Le dernier projet porté par Jonathan Cohen s'intitule Sentinelle et est disponible sur Prime.
Alors, désastre ou honnête comédie ?
François Sentinelle est un flic, parfaitement incompétent et imbu de lui-même, œuvrant sur l'île de la Réunion. Le gars a une passion également : la chanson. La chanson bien ringarde et fleur bleue. Mais lui, évidemment, se trouve irrésistible. C'est alors qu'il prépare la sortie de son nouvel album qu'une affaire touche l'une des notables de l'île. Menaces, enlèvement, magouilles politiques, Sentinelle, chargé d'une enquête qu'il est loin de considérer comme sa priorité, va devoir faire face à un complot qui le dépasse.
Heureusement, son adjoint, Morisset, bien plus efficace, va l'aider à sauver les apparences.
Niveau scénario, ça reste assez simple, tout cela étant prétexte à une suite de gags. Et... ça fonctionne plutôt bien. C'est même carrément au-dessus de la plupart des comédies françaises actuelles. Évidemment, il vaut mieux apprécier Jonathan Cohen, l'essentiel du film reposant sur lui. Il s'en sort d'ailleurs bien, même s'il reste éternellement coincé dans son personnage habituel de crétin prétentieux. Mais le film ne repose pas entièrement sur l'acteur et possède quelques atouts.
L'écriture n'est pas aussi simpliste qu'on pourrait le penser. Les gags sont notamment de diverses natures, avec aussi bien des scènes très "physiques" que des dialogues parfois savoureux. Ce n'est pas du Audiard, mais ça fait souvent mouche.
Ce long-métrage a toutefois subi des critiques parfois très sévères, et souvent hors de propos. Certains lui reprochent par exemple la chanson de Sentinelle, très "premier degré". Mais, tout comme la chanson interprétée dans La personne aux deux personnes par Chabat, il est impératif qu'elle soit crédible. Et encore, elle est même un poil trop débile, mais ça doit rester quelque chose de plausible. Nul mais plausible. Sans cela, ce n'est pas drôle. On n'est pas du tout dans un film absurde, comme certains ont pu l'affirmer. Les situations doivent être crédibles, seul le personnage principal est idiot, c'est cela qui amène le décalage.
Même chose par exemple pour la scène où le Sorcier et Florence essaient de se parler alors qu'ils sont en voiture. Ils jouent très sérieusement, et c'est justement ce sérieux qui rend la scène comique (ils ne peuvent absolument pas faire les débiles, à la Éric et Ramzy). Bref, il semble que ceux qui n'ont pas aimé cette comédie l'aient avant tout mal comprise. On a pu lire également, ici ou là, des comparaisons avec les films des frères Zucker... mais quel rapport ? Ce n'est pas du tout le même genre d'humour. Dans Y a-t-il un pilote dans l'avion, par exemple, tout est absurde. Le médecin fait n'importe quoi, les pilotes également, les hôtesses, les contrôleurs aériens, rien n'est réaliste. Dans Sentinelle, on est bien plus proche d'un film comme La Chèvre (au niveau du registre, pas forcément de la qualité) que des productions des Zucker. C'est le décalage du personnage principal (malchanceux et naïf dans La Chèvre, incompétent et stupide dans Sentinelle) qui génère les gags.
Encore une fois, si vous êtes allergique au personnage et à l'humour de Jonathan Cohen, vous allez passer un moment un peu compliqué, mais si vous êtes sensible au charisme du comédien, l'ensemble se regarde vraiment avec plaisir.
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