1602 : Inquisition, Templiers & Héros Marvel


Lorsque l'on transpose les personnages Marvel au début du XVIIe siècle, cela donne 1602, une saga originale et ambitieuse.

Imaginez que les super-héros et les mutants n'apparaissent pas au vingtième siècle mais il y a plusieurs centaines d'années, pendant que l'Inquisition espagnole fait rage et que Elisabeth 1ère règne sur l'Angleterre. Voilà le point de départ de 1602, une série publiée en français en 100% Marvel, puis rééditée en partie en Marvel Deluxe.
Les deux premiers tomes justement regroupaient les huit épisodes écrits par Neil Gaiman et dessinés par Andy Kubert, qui réalise un très bon travail, avec notamment de superbes décors.

De sombres complots se trament en Europe. L'Inquisition espagnole s'allie à la cour d'Écosse pour pourchasser et exterminer les "prodiges", des êtres dotés de pouvoirs aussi fabuleux qu'effrayants. Des tempêtes d'origine surnaturelle éclatent un peu partout. Il se murmure que les Templiers auraient en leur possession une arme nouvelle aux effets dévastateurs. Arme qui semble intéresser énormément le dirigeant de la Latvérie.
C'est dans ce contexte que Stephen Strange, médecin et astrologue au service de la reine d'Angleterre, tente d'éviter que le pire ne survienne. Il sera aidé par Sir Nicholas Fury, un espion lui aussi au service de la Couronne, ou encore le jeune Peter Parquagh, son assistant, fasciné par les... araignées.

En réalité, c'est un évènement particulier qui a précipité l'apparition de ces prodiges, changeant du même coup le cours de l'Histoire. Virginia, première colon née en Amérique, et métamorphe aux pouvoirs étonnants, serait apparemment liée à ce bouleversement ayant précipité l'arrivée des mutants quelque 400 ans trop tôt...
La deuxième mini-série (5 épisodes) continue l'épopée mais cette fois dans le Nouveau Monde, autrement dit, les lointaines Amériques. C'est Greg Pak qui est passé au scénario et Greg Tocchini aux crayons, ce dernier se révélant malheureusement beaucoup moins habile que son prédécesseur.


L'on découvre dans cette suite Lord Iron (la version, très réussie, du Iron Man de l'époque) et même des... dinosaures, dont on aurait franchement pu se passer, ceux-ci nuisant à l'aspect pourtant assez réaliste de l'histoire.
Tout cela demeure très dépaysant et l'ambiance historique est plutôt bien rendue en général (si l'on fait abstraction des bestioles évoquées plus haut). De nombreux personnages bien connus interviennent dans cette saga : Magneto, Angel, Captain America (transformé en Amérindien), Hulk, Fatalis, Cyclope, les Fantastiques, Thor, Namor, un Octopus (à l'inspiration très lovecraftienne) qui n'a jamais été aussi impressionnant, et bien d'autres. Tous sont d'ailleurs fort bien employés dans le contexte.
Le style graphique utilisé est adapté à l'époque, avec un petit côté lugubre et ancien. L'on se balade des vastes étendues américaines aux canaux de Venise, en passant par les palais britanniques. Bref, ça change de Manhattan !

Les combats à l'épée ou au mousquet alternent avec les confrontations plus classiques, à base de pouvoirs et de monstres divers. Le mélange est parfois assez improbable (pirates, mammouths, indiens, mutants, conquistadors, dirigeables, magiciens, dragons, voyages dans le temps...) mais l'ensemble reste suffisamment cohérent et bien articulé pour ne pas sombrer dans le ridicule.

Outre les séries principales (1602 et 1602 : New World), deux autres arcs sont consacrés en particulier au Tisseur et aux "Fantastick Four".
Évidemment, l'on peut déplorer le fait qu'il s'agisse - encore - d'une réalité parallèle (la Terre 311) mais il est vrai qu'ici, il ne s'agit pas seulement d'exploiter un gros what if? ou de réinventer des origines mais surtout de se servir d'un contexte historique réel, et très riche, pour y plonger des surhumains perçus, du coup, d'une façon très différente.

À moins d'être totalement allergique aux histoires ne se déroulant pas à notre époque, ce 1602 devrait vous faire passer un fort bon moment de lecture.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Une période historique bien exploitée.
  • Des personnages habilement réinventés.
  • Les dessins de Kubert.
  • Octopus !

  • Les dinosaures, franchement superflus.
  • Certaines planches de Pak, trop brouillonnes.