La suite officielle de Saint Seiya est une réussite !

 
Saint Seiya Next Dimension - Le mythe d'Hadès
est le titre du manga qui est la suite officielle des célèbres Chevaliers du Zodiaque. La série est d'ailleurs écrite, dessinée et colorisée (on y reviendra) uniquement par Masami Kurumuda, auteur de l’œuvre mère. N'y allons pas par quatre chemins : cette suite est réjouissante sur plusieurs points ! Elle a bien sûr quelques défauts mais on ferme volontairement les yeux dessus tant le plaisir de renouer intelligemment avec l'univers canonique est immense.

Rappelons la fin de Saint Seiya : Athéna était sauvée par nos Chevaliers de bronze, Hadès vaincu par Seiya qui semblait mourir (ou s'évanouir ?) dans les dernières cases, le torse transpercé par l'épée du célèbre Dieu des Enfers. Un dénouement abrupte et perturbant. Ce n'est pas un secret, le mangaka souhaitait continuer de développer son récit et y faire affronter ses héros contre Zeus ! Entre raisons éditoriales et personnelles, Masami Kurumada précipita sa conclusion et mis de côté sa plus célèbre création. Adaptations et suites multiples se succèdent alors au fil des années, l'auteur y est parfois consultant ou crédité comme scénariste, alternant le bon (The Lost Canvas en mangas, Soul of Gold en animes par exemple) et le moins bon voire médiocre (Épisode G - Assassins en mangas, Omega en animes, entre autres). Reste qu'on ne savait toujours pas très bien ce qu'il advenait de Seiya et des autres Chevaliers...

On l'apprend dans Next Dimension, débutée en 2006 et publiée en France depuis fin 2010 (le treizième tome sortira en avril 2022) où les deux premiers volumes posent les fondations de cette nouvelle série. Dans un premier temps (intégralité du premier tome) nous suivons les Chevaliers d'Or du passé Shion (Bélier) et Dohko (Balance), plus de deux cent ans avant la Guerre Sainte. Leur compagnon d'arme Suikyo (Coupe) est le maître de Tenma (Chevalier de bronze de Pégase, le parfait homologue de Seiya) et d'Alone, réincarnation d'Hadès. Quand Suikyo et Alone trahissent le Sanctuaire, c'est une nouvelle guerre qui se prépare... 

Dans un second temps et notamment au présent (en 1990), les jours de Seiya sont comptés, l'épée d'Hadès enfoncée dans son cœur, il est handicapé et dans le coma. Shun et Athéna s'allient pour trouver une solution et combattent de nouveaux ennemis (intégralité du deuxième tome). Tous deux retournent dans le passé afin de détruire l'épée d'Hadès et sauver Seiya. Rien ne se passe comme prévu, ils sont séparés et Athéna redevient nourrisson, atterrissant près du Palais du Grand Pope. Cette dernière n'a que trois jours pour revenir dans le présent sinon elle mourra ! Shun se retrouve avec Tenma, ce nouveau duo doit désormais franchir les fameuses Maisons des Chevaliers d'Or du Sanctuaire pour rejoindre Athéna. Puis c'est parti (dès le troisième tome donc) pour une course contre la montre épique et toujours d'actualité au treizième volume.

Bien sûr, cela rappelle forcément l'arc iconique de la série originelle mais Kuramada travaille son titre avec malice : on navigue habilement entre le passé (la majorité du récit) et le présent (où l'on retrouve Marine et Shaina par exemple) et on croise foule de nouveaux personnages charismatiques sans être perdu. Il est fortement conseillé de lire les douze volumes à la suite, il n'y a même pas une journée d'écoulée depuis le premier tome ! Dommage que le rythme de publication soit aussi lent...

Le mangaka étant méticuleux, assurant lui-même scénario, dessins, encrage et a priori la colorisation (à l'ordinateur), il livre méthodiquement une salve de sept ou huit chapitres, publiés à la suite entre décembre et janvier puis souvent entre juillet et septembre. Une anomalie dans le monde du manga. Actuellement, Next Dimension compte un peu plus de cent épisodes et le maître vient de fêter ses soixante-huit ans.

