Aujourd'hui, on se tape un trip psychédélique avec le Top 3 des films dans lesquels on peut suivre le Lapin Blanc. Ça a l'air bizarre comme sujet, mais vous allez voir, ça le sera sans doute plus que vous le pensez.
Follow the White Rabbit
En 1966, Grace Slick compose et écrit White Rabbit, un titre psychédélique qui évoque la prise de puissants psychotropes de manière métaphorique. Elle va interpréter cette chanson avec son groupe de l'époque, The Great Society, avant de rejoindre rapidement le mythique Jefferson Airplane, qui en enregistrera la version la plus célèbre. Le groupe va connaître un énorme succès (citons notamment son autre classique, Somebody to Love) et va évoluer au fil du temps, se transformant en Jefferson Starship puis simplement Starship (le Starship des années 80, qui signa entre autres Nothing's Gonna Stop Us Now, grand succès de 1987 et bande originale du film Mannequin).
Mais revenons à notre lapin blanc. White Rabbit est si ancré dans la culture populaire que de très nombreuses œuvres, et notamment un paquet de films, vont s'offrir ce titre (ou une reprise) pour leur piste audio. Et parmi eux, de sacrés bons films même, comme nous allons le voir tout de suite.
Platoon
C'est Oliver Stone, en 1986, qui ouvre le bal avec Platoon. Chris Taylor, engagé volontaire dans l'armée américaine, découvre la réalité du terrain en arrivant au Vietnam. Sa section est déchirée entre deux fortes figures : le sergent Barnes, un vétéran dur et impitoyable qui en impose même à son lieutenant, et le sergent Elias, expérimenté également mais bien plus humain. Pour Taylor, ces deux hommes symbolisent alors son dilemme intérieur et la lutte constante entre la violence nécessaire pour survivre et la conscience qui vient la modérer et la cadrer.
C'est lors d'un moment de détente, alors que les soldats fument de la marijuana dans un baraquement spécialement aménagé et éclairé à l'aide de bougies, que White Rabbit se fait entendre. De la drogue, un titre populaire à l'époque où se déroule le film, une référence parfaitement logique donc.
The Game
C'est David Fincher, en 1997, qui ramène le lapin sur le devant de la scène avec l'excellent The Game.
Nicholas van Orton, un riche capitaine d'industrie, est un homme seul, implacable, hanté par le suicide de son père. Alors qu'il s'apprête à fêter ses 48 ans, son frère lui offre un cadeau intrigant. Une simple carte lui permettant de participer à un jeu. Un jeu dont Nic ignore le but, mais qui va bouleverser sa vie.
White Rabbit résonne quand Nicholas rentre chez lui, un soir. Il découvre que sa demeure est sens dessus dessous et que les murs ont été tagués. Ici, l'utilisation de la chanson est plus subtile. Elle marque un moment important, où le personnage central est désorienté, il évolue dans un monde dont il ne comprend plus les règles. L'effet est encore appuyé par l'utilisation de lumière noire, qui donne à la scène un côté irréel et fait ressortir les étranges inscriptions sur les murs. Nous ne sommes plus dans de la prise de drogue au sens strict, mais plutôt dans une déformation du réel, dans l'irruption de l'étrange au sein même de ce que l'on considère comme le monde normal et familier.
Matrix Resurrections
Mais c'est avec Matrix Resurrections, en 2021, que White Rabbit atteint son apogée et, en quelque sorte, "boucle la boucle". Dans cette suite de la trilogie originelle, Thomas Anderson est chargé de développer la suite de son jeu le plus populaire : Matrix. Mais Thomas a un gros problème. En effet, il a de plus en plus de mal à se convaincre que l'univers qu'il a créé n'est pas la réalité.
C'est lors d'une réunion de commerciaux, censés définir ce que sera la suite de Matrix, dans l'univers de fiction Matrix, que White Rabbit, dans une version très particulière, vient de nouveau taquiner nos tympans. Alternent alors les scènes montrant l'avis des commerciaux et les plans se concentrant sur la vie, répétitive et insatisfaisante, d'Anderson.
Il est peu de dire que White Rabbit et Matrix sont liés. Ils sont en fait intimement intriqués.
Rappelons-nous, dans le premier opus, Neo se voit conseiller de "suivre le lapin blanc", ce qui fait écho aux paroles : "And if you go chasing rabbits, and you know you're going to fall...". Dans la saga, le fait de s'éveiller, de faire face à la réalité, est symbolisé par l'absorption de pilules (la bleue pour rester endormi, la rouge pour s'éveiller), ce qui fait référence à la drogue (censée "ouvrir les portes de la perception") de la chanson : "One pill makes you larger, and one pill makes you small, and the ones that mother gives you don't do anything at all". L'on peut extrapoler un peu, et trouver même des connexions avec les agents de la matrice, censés défendre le système ("When the men on the chessboard, get up and tell you where to go"), ou encore trouver une similitude avec le caractère factice de la simulation, dont les règles peuvent être changées ("When logic and proportion have fallen sloppy dead").
La voix envoûtante de Grace Slick et l'univers de Matrix sont donc indissociables, mais on vous a gardé le meilleur pour la fin. Vous vous rappelez, au début de cette Parenthèse, quand la chanteuse compose White Rabbit et rejoint ensuite le groupe Jefferson Airplane ? Et savez-vous où ce groupe a effectué sa première apparition publique ? Eh bien, au 3138 Fillmore Street, à San Francisco. Et vous savez ce qu'il y avait, au 3138 Fillmore Street, de 1965 à 1972 ? Une boîte de nuit appelée... The Matrix.
Miaw !
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