Batman Beyond par Sean Murphy ? Sérieux ?
Bah oui, ma gueule ! Et c'est pas mal, même si ça aurait pu être encore mieux.
Le premier tome, Batman : White Knight, était une tuerie. Sa suite directe, Batman : Curse of the White Knight, entérinait la vision de Sean Murphy du Batverse. Avec Batman : Beyond the White Knight, l'auteur nous projette plusieurs années dans le futur pour y retrouver, certes, des protagonistes vieillissants mais encore alertes, mais surtout un nouveau Batman tout droit issu de la série animée Batman Beyond.
Faites place à Terry McGinnis et son armure flexible en alliage de carbone, volante, dotée de griffes et de tonnes de gadgets mais aussi... commandable à distance.
Vu comme un danger par une opinion publique convaincue par Jack Napier, Batman s'est donc rendu à la police pour faire face à ses responsabilités. Avant d'être jeté en taule, il a légué sa fortune à la ville de Gotham City pour que les habitants en bénéficient tous.
Douze ans plus tard, Terry McGinnis se faufile sous les restes du manoir Wayne à la recherche du dernier costume prototype conçu par Bruce.
Dans une Gotham City futuriste, le GTO est devenu une entité indépendante du GCPD qui bénéficie en priorité des ressources (financières et matérielles) de Wayne.
Il avait été reproché à Batou, dans le premier tome, de ne pas offrir sa technologie aux forces de police (point que l'on peut considérer comme une faille du scénario du premier, au regard du taux insensé de corruption au sein du GCPD, si l'on en croit à peu près tous les comics écrits sur le Batverse)... voilà maintenant que des flics plus ou moins équipé façon Batman s'essuient quotidiennement les bottes cloutées sur la face de la moindre liberté individuelle. Le groupe d’intervention créée par Jocker/Jack Napier est devenu une bat-milice commandée par Richard Grayson qui agit quasi en concurrence avec la police de Barbara Gordon.
On est donc en plein Batman Beyond, petite pépite des années 2000 du DC Animated Universe.
Ou plutôt, Batman est en plein Batman Beyond... Ce tome se concentre en effet sur le revirement que constitue l'évasion de Bruce de sa prison pour empêcher McGillis de faire trop de dégâts. On continue donc avec un récit focalisé sur Bruce et, étrangement, sur Jack Napier (le Joker de cet univers) ou, tout du moins, une version de lui quelque peu... éthérée et altérée. On y retrouve aussi avec plaisir la Harleen Quinzel de cet univers, déjà développée dans un spin of chroniqué ici.
Batman : Beyond the White Knight offre moins de profondeur en termes de narration que ses deux prédécesseurs mais reste très agréable à lire en raison de la patte graphique toujours soignée, de ses très nombreux clins d'œil à la série Beyond au sein de Neo-Gotham (on sent l'influence des anticipations urbaines telles que le Neo-Tokyo de Katsuhiro Otomo) mais aussi à d'innombrables doudous de toutes époques pour batfans de toutes origines. Mentions spéciales personnelles pour l'amour du Joker envers le Tumbler Batmobile vu dans les films de Nolan et pour le retour de la Batmobile façon Burton en 1989, seule et unique Batmobile à mes yeux : le mythe absolu. Mais qui s'en préoccupe ?
Cet album dégueule de fan service jusqu'à parfois s'y égarer mais n'atteint jamais quand même l'indigence scénaristique de certaines adaptations cinématographiques récentes, comme cet indigne étron que pouvait être le Spider-Man réunissant trois générations d'acteurs incarnant Spidey et qui semblait n'avoir été écrit que comme un prétexte (laborieux et boursouflé d'incohérences) à leur rencontre pour faire bander les Spideyphiles.
Ici, l'on regrettera parfois certains manques de finesse dans l'exposition d'éléments clairement posés là par amour de Murphy pour la mythologie de son personnage central... ce n'est pas bassement putassier, ça sent le partage de fan à fan. Même si ça n'en reste pas moins parfois envahissant.
Visuellement, le coloriste habituel de Sean Murphy, Matt Hollingsworth, est remplacé ici par Dave Stewart. On ne peut pas dire que ça révolutionne quoi que ce soit : l'ambition a clairement été de respecter la patte du prédécesseur pour assurer une forme de continuité. Mais comme c'était bien, pourquoi nous en plaindrions-nous ?
À noter : la présence d'un interlude retraçant une partie du parcours de Jason Todd depuis qu'il a sauvé sa vie des mains du Joker en lui avouant l'identité de Batman... détruisant son avenir en tant que Robin par la même occasion.
C'est que nous ne priverons bien entendu pas Sean Murphy d'explorer une fois de plus les thèmes de la transmission et du pardon, voyez-vous... mais il le fait bien, laissons-le faire : ces thématiques ont plus leur place chez le Black Crusader que nulle part ailleurs, après tout.
Alors, oui, Sean.. tu nous as encore convaincus, avec ton White Knight mais moins enthousiasmés qu'auparavant néanmoins... Nous attendons donc la potentielle suite avec, cette fois, un focalisation qui osera enfin se détacher de l'ami Bruce pour braquer le Batsignal sur le très prometteur Terry et son costume futuriste. Parce que oui, comme Rapier, on trouve cet assemblage de héros charismatiques au possible mais leur père spirituel à tous a désormais l'âge de céder sa place au premier rang et d'endosser enfin à temps plein le rôle de mentor, ne crois-tu pas ?
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