Au-delà du retour au Sanctuaire et des affrontements face aux Chevaliers d'Or, on renoue bien évidemment avec Hyoga et Shiryu ainsi qu'Ikki. In fine, seul Seiya est quasiment absent (remplacé par Tenma) ains que les Chevalier d'Or du présent (à l’exception de Shaka – on vous laisse découvrir comment et pourquoi – et bien sûr Dohko). Si la menace d'Hadès est présente tout au long de la fiction, un autre redoutable ennemi esquisse bien vite ses traits, un mystérieux treizième Chevalier d'Or : Ulysse de l'Ophiuchus !

Sait Seiya Next Dimension jongle brillamment entre personnages familiers (ou clones assumés de ceux-ci, comme Tenma/Seiya) et nouveaux protagonistes ambigus comme Suikyo cité plus haut, les Chevaliers d'Or de l'époque (Shijima, Izo, Gestalt, Caïn, Kaider, etc.) ou encore des héros ou antagonistes un peu en marge du récit comme l'ange Toma, Artémis ou d'autres un peu plus loufoques comme Hécate et Deathtoll. La galerie est dense et variée mais comme toujours mémorable en quelques instants.


Évidemment, on retrouve les grosses facilités scénaristiques qui permettent d'accélérer la narration ou à l'inverse la freiner comme des combats inévitables entre Chevaliers de bronze et d'Or malgré des échanges verbaux en amont (type "Je te crois et te fais confiance mais je ne peux pas te laisser passer quand même, il faut que tu me prouves que tu es capable de combattre jusqu'à ta mort !"). Une fois de plus, une partie de la Garde d'Athéna la trahit sans état d'âme (alternant fidélité entre Hadès et Ulysse)... De même, un lion géant en armure et un Chevalier qui revient à l'état de larve/cocon de façon étrange dénotent fortement avec l'univers initial de Saint Seiya mais pourquoi pas... Comme par hasard, les Chevaliers de bronze croisent ceux avec lesquels ils sont plus ou moins connectés (Shiryu et son maître Dohko par exemple). Quelques dialogues sont clichés au possible ("J'abandonne mon fils pour aller me battre car je sais qu'il deviendra viril comme son père" - sic). MAIS BON... On accepte ces écarts qualitatifs pour ne pas bouder notre plaisir, tant les points positifs restent nombreux, tout en surfant sur la vague nostalgique et le plaisir coupable.

Plus qu'une extension de la série initiale, cette véritable suite propose ENFIN des dessins entièrement en couleur. Si Kurumada n'a étrangement pas évolué sur son style (les visages sont toujours aussi particuliers, certains décors assez pauvres), toute la démesure et magnificence des armures prennent une autre dimension (c'est le cas de le dire) avec une colorisation parfaite ! On émet un peu plus de réserve sur l'ajout numérique de couleurs pour les cheveux ou certains fond de case mais globalement c'est superbe. Les mangas en couleur étant rares, raison de plus pour ne pas louper celui-ci !

Quel plaisir de voir du "vrai" Saint Seiya (donc avec les traits de Kurumada) en couleur dans un livre (et non en anime). L'ensemble est disponible chez Panini Manga, chaque tome coûte 9,29€ (depuis 2022, 8,99€ auparavant).  Si vous aimez les Chevaliers du Zodiaque, que ce soit la première série d'animation ou les mangas initiaux, foncez sur Next Dimension !


+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Enfin la VRAIE suite officielle et canonique d'une série mythique.
  • De nouveaux personnages charismatiques et intéressants...
  • ... et le retour d'anciens protagonistes.
  • Un rythme prenant.
  • La thématique du voyage dans le temps bien développée et plausible.
  • Une revisitation inédite de l'arc du Sanctuaire, suffisamment originale pour se démarquer du récit emblématique initial.
  • Une narration haletante, qui rend hommage à l'univers déjà installé tout en l'enrichissant brillamment.
  • Une histoire simple (de prime abord) mais efficace et qui se densifie au fil des chapitres.
  • Les dessins entièrement en couleur.


  • Quelques grosses facilités scénaristiques.
  • Des situations ubuesques qui dénotent parfois avec la fiction.
  • (Inaccessible si on n'a pas lu Saint Seiya.)