Nanar Titanesque
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On s'attaque aujourd'hui à du lourd : Titan, l'un des plus mauvais films de SF de ces dernières années.

Et pourtant ça partait bien... dans un futur proche, la planète Terre est devenue quasiment inhabitable. Pour faire simple, c'est devenu un gros merdier pollué et infertile. Du coup, ça craint, il faut trouver une solution pour sauver l'humanité. Ben oui, une espèce qui a réussi à saccager son lieu de vie, ça serait dommage de ne pas la préserver.
Les experts proposent de s'expatrier sur Titan, l'un des satellites naturels de Saturne, qui a l'avantage de posséder une atmosphère dense. Bon, autant le dire, ça n'en fait tout de même pas non plus une destination de rêve puisqu'il faut respirer du diazote, résister à une température moyenne de - 179 degrés et faire avec des lacs d'hydrocarbure.
Qu'à cela ne tienne ! Les scientifiques décident d'adapter les humains à ces conditions extrêmes grâce à un traitement de choc qui va modifier l'ADN de quelques volontaires triés sur le volet.

C'est certain, ce n'est pas très vraisemblable, mais disons qu'il y avait de quoi faire quelque chose de sympa. Malheureusement, le résultat est lamentable.
On ne sait même pas par où commencer tellement ça regorge de défauts. Bon, la réalisation de Lennart Ruff est globalement d'un ennui épouvantable. C'est lent, c'est long, c'est mou, surnagent juste quelques scènes liées aux transformations, et encore. Vers la fin, on a même droit à de pseudo scènes d'action dignes d'un mauvais téléfilm des années 90.
Sam Worthington, dans le rôle principal, est aussi expressif et charismatique qu'une asperge atteinte de neurasthénie chronique. Même quand il a encore une apparence humaine hein, parce qu'après, forcément, il est tranquille, il n'a même plus besoin de faire semblant de jouer.


Mais le pire est évidemment le scénario de Max Hurwitz. Attention, à partir de là, il va y avoir de gros spoilers (je vous révèle carrément la fin, car il faut absolument aborder cette partie), donc si vous continuez, soit vous avez déjà vu ce film (dans ce cas, on compatit), soit vous n'avez pas le projet de le voir un jour (ça vous permettra de ne pas gaspiller 1h37).
L'intrigue est débile au plus haut point. Il est question, normalement, de "sauver l'humanité". Deux solutions donc. Soit on impose le traitement médical à tout le monde, ce qui est impossible parce que le taux de mortalité est proche de 100 %, soit on envoie quelques spécimens transformés sur Titan, dans le but de procréer là-bas. Et ça, ce n'est pas possible non plus car il ne reste finalement qu'un survivant, mâle, et que, de toute façon, il n'a plus rien d'humain.

Abordons la transformation, attention, elle est gratinée ! Les cobayes perdent leurs cheveux, ils sont atteints d'une desquamation sévère, ils deviennent agressifs, ne supportent plus les températures modérées et deviennent... bleus, ou vaguement transparents. Pour ceux qui survivent (deux seulement), ça va encore plus loin : ils n'ont plus de cordes vocales et communiquent par le toucher ou grâce à de basses fréquences inaudibles par l'humain moyen, leur visage est monstrueux, ils développent des branchies, leurs majeurs et leurs annulaires sont soudés, ils ont des tentacules qui leur sortent d'on ne sait où, bref, des bêtes de foire.

Au niveau de l'expérience, c'est donc a priori un ratage complet. Quand tu vois le bestiau, même sans avoir de bases scientifiques solides, tu te rends bien compte que le prix Nobel, ce n'est pas pour demain.
Malgré ça, la NASA envoie quand même le machin sur Titan. Tout seul (de toute façon, il n'a plus d'organe reproducteur, ah tiens, j'avais oublié de le préciser ça). Et alors que sa femme a empêché qu'on lui efface la mémoire (ce qui aurait été finalement une preuve de compassion), le voilà donc loin des siens, transformé, isolé sur un monde hostile. Et totalement inutile, puisqu'il ne va rien repeupler et que les Terriens volontaires pour suivre son exemple ne vont clairement pas se bousculer au portillon.


Rares sont les films qui n'ont à ce point aucun sens. Il ne s'agit pas d'une réflexion sur le futur de l'humanité, ni sur ce qui fait de nous des êtres humains, il ne s'agit pas d'une mise en garde écologique, encore moins d'un propos quelconque sur la science. Ce n'est pas non plus un bon divertissement, encore moins un film à la dimension dramatique maîtrisée (même si la lenteur de certaines scènes et le pathos exagéré essaient d'insuffler un peu de sentiments au milieu de la connerie ambiante). Il n'y a ni message, ni conclusion cohérente, ni propos construit. Et les personnages n'ont pas le moindre intérêt, ils sont tous parfaitement interchangeables et l'on ne sait rien de leurs motivations.
Un vide cosmique.

Quant aux paysages de Titan, ils sont réduits à une scène de quelques secondes, tout à la fin. Si vous aviez été tentés par la promesse du titre ou celle de la cover du DVD, ben vous vous êtes bien fait avoir.
Tout est tellement nul que même l'accroche sur le boitier DVD est à l'avenant : "La science n'est plus une fiction." Mais, ça veut dire quoi bordel ? Avant, ça l'était ? Évidemment que non ! Si encore ils avaient chié un truc du genre "le transhumanisme n'est plus une fiction", ou quelque chose d'approchant... ça aurait eu un sens, mais "la science n'est plus une fiction"... misère.
Si après ça vous avez encore envie de voir ce truc, c'est dispo à moins de 10 euros chez TF1 Vidéo. Non mais, pour eux, jusqu'à présent, la science-fiction c'était une naine magique qui claque des doigts, donc là, forcément, ils se sont dit qu'ils tenaient quelque chose...

Pas vite vu, parce qu'on sent douloureusement passer chaque minute, mais vite oublié.

— Heu, maman… papa, il n’a pas l’air bien là…
— Voyons poussin, tu sais bien qu’il n’est pas du matin.


+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Taylor Schilling, charmante dans un rôle de nunuche décérébrée.

  • Une intrigue idiote au-delà du raisonnable (parce que même dans l'idiotie, il y a des limites conseillées).
  • Une réalisation plate et ennuyeuse.
  • Des personnages sans âme.
  • Des scènes d'action risibles, dignes d'un Walker Texas Ranger.
  • Sam Worthington, fadasse (mais il faut avouer qu'il n'y avait pas grand-chose à défendre).