient Defendor.
Sa quête à lui consiste à enfin mettre la main sur le terrible Captain Industry, qu'il juge responsable du trafic de drogue et de la criminalité galopante. Pour cela, il a quelques gadgets très limités, un certain aplomb et sa folle détermination.
Seulement voilà, les rues sont peuplées de vrais criminels. Et bien involontairement, Arthur va devenir une menace pour certains caïds et autres ripoux. Accompagné d'une prostituée à qui il a porté secours et qui, dans un premier temps, tente de profiter de sa gentillesse, Defendor va prendre quelques raclées mais aussi gagner une vraie popularité auprès des habitants.
Jusqu'à ce que la justice s'en mêle. Jusqu'à ce qu'un mafieux décide de l'éliminer pour de bon.
Et dans la vraie vie, on le sait bien, les balles font infiniment plus mal que dans les comics.
Oh putain que c'est jouissif de voir un film aussi bon ! Et que c'est triste de le voir sous-exploité, tant en France qu'aux États-Unis. Très peu de salles à l'époque en Amérique du Nord et du Direct-to-Video en Europe, ça donne envie de se flinguer... surtout quand on voit le succès des adaptations actuelles, sorte de soupes tiédasses pour amateurs d'encapés décérébrés.
Enfin, bref. Alors, Defendor c'est quoi ? Ben, je serais un peu tenté de dire que c'est Kick-Ass (le film) mais avec des idées et de l'émotion. Le film est réalisé par Peter Stebbings qui signe également le scénario. Le gars est quasiment inconnu (mis à part des apparitions en tant qu'acteur dans diverses séries TV) mais sacrément doué. Le personnage d'Arthur, magnifiquement interprété par un Woody Harrelson au top, est écrit avec beaucoup de finesse et de sensibilité. L'homme, souffrant de traumatismes profonds, navigue entre névroses et une bonté maladroite qui se révèle réellement touchante. Son passé est peu à peu dévoilé, sans jamais tomber dans le larmoyant. Et même si l'aspect dramatique de l'histoire est essentiel, avec des passages particulièrement éprouvants, l'humour est bel et bien présent tout au long du film. C'est sans doute d'ailleurs la principale qualité de ce long métrage : n'être ni une comédie, ni un drame, ni un film d'action, mais posséder les qualités inhérentes à tous ces genres.
Voilà sans conteste le meilleur film de super-héros réalisé jusqu'à présent. Car il ne s'embarrasse pas de codes à la con destinés à plaire à tous - donc, souvent, à personne - et parvient en plus à évoquer un sujet réputé difficile et peu crédible avec une force et une délicatesse peu communes.
Sans pouvoirs, sans costumes à l'esthétique étudiée, Defendor traite de l'essentiel. L'abnégation, l'amour véritable, le sens du devoir, le courage... des valeurs au centre du super-héroïsme et abordées ici avec un côté brut et tranché qui sent bon l'enfance. Cette thématique est d'ailleurs constamment présente : Arthur est un enfant abandonné, Kat est une enfant à qui l'on a volé son innocence, même le meilleur ami d'Arthur veille sur lui à cause d'un enfant qu'il a sauvé. La réflexion sociale, voire politique, n'est pas en reste puisque la mission la plus "facile" de Defendor sera aussi celle qui lui vaudra le plus d'ennuis avec les représentants de la loi et qui l'empêchera, pour un temps, d'être lui-même. Ce qui permettra également quelques interrogations fondamentales que même la psychologue mandatée par la justice ne pourra résoudre.
Au final, à l'aide de bouts de scotch, d'abeilles et de billes (véridique !), Defendor aura plus fait contre les criminels que beaucoup de "véritables" justiciers. Surtout, il aura agi sans filet et dans notre dimension. Se faisant, il rend hommage non aux demi-dieux bardés de pouvoirs, mais bien aux individus qui, à leur échelle, tentent de s'élever contre l'injustice et l'ignominie.
Naïf ? Peut-être...
Beau ? Assurément !
Un vrai bon film, émouvant et drôle, se permettant le luxe de n'être ni trop démonstratif ni trop bien pensant. L'un des rares longs-métrages, avec l'adaptation de Watchmen, à traiter de la thématique des encapés sans se plier à des recettes fadasses et ennuyeuses.
Du divertissement intelligent. Une pépite rare.
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