Spider-Man : Fairy Tales



Style graphique de l'épisode 1, par Tercio.
Une curiosité Marvel et une plongée au cœur des contes et légendes du monde entier : Spider-Man Fairy Tales.

Spider-Man, c'est un concept qui fonctionne. Il fonctionne d'ailleurs tellement bien que Marvel l'a déjà décliné en manga ou dans une version indienne (cf. ce dossier pour un aperçu visuel). En 2007, c'est aux vieux contes de notre enfance que la Maison des Idées s'attaque, avec quatre épisodes fort différents, reprenant chacun un mythe connu (ou pas) à la sauce arachnéenne.
Tout cela s'inscrit en fait au sein d'un plus vaste projet, écrit par C.B. Cebulski et mis en images par des dessinateurs diffférents pour chaque épisode. C'est en 2006 que la série Fairy Tales est lancée. Les quatre épisodes de cette année-là sont alors consacrés aux X-Men. Après l'univers arachnéen, ce sont les Avengers, en 2008, qui seront déclinés selon la même thématique.
Mais c'est bien sur le monde du Tisseur que l'on se concentre aujourd'hui.

Le premier épisode revisite Le petit chaperon rouge. Les graphismes, très stylisés (mais assez jolis), sont de Ricardo Tercio. L'ambiance est cartoony, les décors dépouillés.
Dans un village de bûcherons, la population doit faire face à des attaques de loups (une certaine Gwen est d'ailleurs au nombre de leurs victimes). Il y a bien une rumeur, concernant un protecteur arachnéen, mais Jonah Jameson, le boss des bûcherons, n'y croit pas un instant.
Bref, la jeune Mary Jane, voulant faire plaisir à Peter, va se mettre en route à travers bois pour aller porter de la bouffe à la tante May, qui bien entendu n'a rien trouvé de mieux que d'aller vivre au milieu de la forêt... ah, elle nous aura fait chier jusqu'au bout celle-là !
Tout cela est très enfantin, bien sûr, mais assez agréable à lire et bourré de références plus ou moins subtiles (par exemple, la chatte de MJ s'appelle Felicia).

La deuxième histoire traite d'un conte africain et met en scène le premier Spider-Man, aux prises avec des élémentaux, le tout dans une très belle et lumineuse ambiance visuelle signée Nico Henrichon. Le troisième récit est une variation nippone sur les origines du Tisseur avec, pour cadre principal, une légende faisant la part belle aux fantômes et à un esprit plutôt "mordant". Le tout  est dessiné par Kei Kobayashi et est saupoudré de décors traditionnels japonais, de sabres et d'une pointe de philosophie asiatique.

Style graphique de l'épisode 2, par Henrichon.

Enfin, tout cela se conclut par une sorte de Cendrillon inversé, avec un mystérieux chevalier séduisant la princesse Gwendolyn et devant s'éclipser avant minuit, en évitant si possible les gardes de la Goblin Brigade. Ambiance médiévale européenne, avec un Parker au service, à cause d'un coup du sort, du seigneur Osborn.
Le style Dragotta, salopé par le duo Allred.
Il faut s'arrêter un moment sur les dessins de cet épisode, qui sont clairement les plus pauvres de la série (les visages sont même franchement dégueulasses). Or, c'est Nick Dragotta (pas un manchot, donc) qui est crédité. Aucune raison, a priori, qu'un type qui sait faire ça, ou ça, deviennent subitement un neuneu du crayon. Et puis, en continuant de lire les crédits, l'on se rend compte que c'est Mike Allred (qu'est-ce qu'il est surcoté ce type, avec ces personnages immondes, tout raides) qui a effectué l'encrage (d'ailleurs, c'est sa femme qui colorise, avec la subtilité d'un peintre en bâtiment, ils se sont bien trouvés ces deux-là). Eh bien c'est dingue mais, rien qu'en encrant, le mec a tout allredisé. On dirait que c'est lui qui a dessiné les planches de A à Z. Du coup, ben... c'est de la merde. Pour ceux qui ne connaissent pas, Allred, c'est ça... ou ça. Ah, c'est pas du Dragotta, hein ? Il a le style d'un enfant de 5 ans à qui ont aurait pété les deux mains à coups de batte. Alors je sais qu'Allred a ses fans, mais bon, Jul aussi a des fans, comme quoi, ce n'est pas forcément en rapport avec le talent ou le savoir-faire.

Au final, Cebulski a donc puisé dans les légendes de trois continents pour nous livrer ces Fairy Tales. Attention, l'on est ici très loin de la qualité et de l'ambition d'un Fables, mais ces déclinaisons de contes sont dans l'ensemble suffisamment originales et amusantes pour intéresser des collectionneurs à la recherche de récits un peu décalés. De plus, les dessinateurs alternant à chaque épisode, tout le monde devrait trouver au moins quelques planches à son goût. Enfin, ce sont des one-shots, donc des histoires complètes. Notons, pour info, qu'une quatrième fournée était prévue (sur les Fantastic Four), mais qu'elle n'a finalement jamais vu le jour.

À notre connaissance, cela n'a toujours pas été édité en français. À l'époque, l'on pouvait mettre la main sur l'ensemble en VO pour plus ou moins 8 €, port compris. A priori, c'est bien plus onéreux actuellement (une vingtaine d'euros pour le TPB, une quinzaine pour les 4 épisodes en floppy : c'est bien trop cher pour ce que c'est). Si toutefois vous parvenez à le trouver à un prix raisonnable, voilà qui pourrait faire office d'introduction à l'univers Marvel (et même à l'anglais ! hop, quelques heureux bambins arrachés à la médiocrité des traductions de Panini) pour vos enfants.

Style graphique de l'épisode 3, par Kobayashi.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Des contes revisités style Marvel.
  • Styles graphiques variés.
  • Les épisodes rassemblés par "famille" (X-Men, Spidey et Avengers).

  • Certains épisodes sont très enfantins, mais c'est la thématique qui veut ça.
  • Les dessins hideux de l'épisode de Dragotta, vampirisé par la Allred family.