Aurora #2 : Signal


On ne peut pas dire que la situation s'améliore ; mais on s'en doutait.


Voici donc le volume 2 d'Aurora, toujours issu de la collaboration entre Bec (au scénario) et Raffaele (au dessin).

Il va être malaisé de dire autre chose de cette suite que ce qui fut déjà dit sur le tome 1 qui était intitulé Phénomènes, déjà chroniqué ici-même (relisez l'article, les gars ; je ne vais pas le réécrire !). Toutefois, l'histoire avance...

Là où le bât blesse, c'est qu'elle avance dans la direction prévue - une direction on ne peut plus prévisible, en effet, puisqu'annoncée dès le tome 1, en raison de la structure narrative particulière de celui-ci ; rappelons qu'il s'ouvre sur des événements ultérieurs au reste du volume... événements par lesquels nous savons donc qu'il faudra bien que passe le récit.

Pour originale que soit cette approche, elle condamne l'auteur à réussir à captiver le lecteur malgré cette sorte d'autospoil, si vous permettez ce néologisme. Y parvient-il ? 
Eh bien, par moments, au travers de surprises que nous réservent certains enfants de l'Aurore dans leur histoire personnelle, oui... mais c'est tout et ce n'est pas toujours suffisant pour vraiment susciter l'intérêt continu, surtout si l'on est relativement familier de ce type de récits - car, en ce cas, même une bonne partie de ces surprises s'avèrent en réalité assez prévisibles. 

C'est le souci des œuvres extrêmement référencées : si l'on a les références, on voit souvent venir ce qui va arriver.

Cette audace d'écriture du tome 1 qui lui permettait de s'ouvrir sur des événements sanglants contemporains au présent de narration de la fin du tome 2 constitue donc un piège pour ce second album. Toutefois, la suite, elle, nous est inconnue et, si nous savons qu'il va falloir que "la meute" des enfants de l'Aurore se rassemble et se coordonne, si nous avons bien compris que ses intentions sont assez loin d'être pacifistes, il n'en reste pas moins que l'on ignore presque tout de ses ambitions en dehors du fait que, du haut de leur nombre de 220.000 individus, ils disent incarner la fin des temps.
Les tomes suivants devraient donc moins souffrir de ce handicap.


Autre petit souci de la série : on assiste à la croissance et l'épanouissement de quelques-uns de ces gosses mais aucun d'entre eux ne saurait parvenir à s'attirer notre sympathie, quoi qu'il lui arrive de positif ou de négatif : étant tous insensibles, ils n'éveillent en nous aucun empathie, aucune compassion.
Le récit nous semble manquer d'un naïf, d'un candide, d'un regard extérieur attachant qui pourrait être l'œil du lecteur normalement constitué. 

Il semble que Bec soit bien conscient de cela car il a prévu un personnage qui pourrait, selon nous, remplir ce rôle : Viktoria Bell, une enfant de l'Aurore... mais la dernière née d'entre eux car sa mère a accouché en Antarctique, à 250m du Pôle Sud... Elle perçoit comme les autres gamins les messages, elle ressent ses semblables mais n'a aucun de leurs troubles comportementaux, est parfaitement adaptée socialement et ne se sent pas obligée de répondre à l'appel de la meute qu'elle perçoit malgré tout...

Néanmoins, le narration externe omnisciente se plaisant à zapper d'un enfant à l'autre, son histoire est pour le moment une parmi d'autres (ce qui est assez logique tant que sa route ne s'éloigne pas trop de celle de ses semblables). Gageons que cette demoiselle va prendre de plus en plus d'importance et que son statut exceptionnel permettra bientôt un point de vue interne avec juste ce qu'il faut d'implication.
À voir.  

Notons qu'il ne s'agit nullement de Viktoria sur l'illustration ci-contre, mais... nous tenions à partager avec vous cette case. Pour son esthétisme, bien entendu !

Une BD tout à fait recommandable dans le genre, donc, mais qui souffre de l'obligation très européenne (coucou, les éditions Soleil !) de devoir être reliée par volumes d'une soixantaines de planches. Si les tomes 1 et 2 avaient été un seul et même gros volume, il n'y aurait eu aucun souci de narration à leur reprocher.


+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Tout reste, qualitativement, parfaitement honorable.

  • La structure narrative du tome 1 en dévoilait beaucoup et amène ce tome 2 à manquer de surprise...