Après Jyn Erso et Padmé Amidala, place au troisième "portrait" des héroïnes de Star Wars !
Pilleuse d’épaves très sensible à la Force, Rey (Daisy Ridley) est la charismatique jeune héroïne de la nouvelle trilogie Star Wars. Le passé et l’avenir du personnage restent obscurs mais c’est incontestablement l’une des réussites des nouveaux épisodes de la franchise.
Certaines mauvaises langues diront que Rey a été conçu comme un "produit féminin", en pleine refonte de la saga intergalactique, au moment où le "girl power" était à la mode et offrait un bel argument commercial. Après tout, il s’agissait de séduire un nouveau public, plus jeune, plus féminin… Mais au diable ces esprits cyniques ! Rey est avant tout un personnage soigné. Il apparaît certes dans un premier temps comme le pendant féminin de Luke Skywalker (dans Un nouvel espoir, l'épisode IV), mais il fascine le spectateur tout au long de son parcours, dans Le Réveil de la Force (épisode VII) puis dans Les Derniers Jedi (épisode VIII). Si ces deux volets ne sont pas exempts de – nombreux – défauts, force est de constater que l’évolution de Rey constitue l'un des points forts de cette postlogie. Elle sera évidemment au cœur de L'Ascension de Skywalker (épisode IX) en fin d'année.
Un destin similaire à celui de Luke
Abandonnée enfant sur la planète désertique Jakku – qui n’est pas sans rappelée Tatooine sur laquelle ont grandit Anakin et Luke Skywalker –, Rey parcourt les carcasses des vaisseaux tombés dans les plaines de sable pour y trouver des pièces mécaniques et les revendre. Elle rencontre le droïde BB-8 – qui évoque un certain R2-D2, lequel avait croisé le chemin de Luke – et Finn, un Stormtrooper déserteur. Tous trois s’enfuient de Jakku à bord du Faucon Millenium lorsque cette planète est attaquée par des troupes du Premier Ordre. Han Solo et Chewbacca font alors irruption dans le tableau. Nos sympathiques héros doivent trouver une base de la Résistance afin que BB-8 puisse remettre la carte qu’il garde précieusement. Celle-ci indique l’emplacement de Luke Skywalker, considéré comme le dernier espoir de la Rébellion pour vaincre le Premier Ordre.
C’est au repaire de Maz Kanata que Rey met la main sur le sabre laser d’Anakin (puis Luke) Skywalker. Prise de visions terrifiantes – elle fait aussi l'objet "d'hallucinations auditives" –, la jeune femme panique et s’enfuit. Peu après, alors qu'elle est capturée par Kylo Ren, Rey prend conscience de certains de ses pouvoirs. Elle arrive à résister à la manipulation mentale du fils de Han Solo et Leia Organa et en use elle-même sur des Stormtroopers pour s'échapper. Elle fait ensuite preuve d'une extraordinaire habilité et d'une puissance insoupçonnée en maniant brillamment un sabre laser dans un duel avec Kylo Ren, qu’elle met en déroute. Rey retrouve la trace de Luke et part le retrouver (fin de l'épisode VII).
C’est au repaire de Maz Kanata que Rey met la main sur le sabre laser d’Anakin (puis Luke) Skywalker. Prise de visions terrifiantes – elle fait aussi l'objet "d'hallucinations auditives" –, la jeune femme panique et s’enfuit. Peu après, alors qu'elle est capturée par Kylo Ren, Rey prend conscience de certains de ses pouvoirs. Elle arrive à résister à la manipulation mentale du fils de Han Solo et Leia Organa et en use elle-même sur des Stormtroopers pour s'échapper. Elle fait ensuite preuve d'une extraordinaire habilité et d'une puissance insoupçonnée en maniant brillamment un sabre laser dans un duel avec Kylo Ren, qu’elle met en déroute. Rey retrouve la trace de Luke et part le retrouver (fin de l'épisode VII).
Dans Les Derniers Jedi, elle est au centre de trois récits. Elle suit tout d’abord une brève initiation Jedi auprès de Luke Skywalker, réticent dans un premier temps, mais très intrigué par les capacités hors-normes de la jeune femme qui n'avait a priori aucun lien avec sa "confrérie". Celle-ci est attirée par le sanctuaire Jedi et les textes fondateurs des croyances Jedi mais aussi par le Côté Obscur…
En parallèle, Rey établit une sorte de connexion mentale avec Kylo Ren et une étrange amitié se forme entre eux. Elle est persuadé qu’elle pourra raisonner Kylo et le faire revenir du bon côté de la Force alors que Ren, lui, l'implore de le rejoindre dans son camp. Match nul ! Enfin, Rey vient en aide aux dernières troupes de la Résistance sur la planète Crait, en pilotant le Faucon Millenium (avec Chewbacca, extrêmement sous-employé dans cette postlogie) et en dégageant un éboulement de rochers aisément grâce à la Force. Tout le monde s’enfuit ensuite dans le vaisseau (fin de l'épisode VIII).
