Suite des scènes improbables avec cette fois un extrait de Cobra, film de George Cosmatos sorti en 1986.
Bien entendu, l'on va surtout s'intéresser au personnage de Marion Cobretti, interprété par le musculeux et néanmoins sympathique Sylvester Stallone. La scène que l'on va décortiquer nous montre Marion, flic aux méthodes bourrues voire illégales, dans son intimité. Il rentre en effet chez lui à bord de sa superbe Mercury 1950. Là, il constate qu'une bande de latinos squatte sa place préférée. Il klaxonne pour leur demander de foutre le camp mais ne reçoit malheureusement comme seule réponse que des majeurs brandis par la fenêtre. Marion ne se démonte pas et pousse juste la caisse des malpolis avec son gros engin.
Là, le latino en chef n'est pas content et vient gesticuler devant le nez de Marion, en braillant des trucs de latinos. Le flic, sûr de son bon droit, décide alors d'éduquer le voyou. Il commence par lui arracher sa clope du bec, puis lui déchire son t-shirt d'un coup sec et violent. C'est vrai qu'on n'y pense pas toujours, mais foutre à moitié à poil un gars qui te beugle dessus, ça peut le calmer.
Le latino en chef, décontenancé ou reconnaissant du petit coup de frais, on ne sait pas trop, hurle alors quelques remerciements improvisés à un Marion qui lui tourne le dos et rentre dans sa cahute.
On arrive maintenant à la meilleure partie. Sly, enfin, Marion, a un journal dans les mains. Il jette un œil rapide à un demi-article et balance le torchon dans un barbecue. L'avantage du format papier, c'est que les journaleux ont au moins une utilité et permettent d'allumer le binz en été, quand on veut se taper quelques saucisses.
Marion pénètre donc dans son appartement et, bien que l'on soit en plein jour, qu'un grand soleil inonde la pièce et que les lieux bénéficient d'une immense baie vitrée, il allume la lumière. Ouais, dans les années 80, on n'en avait rien à foutre de l'écologie ou des économies d'énergie. Tout était gratuit.
Bref, Marion a une petite faim et il se précipite sur son réfrigérateur. Là, il ressort un carton de pizza, qui contient... une part de pizza, et un boîte d'œufs, qui contient... un kit de nettoyage de flingue (!!).
Mais... quoi ??
Pourquoi est-ce que tu ranges ton kit dans le frigo mec ? T'es crade, bordel !
On ne met pas ça avec la bouffe, enfin !
Bon, Marion ouvre le carton de pizza et se coupe un morceau de la dernière part qui reste. Avec des ciseaux, déjà. Hmm... admettons. Mais surtout, son repas consiste en une pointe de part de pizza quoi. C'est minuscule. Le mec bouffe de la merde, mais en très petite quantité. Donc, d'une part, il n'a pas les bons apports nutritionnels (du moins, il a le régime qui convient à un junkie ou un clodo, pas à un mec avec son physique de bûcheron), d'autre part, il doit avoir un peu faim, non ? Perso, quand je mange de la pizza, au minimum, j'en bouffe une complète. Là le mec s'envoie l'équivalent d'un quart de part. Donc... 1/16e de pizza, en imaginant que ce soit une grosse part ?! Mais qui fait ça ?? Qui peut se confectionner 16 repas avec une seule saloperie de pizza ? En tout cas, on comprend comment il peut s'acheter des grosses bagnoles, vu son budget bouffe ridicule.
Ce n'est pas tout. Il convient de faire encore quelques remarques sur ce moment convivial et chaleureux.
Déjà, Marion mange en nettoyant son flingue (ce qui n'est bon ni pour la bouffe ni pour le flingue), il garde ses lunettes de soleil et, surtout, il garde ses gants. Les mêmes gants avec lesquels il vient d'écraser la clope du latino brailleur. Visiblement, les Américains n'avaient qu'une très vague notion de l'hygiène à cette époque. On comprend mieux, en ingérant des tonnes de saloperies impropres à la consommation, comment ils en sont venus à inventer le wokisme, ces demeurés.
En plus, Marion mange son bout de pizza... froid.
Oh, ça peut se comprendre hein, j'en ai bouffé de la pizza froide, et même de pires trucs, en rentrant bourré de boîte. Mais là, il est à jeun, on est en plein jour... pourquoi il s'impose ça ? Pour faire des économies ? Ben mec, éteint la lumière inutile et fous donc ton reste de pizza dans le micro-ondes, bordel !
Allez, Marion décide de regarder un peu la télé, et il attrape la télécommande avec ses gants remplis de cendres de clope, de pizza et d'huile de flingue. On n'est plus à ça près. En ce qui concerne la télé, OK on est en 1986, m'enfin, quand même... on sent qu'il n'a pas foutu une paie complète dedans hein.
D'ailleurs, la déco n'a aucun sens. Il y a des photos de criminels punaisées un peu partout (pourquoi ? fais ça au poste, pas chez toi), un bordel indicible sur son... "bureau" (qui sert visiblement à tout), deux écrans d'ordinateur (qui ressemblent à des minitels) côte à côte (dans les années 80, je vous assure que le coup du double écran, c'était quand même rare), et un bibelot de merde sur la télé. Je n'ai pas réussi à voir s'il s'agissait d'un sanglier, d'un rhinocéros ou d'autre chose, mais, en tout cas, ça fait plus "chez la mère à Titi" que "chez Cobra". Un type comme ça, qui range les produits d'entretien dans le frigo, ça n'achète pas des conneries de décorations pour foutre sur la télé. Ou alors, c'est un proche qui lui a filé ça à Noël, mais bordel, pour un proche, il ne le connaît par du tout alors. Parce que Marion, c'est le mec à qui tu offres une hache, un poing américain ou des haltères, mais certainement pas une boule à neige ou un napperon.
Alors, que nous apprend ce film ? Eh bien, plusieurs règles de vie importantes.
1. À partir du moment où tu portes des gants, tu n'as plus à te soucier de l'hygiène, puisque... ben... puisque tu portes des gants.
2. La pizza froide, à très petite dose, possède des vertus anabolisantes.
3. Le top de la coolitude, outre les Ray-Ban et les gants en cuir, c'est la bestiole décorative sur la télé.
Dans la même série :
Scènes Improbables #1 : La Bécasse et le Céléri (Les Parisiennes)