Quelques explications s'imposent concernant ce Batman qui n'est en réalité par Bruce Wayne mais le jeune Terry McGinnis. Les comics Batman Beyond sont en fait tirés de la série animée de 1999, diffusée en France sous le titre Batman, la relève.
Ce premier tome ne constitue pourtant pas le début de l'histoire puisqu'il existe deux séries précédentes (Batman Beyond vol. 1 et 2) qui reprenaient l'ambiance et une partie de la trame du dessin animé. Les Batman Beyond vol. 3 et 4, présents ici, se situent, eux, après le long-métrage Le Retour du Joker. Enfin, les Batman Beyond vol. 5 et 6 seront publiés par Urban Comics dans les deux prochains tomes de la collection DC Beyond.
Tout cela veut donc dire que, bien que l'on découvre un nouveau Batman et que ce soit le "numéro #1" d'une nouvelle série, on n'assiste pas aux réels débuts de McGinnis. Lorsque l'histoire commence, il est déjà Batman et officie sous les ordres d'un Bruce Wayne vieillissant et passablement ronchon.
Le récit se déroule vers la fin des années 2050 et le début de la décennie suivante. Wayne a raccroché les gants après avoir été blessé et, surtout, après avoir été obligé de faire usage d'une arme. Terry McGinnis a découvert par hasard l'identité secrète de Batman et a depuis pris la relève dans une Neo-Gotham infestée par les criminels en tout genre, et notamment par des gangs de Jokerz.
Tout cela est heureusement expliqué en début d'ouvrage grâce à une frise chronologique, un texte portant sur la série animée et, surtout, un topo sur tous les personnages principaux. Ainsi, même si vous découvrez cette version du personnage, vous ne partez pas dans le flou complet.
On débute par un annual Superman/Batman qui voit Terry obligé d'aller effectuer une mission à Metropolis, sous la coupe de Lex Luthor. Ce dernier a en effet, pour se débarrasser de Superman, répandu dans les rues une nouvelle drogue à base de kryptonite. Tous les habitants en ayant consommé servent donc de "répulsif naturel" contre ce pauvre Supes, souffrant en plus de la perte de sa bien-aimée.
Les autres arcs racontent le retour de Silence (cf. cet article), l'apparition du nouveau Maître de la Matière, ou encore la tentative de déstabilisation de la société de Wayne par l'un de ses anciens ennemis.
Beaucoup d'action dans ces épisodes, une touche d'humour et, surtout, une "parkerisation" très nette du personnage principal. En effet, Terry, nouveau Batman plus effilé et au look plus épuré, fait penser par certains côtés à l'alter ego de Spider-Man dans ses jeunes années (ou à la version Ultimate), notamment à cause d'une vie privée chaotique subissant les aléas de ses activités super-héroïques. Sa relation avec sa petite amie Dana souffre par exemple énormément de ses absences répétées. Et puis, le jeune homme ne manque pas d'humour, contrairement à son prédécesseur, peu porté sur la vanne.
Le cadre est plutôt sympathique lui aussi, même si l'on aurait aimé que cette nouvelle Gotham et les technologies du futur soient plus détaillées. Superman est présent dans l'annual, avec un nouveau costume et beaucoup de vague à l'âme. L'on peut également découvrir une Justice League rajeunie, composée de Green Lantern, Aquagirl, Barda, Micron et Warhawk. On a droit également à une nouvelle Catwoman, au pouvoir étonnant mais finalement assez logique.
Niveau ennemis, on évite de tomber forcément dans le classique ou le déjà-vu. On peut noter par exemple l'intrigante organisation Undercloud, sorte d'Anonymous du futur, et surtout Inque, une adversaire au passé dramatique, très loin des clichés manichéens et simplistes.
Le scénario, de Paul Levitz et Adam Beechen, se révèle plutôt habile, plus sombre que le dessin animé, et même relativement innovant par certains côtés.
Les dessins, réalisés par Ryan Benjamin, Renato Guedes, Eduardo Pansica et Chris Batista, sont franchement agréables, certaines scènes sont impressionnantes et même les planches et personnages les plus cartoony ne manquent pas de charme.
Un mot sur la VF qui, étonnamment pour du Urban, se révèle peu soignée. Plusieurs coquilles et fautes (dont la sempiternelle confusion entre futur et conditionnel présent) sont présentes. Certaines font vraiment mal aux yeux ("si je le laissait"). Quelques constructions de phrases laissent également à désirer ("demande d'accès demandé", ce n'est tout de même pas très heureux). On a même quelques accentuations (cette façon de mettre en gras certains mots) un peu étranges. Par exemple, dans "nous ferons ce que tu nous diras", le choix est discutable. Il aurait été plus sensé d'accentuer le "tu", voir à la rigueur "ferons". Et dans un autre cas, pour ces mêmes mots en gras, certaines lettres n'ont pas été sélectionnées.
Pris isolément, tous ces petits défauts ne sont pas dramatiques, mais leur nombre fait un peu tiquer.
Voilà donc un Batman plus jeune, au caractère radicalement différent, dans un futur riche et connecté à la continuité par bien des allusions et personnages.
La suite (Batman Beyond Unlimited, 18 épisodes, dans le tome 2, et Batman Beyond Universe, 16 épisodes, tome 3) comprendra l'arc 10 000 Clowns et permettra de retrouver également la JLA et Superman.
Une nouvelle série pourrait voir le jour par la suite, d'autant que Terry McGinnis va prendre une certaine importance dans la saga Futures End, dont la première partie débarque chez Urban dans un mois à peine.
Conseillé.
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