En parallèle, Rey établit une sorte de connexion mentale avec Kylo Ren et une étrange amitié se forme entre eux. Elle est persuadé qu’elle pourra raisonner Kylo et le faire revenir du bon côté de la Force alors que Ren, lui, l'implore de le rejoindre dans son camp. Match nul ! Enfin, Rey vient en aide aux dernières troupes de la Résistance sur la planète Crait, en pilotant le Faucon Millenium (avec Chewbacca, extrêmement sous-employé dans cette postlogie) et en dégageant un éboulement de rochers aisément grâce à la Force. Tout le monde s’enfuit ensuite dans le vaisseau (fin de l'épisode VIII).
Une filiation mystérieuse
Dans Le Réveil de la Force, il est évident que Rey est associée au titre du film. La Force se réveille en elle à travers, entre autres, sa dextérité au sabre, son pouvoir de persuasion et sa connexion singulière avec l’ancien sabre laser d’Anakin/Luke (on entend même Obi-Wan Kenobi lui dire que ce sont ses premiers pas, lorsqu’elle le touche – une phrase enregistrée par Ewan McGregor, qui campait le personnage dans la prélogie, mais aussi par Alec Guiness (décédé en 2000), dans la première trilogie, quand l'acteur jouait le célèbre Jedi).
Le mystère entretenu à propos des parents de Rey et de son passé a donné naissance à de folles théories : elle serait la fille cachée d’Obi-Wan Kenobi, la sœur de Kylo Ren, etc. Un début de réponse, peu satisfaisant, a été apporté dans Les Derniers Jedi. Sous l’impulsion de Ren, Rey reconnaît, en pleurs, que ses parents étaient "simplement" des misérables qui l’ont vendue et… c’est tout !
Un contraste étonnant avec le reste de la saga, qui a toujours présenté les personnages principaux avec une filiation légitime pour justifier leurs pouvoirs ou, à l’inverse, montré des Jedi (notamment dans la prélogie) doués avec la Force mais jamais de façon innée (à l’exception d’Anakin Skywalker évidemment). Ils devenaient toujours maîtres de leur art après des entraînements longs et fastidieux.
Le mystère entretenu à propos des parents de Rey et de son passé a donné naissance à de folles théories : elle serait la fille cachée d’Obi-Wan Kenobi, la sœur de Kylo Ren, etc. Un début de réponse, peu satisfaisant, a été apporté dans Les Derniers Jedi. Sous l’impulsion de Ren, Rey reconnaît, en pleurs, que ses parents étaient "simplement" des misérables qui l’ont vendue et… c’est tout !
Un contraste étonnant avec le reste de la saga, qui a toujours présenté les personnages principaux avec une filiation légitime pour justifier leurs pouvoirs ou, à l’inverse, montré des Jedi (notamment dans la prélogie) doués avec la Force mais jamais de façon innée (à l’exception d’Anakin Skywalker évidemment). Ils devenaient toujours maîtres de leur art après des entraînements longs et fastidieux.
Quid de Rey dans tout ça ? Rian Johson, réalisateur des tant décriés Derniers Jedi, a-t-il voulu revenir à certaines sources du space opera qui stipulaient que la Force est en chacun de nous et qu’il suffit d’un peu de maîtrise pour devenir quelqu’un d’exceptionnel ? C’est ce qu’il sous-entend et montre même dans le plan final de son métrage (un enfant utilise la Force pour saisir un balai).
Qu’avait alors en tête J.J. Abrams lorsqu’il avait co-écrit (avec Lawrence Kasdan, à qui l’on doit L’Empire contre-attaque et Le Retour du Jedi, et Michael Arndt) et mis en scène Le Réveil de la Force, le volet précédent ? Aussi surprenant que cela puisse paraître, il semblerait que cette nouvelle trilogie n’ait pas été réfléchie et pensée comme un ensemble cohérent et travaillé. L'on a l'impression que les grandes lignes n'ont pas été posées en amont car visiblement, chaque réalisateur écrit et tourne son épisode sans consignes particulières sur la trame générale de la troisième trilogie.
