On continue avec les One Bad Day de DC publiés chez Urban Comics.
Cette fois, Bane se rachète et Freeze change le monde.
Bonjour à tous, habitants de Gotham ! Il y a encore des gens qui crèchent ici ? Mais vous êtes des malades ! Vous savez qu'il existe de par le monde des milliers de villes où aucun gars cintré n'essaye de vous refroidir en vous congelant ou de vous allumer au lance-flammes ? Il faut déménager avant que votre appartement ne vaille vraiment plus rien, les gars, sérieux ! Il reste surprenant que cette ville soit encore habitée par des
Bane est un personnage de lutteur masqué dopé au Venin, un super-stéroïde transfusé dans son cortex cérébral, bien connu des fans de comics et plus encore des gens dans l'univers de celui-ci. Après tout, il est l'homme qui a brisé la chauve-souris. Littéralement, hein : il lui a pété la colonne vertébrale en la fracassant sur son genou dans une prise de catch qui doit se nommer "le brise-reins", sauf erreur.
Depuis, Bane reproduit cet exploit soir après soir sur des rings miteux, devant une foule visiblement pas vraiment très fan de Batman. Enfin débarrassé de son addiction au Venin, il s'est donné pour mission d'éradiquer cette drogue expérimentale militaire de la surface de la Terre et a même fait équipe avec le Dark Knight par le passé, pour ce faire.
Dans ce volume, un jeune homme va vouloir lui vendre du Venin alors qu'il n'est supposé en rester nulle part. Il n'en faudra pas plus pour que notre montagne de muscles hypertrophiés se lance dans une nouvelle croisade d'éradication de ce fléau, relançant au passage sa rivalité avec Bruce Wayne, seul adversaire qu'il juge digne de lui et qui lui avait promis un combat loyal une fois le venin disparu.
Joshua Williamson nous offre un titre bien écrit et fourmillant de références, où un Bane repenti fait ce qu'il sait faire de mieux : péter des bouches dans des effusions de sang. Car oui, la particularité de ce One Bad Day est sans doute celle-ci : son absence totale de concession. Son personnage central a beau être ici mu par de nobles intentions, il n'en reste pas moins un colosse s'adonnant sans retenue à l'hyper violence lorsque la situation l'exige à ses yeux... et la situation l'exige souvent, semble-t-il. En ce sens, nous avons donc là un récit qui, à l'instar de celui consacré au Sphinx, respecte la personnalité de son personnage central ; et ceci dans le fond tout autant que dans la forme.
En effet, Howard Porter nous offre un dessin anguleux, torturé, déchiré, cabossé et une mise en couleurs de Tomeu Morey dont la sobre efficacité sait se faire aussi parlante qu'un direct de Bane en plein foie. Notre catcheur n'y est plus aussi monumental que lorsque le Venin lui empoisonnait les veines mais il en est d'autant plus impressionnant et radical.
Mr. Freeze est loin d'égaler le gabarit de Bane. Le seul organe impressionnant chez lui est sans doute son cerveau. Bien conscient de cela, Richard (Dick Grayson), alors tout jeune Robin, va influencer son mentor masqué afin de le pousser à aider Victor Fries dans sa recherche d'un traitement pour sa femme Nora. Mais si, vous savez : Nora, son épouse malade et cryogénisée en attente d'un traitement futur pour son mal...
Cette histoire a été vue et revue, écrite et réécrite... l'on se souvient même d'épisodes de la vénérable série animée Batman qui nous narraient déjà ces événements. Toutefois, cette version de Gerry Duggan apporte son lot d'originalités et de bonnes nouvelles : le concept One Bad Day y est respecté, de nombreux flashbacks d'une poétique mélancolie apportent des éclaircissement sur le passé de Freeze, l'on y découvre quelques aspects et compétences rarement exploités de notre Batman mais, et c'est là le point le plus rafraîchissant (haha) de ce tome, le jeune et pétillant premier Robin nous séduit avec toute sa candeur et son énergie ; il y a longtemps que les Robin ne sont plus taillés dans ce bois et, à la lecture de cet album, on se rappelle pourquoi et comment ce personnage a pu devenir le si sympathique Nightwing que l'on connaît désormais et dont nous faisions déjà les éloges en nos pages il y a quelques mois.
Enfin, Freeze y adopte pour la première fois un positionnement radicalement différent de celui qu'on lui connaît vis-à-vis de son infortunée épouse... Plutôt égoïste et passablement misogyne, ce nouvel éclairage efface un peu de la sympathie que l'on pouvait développer pour celui que la série dérivée nous décrivait quasiment comme un héros romantique - mais cela se fait au profit d'un gain d'humanité, en ce qu'elle a de plus mesquin et veule.
Matteo Scalera, pour sa part, nous offre un dessin très expressif et fleurant bon la nostalgie d'une autre époque des comics... le tout saupoudré d'une palette limitée, restreinte aux teintes hivernales et à leurs opposées les plus contrastantes, signée Dave Stewart. L'ensemble crée une impression globale d'œuvre intemporelle (et je sais que cette formule donne l'impression que j'écris dans Les Inrocks mais que dieux et diables m'en préservent !).
En résumé, nous avons là deux bons exemples de ce que peut donner ce concept de One Bad Day. Pour peu que ce soit bien fait, ce genre de stand alone est tout autant un exercice de style qui peut ravir les connaisseurs de l'univers qu'une porte d'entrée agréable pour les novices.
Nous vous recommandons tout autant la lecture de l'un que de l'autre, cette fois. Et c'est avec une confiance renouvelée que nous voyons poindre à l'horizon les tomes consacrés à Catwoman et au Pingouin.
Nous vous recommandons tout autant la lecture de l'un que de l'autre, cette fois. Et c'est avec une confiance renouvelée que nous voyons poindre à l'horizon les tomes consacrés à Catwoman et au Pingouin.
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