First Look : Cliff Burton



Nouveau First Look aujourd'hui, consacré cette fois à Cliff Burton !

Rappelons que le principe de cette rubrique consiste à s'intéresser au tout premier album d'une série. Cette fois, nous remontons jusqu'en 1984 avec Brouillard sur Whitehall, un récit qui introduit le personnage de Burton mais qui, nous le verrons plus loin, s'avère très particulier puisqu'il contient de multiples références à un classique de la BD franco-belge.
Mais présentons tout d'abord notre héros. Cliff Burton est un ancien du MI5 et un détective privé bossant occasionnellement pour Scotland Yard, dont il est également un ex-agent. Il est plutôt futé et athlétique et se démarque du profil classique du héros de BD policière par son look (il est roux et moustachu) et sa passion pour les fleurs.

La série, qui a pris fin en 1998, ne comporte que neuf albums. Tous sont scénarisés par Rodolphe (scénariste prolifique et romancier) et dessinés par Frederik Garcia puis Michel Durand. Le style graphique change donc radicalement à partir du quatrième album, intitulé Les Poupées de Sang.
L'ambiance générale de la série, résolument axée sur les enquêtes, va peu à peu verser dans un fantastique "light" et s'enrichir de touches d'humour fort bienvenues. 

En ce qui concerne ce premier tome, il débute par une série de meurtres sordides visant les forces de l'ordre. Le Yard de Sa Majesté découvre bien vite qu'une mystérieuse et sanguinaire secte indienne se cache derrière ces exactions. Sir Scott Dickson fait alors appel à Burton pour que le moustachu file un petit coup de main. Il faut dire que l'affaire se complique quand, aux meurtres de policiers, s'ajoutent une étrange dégradation au musée Madame Tussauds ainsi qu'une menace de mort visant Lord Campbell, membre de la Chambre et délégué aux Affaires Indiennes. 



L'action se déroule en 1921 et a pour cadre Londres et la campagne anglaise environnante. L'atmosphère graphique des scènes sous la pluie ou dans la pénombre est très réussie. De plus, la mise en page évite le classique "gaufrier" et se permet quelques plans larges et divers effets dynamiques. Le récit est, quant à lui, efficace et bien mené. Si l'on suit l'enquête avec plaisir, l'on peut toutefois regretter que le personnage de Burton soit à ce point transparent et banal, les quelques éléments originaux dont l'a gratifié son auteur peinant à lui insuffler une véritable personnalité.
C'est cependant dans une foule de petits détails que ce Brouillard sur Whitehall va se révéler surprenant à plus d'un titre.

Tout d'abord, la première planche de cette BD s'avère être un hommage à La Marque Jaune, d'Edgar P. Jacobs. Une info évidente, qui se trouve même sur Wikipédia. Mais les références, plus subtiles et moins immédiatement décelables, ne s'arrêtent pas là. L'ensemble de l'album semble être en effet un hommage appuyé à l'une des aventures de Tintin, en l'occurrence Les 7 Boules de Cristal. Tout d'abord dans son ambiance, inquiétante et liée à une menace exotique, mais surtout dans de nombreuses scènes faisant écho au récit d'Hergé sus-cité.
Quelques exemples : les personnages se retrouvent tous, à un moment, dans une grande et sinistre demeure, entourée d'un parc ; la décoration de cette maison est composé d'éléments exotiques ; le propriétaire de la demeure est assassiné malgré le fait qu'il soit sous protection policière ; Burton doit défoncer la porte de sa chambre pour constater ce fait ; le crime a eu lieu alors que la porte est verrouillée de l'intérieur ; un indien (amérindien dans les 7 Boules) disparaît ; les criminels s'enfuient à bord d'une conduite intérieure noire ; ils changent de véhicule pour échapper aux recherches ; le héros remarque ce fait en comparant les traces de pneus dans la boue ; le témoignage de policiers en vélo s'avère crucial, etc. Il faut encore ajouter à cela la nature des adversaires du héros (des Incas pour Tintin, des Thugs pour Cliff), le fait que ce récit soit en fait un diptyque (qui se poursuit dans L'Ombre de Victoria) et le périple dans la jungle que l'on retrouve dans le second opus. 

Il y a sans doute encore de nombreux détails communs à ces deux œuvres à répertorier, mais précisons qu'il s'agit bien de clins d'œil, et aucunement d'un plagiat, Brouillard sur Whitehall et Burton s'éloignant nettement des 7 Boules de Cristal et de Tintin sur le fond, le style graphique et la personnalité du héros (qui, lui, rencontre de séduisantes jeunes femmes par exemple). Cependant, impossible de ne pas faire le lien entre les deux histoires lorsque l'on connaît bien le récit mettant en scène la malédiction de Rascar Capac.
 
Au final, si vous aimez l'ambiance british, les bonnes enquêtes mâtinées de fantastique et les délicates pointes d'humour, n'hésitez pas à accompagner Cliff Burton dans ses trop rares pérégrinations. Ce détective, qui n'a sans doute pas la notoriété qu'il mérite, n'a pourtant pas à rougir face à ces homologues (cf. Ric Hochet ou encore Jérôme K. Jérôme Bloche), anciens ou plus récents. 




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Des scénarios bien ficelés.
  • Un style graphique agréable.
  • Des références bien employées.
  • Un humour discret mais efficace, qui se révèle sur la longueur de la série.


  • Un personnage un peu lisse.
  • Un lettrage pas toujours au top.