Abrams propose de nombreux mystères et zones d’ombre, comme dans les séries qu’il lance — en tant que scénariste, producteur et/ou metteur en scène – mais ne termine jamais (Lost en est le meilleur exemple [1], à laquelle on peut ajouter Fringe, Alcatraz, Person of Interest…). Très doué pour trouver des concepts intrigants, il laisse le soin aux autres de répondre aux interrogations qu’il a lui-même soulevées, sans forcément connaître leurs explications… L’exercice peut se comprendre dans l’univers des séries télévisées mais il apparaît beaucoup plus périlleux dans le monde du cinéma. Un long-métrage est aussi censé se suffire à lui-même, sans être obligé d’être une pièce d’un tout plus vaste.
Circonstance aggravante : Rian Johnson, qui a donc dirigé la suite du Réveil de la Force, a supprimé (à raison) une bonne partie de ce qu’avait mis en place J.J. Abrams, mais avec une certaine maladresse. Ainsi, exit le leader suprême Snoke, le masque de Kylo Ren, bye-bye l’intérêt de la filiation de Rey, au revoir la mythologie Jedi… et ainsi de suite.
Abrams propose de nombreux mystères et zones d’ombre, comme dans les séries qu’il lance — en tant que scénariste, producteur et/ou metteur en scène – mais ne termine jamais (Lost en est le meilleur exemple [1], à laquelle on peut ajouter Fringe, Alcatraz, Person of Interest…). Très doué pour trouver des concepts intrigants, il laisse le soin aux autres de répondre aux interrogations qu’il a lui-même soulevées, sans forcément connaître leurs explications… L’exercice peut se comprendre dans l’univers des séries télévisées mais il apparaît beaucoup plus périlleux dans le monde du cinéma. Un long-métrage est aussi censé se suffire à lui-même, sans être obligé d’être une pièce d’un tout plus vaste.
Circonstance aggravante : Rian Johnson, qui a donc dirigé la suite du Réveil de la Force, a supprimé (à raison) une bonne partie de ce qu’avait mis en place J.J. Abrams, mais avec une certaine maladresse. Ainsi, exit le leader suprême Snoke, le masque de Kylo Ren, bye-bye l’intérêt de la filiation de Rey, au revoir la mythologie Jedi… et ainsi de suite.
Un nouvel espoir
Dans le cas qui nous intéresse, c’est-à-dire le personnage de Rey, il subsiste toutefois un (nouvel) espoir, voire deux. D’une part, c’est J.J. Abrams qui a repris les manettes de l’épisode IX suite à l'éviction de Colin Trevorrow (Jurassic World). Il va donc pouvoir terminer ce qu’il avait commencé sur l’écriture de Rey (si jamais il avait eu un plan sur le long terme – ce dont on doute fortement). D’autre part, lorsque Kylo Ren fait avouer à Rey qu’elle n’est qu’une simple fille de misérables (dans Les Derniers Jedi), il peut s’agir d’une ruse du fils de Han Solo pour tenter de manipuler la jeune femme. Ce point n’étant pas tranché définitivement, c’est clairement dans cette direction que doit aller Abrams et expliquer, enfin, "qui" est réellement Rey.
Qu’elle soit une personne quelconque dans toute la galaxie sensible à la Force, d’accord. Mais qu’elle la maîtrise aussi bien, en si peu de temps et en sachant qu’elle a un passé flou… c'est plus difficile à admettre ! Il y a forcément des éclaircissements à apporter. Sans cela, cette postlogie, déjà bancale à bien des égards, le sera davantage concernant ce rôle, au demeurant très beau et bien interprété (par Daisy Ridley, voir encadré en fin d'article) au demeurant. Il est aussi évident que le titre "Les Derniers Jedi" fait à la fois écho à Luke Skywalker et à son héritage. Ou plutôt son héritière : Rey. Si chaque épisode cache un indice sur Rey, le titre du neuvième sera-t-il également lié à la jeune "presque" Jedi ? Il faut croire que oui puisque celui-ci a été révélé (après la publication initiale de cet article) et s'intitule L'Ascension de Skywalker. Cet ultime volet a la lourde tâche de conclure à la fois cette nouvelle trilogie mais aussi l'ensemble de la saga dédiée aux Skywalker (il serait donc illogique que Rey n'en soit pas une). Enfin, cet épisode IX permettra de réévaluer les deux précédents et, peut-être, de mieux les apprécier si les trois forment un ensemble cohérent. Réponse le 18 décembre prochain.
