Sortie ce mois de l'intégrale de Little Gotham chez Urban Comics. Une occasion de voir la Bat-family dans une version "chibi".
Si vous n'êtes pas familier avec le terme japonais "chibi", sachez qu'il désigne une version "mignonne" d'un personnage, caricaturé grâce à une taille réduite et une tête disproportionnée. C'est ce concept qu'a appliqué Dustin Nguyen à l'univers de Batman. Séduit par ce style graphique particulier, DC Comics a alors proposé une série au dessinateur, bientôt rejoint au scénario par Derek Fridolfs.
Li'l Gotham (en VO) était née.
La série sera d'abord réalisée en version numérique avant de connaître par la suite une publication papier.
Urban édite l'intégrale des douze épisodes dans ce Deluxe, paru il y a quelques jours. Chaque épisode est divisé en deux chapitres thématiques de dix planches chacun. Quant aux thèmes, ils sont tous liés à une célébration quelconque : Halloween, Noël, Thanksgiving, la Saint-Valentin, Pâques, la fête des mères, mais aussi le nouvel an chinois, Cinco de Mayo ou encore la Saint-Patrick (et même la comic-con de Gotham !).
Visuellement, c'est très réussi. Les aquarelles de Nguyen sont très jolies et représentent une Gotham plus lumineuse qu'à l'accoutumée. Les couleurs acidulées donnent également une touche très enfantine aux personnages.
Pour ce qui est de l'aspect narratif, il s'agit de brefs récits humoristiques, apportant parfois une touche d'émotion ou d'amertume. C'est le cas par exemple de l'épisode qui se termine par un Freezer écoutant un chant de Noël par... la fenêtre de sa prison. Ou encore de celui qui dévoile le spleen de Poison Ivy à l'arrivée de l'automne.
En ce qui concerne l'humour, c'est un peu plus délicat. Pour une raison bien simple, on ne rit pas tous des mêmes choses. Si l'on est à peu près tous touchés par les mêmes situations [1], l'on ne rit pas forcément aux mêmes blagues. Et entre l'absurde, l'humour anglais très pince-sans-rire, l'humour noir ou gras, la farce potache ou encore la satire, il existe des styles bien différents qui peuvent ou non faire sourire.
Dans le cas de Little Gotham, j'avoue n'avoir pas été très sensible à l'écriture de Fridolfs. Les blagues sont souvent lourdes et les jeux de mots encore pires. Par exemple, "Tokyo a du sushi à se faire" ne génère pas chez moi une hilarité extraordinaire.
M'enfin, quelques répliques font parfois mouche et il faut reconnaître que certaines situations font sourire. Les épisodes contiennent de nombreuses références à la personnalité ou aux séries des protagonistes, ce qui, bizarrement, réserve cette presque "parodie" à un public d'initiés.
Tous les habitués de Gotham font au moins une apparition, que ce soit Oracle, James Gordon, Nightwing, Terry McGinnis (cf. cet article) et, pour les criminels, Bane, le Sphinx, l'Épouvantail, Double-Face ou le Joker et sa groupie, Harley Quinn.
Bref, c'est mignon tout plein, agréable à feuilleter, et même si tout n'est pas à hurler de rire, loin de là, l'on passe tout de même globalement un moment sympa. Cette déclinaison de l'univers du Dark Knight vaut cependant plus pour son aspect graphique dépaysant et léché que pour la qualité de son écriture.
L'album est complété par une galerie de covers et un "who's who" exhaustif faisant un petit topo sur tous les personnages (57 en tout), du plus connu au simple "figurant".
A tester avant achat.
[1] La souffrance est l'affect universel le plus employé pour permettre l'identification à un personnage (cf. cet article).
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