Minuit dans l'univers : grotesque et mal fichu



Bonne année les amis ! Pour notre première chronique de 2021 (et le lancement de la saison 16 d'UMAC), on va écharper un film qui semblait prometteur mais qui se révèle être un bon gros flop : Minuit dans l'univers

Ce long métrage, de et avec George Clooney, est disponible depuis peu sur Netflix. Commençons par le pitch.
2049. La Terre est en train de mourir, entraînant avec elle les humains qui l'ont, il faut le dire, bien malmenée. Dans ce contexte de fin du monde, un scientifique, isolé dans une station au pôle nord, tente de rentrer en contact avec une mission spatiale, chargée de trouver un lieu habitable de remplacement pour les gros cons qui ont tout saccagé.
En gros, tout l'enjeu du film, c'est une communication radio. Les amateurs de citizen band vont se régaler.

Bon, dans les points positifs, on a un Georgie qui n'hésite pas à bien se vieillir (on le reconnaît mais il a pris 1000 ans dans la gueule) afin d'interpréter le rôle d'Augustin Lofthouse. Le personnage est loin d'être antipathique, mais, on va le voir, il n'a guère l'occasion de briller réellement. Il y a une scène un peu originale également, à un moment, avec du sang qui gicle de manière très brutale et inattendue. Et on peut sourire une ou deux fois lors des interactions entre Augustin et Iris. Voilà, on a fait le tour de tous les points positifs. C'est bien, ça nous a pas pris trop de temps.

Ah oui, j'ai oublié de vous parler d'Iris. Alors en fait, quand tout le monde a déguerpi de la station, une mère a oublié sa gamine dans le bordel. Pas le truc improbable déjà ça, c'est pas un trousseau de clefs, c'est une petite fille ! Bref, du coup, le scientifique à l'agonie (il est mourant et doit effectuer des dialyses régulières, sans doute que l'ambiance post-ap était trop joyeuse sans ça) doit faire avec la présence de la petite fille, qui a la particularité de le suivre partout mais de ne jamais dire un mot. Sympa aussi comme dernier compagnon pour une fin du monde...



Voyons un peu ce qui ne va pas dans ce film. Là, ça va être beaucoup plus long. D'abord, l'enjeu, complètement pété. Augustin doit contacter l'Æther (le fameux vaisseau), mais on ne comprend jamais vraiment pour quelle raison. Si c'est pour leur dire que la situation est mal barrée sur Terre, ils s'en rendront bien compte tout seuls (ils ont une image très nette et très flippante de la Terre alors qu'ils en sont encore loin). Et si c'est pour leur demander s'ils ont trouvé un endroit accueillant, vu que tout le monde est déjà plus ou moins crevé, ça ne sert pas à grand-chose. Il y a bien une autre raison, mais... allez, ce qu'on va faire, c'est qu'à partir d'ici, tout ce qui révèle une info un peu trop précise, on vous met ça en note de bas de page, comme ça, à vous de voir. Donc, pour l'autre raison, c'est tout en bas. [1]

Ensuite, tout est incroyablement long, lent et poussif. Normal vu que le mec est seul dans un endroit isolé, et qu'une fois qu'il rencontre quelqu'un, c'est un personnage muet. Le temps paraît vraiment suspendu, on a d'ailleurs du mal à ne pas abandonner dans les 20 premières minutes.
Enfin, et surtout, le film est sinistre. OK, ça se veut dramatique, mais sans un enjeu clair, avec des personnages dont on ignore tout et dont on a du mal à appréhender le parcours à travers quelques flashbacks maladroits, toutes les scènes sont juste plombantes et lourdingues. On est loin par exemple d'un The Road, certes tragique et infiniment triste, mais qui était parsemé de moments de tension, de scènes spectaculaires, et qui était surtout porté par des personnages bien installés et attachants. 

Ce n'est même pas tout. Pour arriver à un final décevant et fadasse, il faut encore passer au travers de certaines incohérences énormes. Je ne parle pas d'ergoter sur des détails, mais bien de scènes relevant de la pure impossibilité. [2] Et enfin, les rares moments un peu tendus que contient ce film sont complètement prévisibles. On a rarement vu des "rebondissements" aussi téléphonés. Tout se devine à des kilomètres ! [3]
Du coup, une fois toutes ces tranches lourdingues empilées les unes sur les autres, ça donne un bon mille-feuilles bien indigeste. Et surtout, un film dans lequel, quand on ne s'emmerde pas (vu le budget, on pouvait s'attendre à mieux), on rage sur les invraisemblances. Par contre, pas de jaloux, tout le monde devrait être déçu : si vous aimez le post-ap pur, ça manque clairement de scènes s'y rapportant, voire même d'explications ; si vous aimez le côté spatial (paraît selon certains que c'est aussi un "space opera"... wow), à part une scène cool à un moment, il n'y a rien à gratter de ce côté-là non plus (c'est un peu le syndrome Titan) ; et pour ceux qui seraient attirés par l'aspect drame humain, on a déjà fait bien mieux dans le genre sans que ce soit aussi maladroit et lent. 

Un film qu'on aurait aimé aimer, mais difficile d'adhérer à un scénario aussi indigent, voire amateur.
L'accroche, sur l'affiche, est : "Cet immense vide qui nous sépare."
Je n'aurais pas dit mieux. Un vide immense et presque scandaleux pour le prix. 




[1] Évidemment, la seule raison qui pousse Augustin à tenter à tout prix de contacter le vaisseau, c'est qu'il souhaite parler à sa fille, qu'il ne connaît pas et qui ignore qu'il est son père. Ils vont au final se dire deux ou trois banalités... pfff... tout ça pour ça. On n'en revient pas de la vacuité du truc.
[2] Comme lorsque Augustin survit une nuit entière dehors, trempé, sans aucun matériel ni abri, en plein cercle arctique. Déjà avec des vêtements secs, ça doit être rock n' roll, mais en étant mouillé, c'est normalement l'hypothermie en 5 minutes. Absurde. 
[3] Franchement, lors de la sortie extra-véhiculaire, si vous ne savez pas que Maya va crever bien avant de voir la moindre goutte de sang dans son casque, la seule explication plausible, c'est que c'est le premier film que vous voyez de votre vie. Même chose pour Iris enfant... c'était cramé bien avant la pseudo révélation. 







+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Quelques scènes amusantes entre Augustin et Iris.
  • La scène, très spectaculaire, du "retour" de Maya.
  • Le petit côté fascinant d'une merde à 100 millions de dollars.
  • Je ne sais pas si l'équipage de l'Æther chantant Sweet Caroline est définitivement le moment le plus cool ou le plus ringard du film...


  • Long, lent et infiniment chiant.
  • Sinistre au lieu d'être tragique.
  • D'énormes invraisemblances.
  • Des rebondissements très peu nombreux et tous ultra-téléphonés.
  • Ni vraiment du post-ap, ni du space opera comme certains le prétendent, et encore moins du drame réussi.
  • Il ne suffit pas de tirer la tronche et d'afficher un regard de chien battu pour émouvoir.
  • Un final aussi décevant que le reste.