Qu’elle soit une personne quelconque dans toute la galaxie sensible à la Force, d’accord. Mais qu’elle la maîtrise aussi bien, en si peu de temps et en sachant qu’elle a un passé flou… c'est plus difficile à admettre ! Il y a forcément des éclaircissements à apporter. Sans cela, cette postlogie, déjà bancale à bien des égards, le sera davantage concernant ce rôle, au demeurant très beau et bien interprété (par Daisy Ridley, voir encadré en fin d'article) au demeurant. Il est aussi évident que le titre "Les Derniers Jedi" fait à la fois écho à Luke Skywalker et à son héritage. Ou plutôt son héritière : Rey. Si chaque épisode cache un indice sur Rey, le titre du neuvième sera-t-il également lié à la jeune "presque" Jedi ? Il faut croire que oui puisque celui-ci a été révélé (après la publication initiale de cet article) et s'intitule L'Ascension de Skywalker. Cet ultime volet a la lourde tâche de conclure à la fois cette nouvelle trilogie mais aussi l'ensemble de la saga dédiée aux Skywalker (il serait donc illogique que Rey n'en soit pas une). Enfin, cet épisode IX permettra de réévaluer les deux précédents et, peut-être, de mieux les apprécier si les trois forment un ensemble cohérent. Réponse le 18 décembre prochain.
[1] L'exemple le plus flagrant à propos de la série Lost est la fameuse trappe découverte en pleine jungle durant la première saison. Il suffit de regarder les bonus des DVD ou Blu-Ray du show pour comprendre la méthode J.J. Abrams, plus ou moins critiquée négativement par Damon Lindeloff et Carlton Cuse, les deux showrunners de Lost qui sont restés fidèles à l'écriture durant ses six saisons. Ils expliquent qu'Abrams "trouve cool" d'avoir un ours polaire dans la jungle par exemple. De même, il a l'idée d'inclure une trappe sans savoir ce qu'elle renferme. On le saura plus tard, en saison deux (sur laquelle Abrams n'a pas travaillé – il n'a manœuvré que quelques grandes lignes narratives et conceptuelles de la première saison et a réalisé le double épisode pilote) : il s'agit d'un long tunnel souterrain qui débouche sur… un bunker. Chaque fois, Abrams impose des "éléments mystérieux" mais laisse le soin, ou plutôt la difficulté, à ses successeurs d'éclaircir ces zones d'ombre et/ou de les rendre cohérents avec le reste de l'univers qu'il a bâti. Pour Star Wars, il s'est presque fait prendre à son propre piège puisque Rian Jonhson a balayé ses fondations (voire les a déconstruites) et Abrams doit les reprendre à son tour dans l'épisode IX, ultime volet de la trilogie qu'il n'était pas censé mettre en scène initialement. Pourra-t-il s'en sortir ?
Daisy Ridley : espoir féminin
Le Réveil de la Force était seulement le second long-métrage de Daisy Ridley ! Auparavant, la comédienne britannique née en 1992 s’était surtout "illustrée" dans des petits rôles dans quelques séries télé. À peine âgée de 22 ans, elle décroche celui de Rey après cinq auditions. J.J. Abrams, réalisateur de l'épisode VII (et du IX) souhaitait des actrices et acteurs peu connus du grand public pour la nouvelle trilogie. Sans surprise, elle a obtenu la consécration internationale très rapidement. On l’a vue, fin 2017, dans Le Crime de l’Orient-Express de Kenneth Branagh, où elle imposait, une fois de plus, un bon jeu de comédienne (mais ce long-métrage n'est, hélas, pas terrible).
Elle est par ailleurs la tête d’affiche du drame passionnel Ophelia (elle joue le rôle titre) qui a été diffusée au Festival du film de Sundance en janvier 2018 puis au cinéma aux États-Unis fin juin 2019. Ce long-métrage avec également Naomi Watts et Clive Owen a reçu des critiques mitigées et peine à dépasser les 50 000 dollars au box-office domestique (et 90 000 à l'international). Un véritable flop donc, qui bride une éventuelle sortie en France sur grand écran (sauf, peut-être, sur le marché vidéo).
En 2020, elle sera dans Chaos Walking de Doug Liman (La Mémoire dans la peau, Edge of Tomorrow…) avec Tom Holland, production de science-fiction "young adult" adaptant la trilogie de livres Le Chaos en marche. La Londonienne ne cumule pas trop les projets pour exploiter sa notoriété : à 27 ans, elle va prendre son temps et s'efforcer de faire les bons choix. Dans l'immédiat, elle soigne son personnage de Rey puisqu’elle l’a doublé dans deux séries d’animation (Star Wars Rebels et Star Wars : Forces du Destin) et dans trois jeux vidéo (Disney Infinity 3.0, Lego Star Wars : Le Réveil de la Force et Star Wars - Battlefront II) ! On la retrouvera, évidemment, dans le neuvième épisode de la saga étoilée le 18 décembre 2019.
Cet article a été publié en janvier 2019 dans le magazine Ciné Saga 26 : Star Wars - L'Encyclopédie.