Tout le monde ou presque connaît Alix, une bande dessinée, de style "ligne claire", créée en 1948 par Jacques Martin (non, ce n'est pas le mec de la télé) et qui continue sa route actuellement avec de nouveaux auteurs à la barre (cf. UMAC's Digest #5). Ces récits mettent en scène un jeune Gaulois intrépide, adopté par un romain, qui vit de nombreuses aventures à Rome mais aussi en Gaule, en Afrique ou encore en Asie mineure.
Alors que la série mère n'est plus aussi excitante qu'à l'époque de Martin, un spin-off voit le jour en 2012, sous le titre Alix Senator.
Le personnage principal a cette fois une cinquantaine d'année, il est devenu sénateur et a un fils. Sous l'impulsion de la scénariste Valérie Mangin, cette nouvelle série va prendre une orientation un peu différente. Bien qu'il y ait toujours de l'action en son sein, l'aspect aventure est ici parfois mis de côté au profit d'une approche plus politique, où complots, enquêtes et trahisons s'entremêlent.
Le premier tome, Les Aigles de Sang, est assez exemplaire de ce point de vue, puisque tout commence avec une mort aussi brutale qu'étrange : le Grand Pontife, dernier rival d'Auguste, vient de rendre l'âme après avoir été attaqué par un aigle. Beaucoup voient dans cet assaut venu du ciel la volonté de Jupiter. Cependant, quelque temps après, c'est cette fois Agrippa qui succombe à un nouvel assaut.
Auguste charge alors Alix d'enquêter sur ce qui pourrait bien être des crimes.
Le ton est réaliste, la série bien documentée, le mélange entre personnages historiques et fictifs fonctionne très bien. L'ambiance, résolument mature, tient aussi beaucoup aux forts beaux dessins de Thierry Démarez, qui signe aussi la colorisation. Décors et personnages sont soignés, même si certains visages ont parfois tendance à se ressembler. L'artiste est également plus doué pour les scènes statiques que l'action, certains combats ou personnages en mouvement se révélant parfois étrangement figés.
Cette première intrigue, parfois un peu prévisible (difficile de ne pas trouver le coupable dès le début), se poursuit en réalité dans les tomes suivants (Le Dernier Pharaon et La Conjuration des Rapaces) et prend de la consistance, le troisième album qui marque la fin d'un premier arc narratif étant sans doute le plus abouti.
Un quatrième album, Les Démons de Sparte, est sorti récemment (cf. UMAC's Digest #13).
Pour les anciens lecteurs, qui ont connu Alix dans leur enfance, le retrouver ainsi en sénateur aux cheveux blancs devrait être un réel plaisir. L'idée de le faire évoluer ainsi, dans un cadre plus politique, est en tout cas très bonne. Les nouveaux lecteurs, passionnés par l'Antiquité et Rome, devraient, eux, trouver dans cette série un style plus moderne, notamment au niveau graphique, que celui de la collection originale.
Pas sans menus défauts mais clairement intéressant, d'autant que l'ensemble s'améliore au fil des épisodes.
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