Gros plan sur une excellente série Netflix : Ozark.
Débutée en 2017 et toujours en cours, Ozark est une série à mi-chemin entre un Breaking Bad et The Shield. L'on y côtoie des gens (à peu près) normaux, confrontés au milieu interlope de l'Amérique profonde. Trois saisons (30 épisodes en tout) sont déjà disponibles. Notons que l'acteur principal, Jason Bateman, plutôt connu auparavant pour des comédies, réalise également plusieurs épisodes.
Voyons le pitch dans un premier temps.
Martin Byrde est un conseiller financier à la tête, avec son meilleur ami, d'un cabinet florissant. Et pour cause, les deux experts blanchissent l'argent du deuxième plus gros cartel du Mexique. Or, l'associé de Byrde a eu la brillante idée de voler leur pourtant terrifiant partenaire, qui ne le prend pas très bien. Du coup, le cartel exige d'avoir un rabais de 20 % sur leurs tarifs... non, évidemment. Le cartel envoie des types pour buter tout le monde. Sauf Martin qui s'en sort de justesse en proposant une idée audacieuse : quitter Chicago, trop voyant et dans le collimateur du FBI, pour s'installer dans les Ozarks, région sauvage du Missouri et lieu de villégiature qui regorge d'entreprises pouvant être mises au service des criminels.
La famille Byrde déménage donc pour la campagne, où elle va devoir se frotter à pas mal de problèmes.
Le gros point fort de la série est certainement son cadre : un immense lac situé au cœur des Ozarks et entouré de forêts vallonnées.
Aussi dépaysant que magnifique. Les seconds rôles sont également pour beaucoup dans le succès rencontré. Et si la série marche, étonnamment, c'est "malgré" ces deux personnages principaux.
Dans le rôle de Martin, on l'a vu, l'on retrouve donc un Bateman très effacé et subissant grandement l'action, ce qui est logique par rapport à son job (c'est un spécialiste des chiffres et des ordinateurs, pas de la baston et des flingues) mais ce qui n'aide pas à lui donner le charisme habituellement nécessaire pour le protagoniste qui est au premier plan.
Sa femme, interprétée par Laura Linney, est bien plus machiavélique mais carrément antipathique (ce qui est voulu aussi, au moins en partie). Du coup, le gros de l'identification va se faire sur des personnages secondaires nombreux, bien écrits et originaux.
L'on peut citer l'extraordinaire Ruth Langmore, interprétée par Julia Garner. Une gamine, déjà bien engagée dans la voie du crime avant l'arrivée des Byrde, et qui se révèle à la fois touchante et aussi dure que la roche des montagnes dont elle est originaire. Il y a aussi les enfants des Byrde, Charlotte et Jonah, qui vont vite découvrir l'activité réelle de leurs parents et réagir de diverses façons. Jonah notamment, va être parfois inquiétant, d'autre fois fort drôle. Le frère de Wendy Byrde, Ben Davis, malgré son intervention tardive (saison 3), va bénéficier d'une excellente scène d'exposition et obtenir un gros capital sympathie.
Dans Ozark, il n'y a pas de "bons". Il y a des salauds, qui se démènent tant bien que mal, et ceux qui sont encore pires. L'agent Petty par exemple, du FBI (un personnage très loin des clichés habituels), va utiliser des méthodes répugnantes pour arriver à ses fins. D'autres protagonistes, que l'on pensait plus "nobles", vont trahir ou sombrer dans la drogue. Les rares "civils" à peu près normaux, au milieu de tout ça, sont écrasés, manipulés, sacrifiés lorsqu'il le faut.
Et autant dire que c'est assez souvent nécessaire. En effet, si la filiation avec Breaking Bad se base sur le contexte (un type normal plongé contre sa volonté dans un milieu violent), l'écriture très tendue est très proche d'un The Shield (ou d'un SoA), avec un suspense constant et des situations en apparence inextricables dont les personnages, plongés dans une spirale sans fin, s'échappent de justesse, par la ruse ou, bien souvent, par des crimes qui reviendront les hanter.
Outre les intrigues purement criminelles, la série s'attache aussi évidemment à suivre l'évolution des Byrde en tant que famille relativement... dysfonctionnelle. La thématique est d'ailleurs intéressante et ne manque pas de cynisme : comment en effet imposer des règles à vos enfants quand ils savent pertinemment que vous-même, en tant que hors-la-loi, n'en respectez aucune ? Un humour noir, rare mais efficace, vient également faire un contrepoids indispensable aux scènes plus violentes ou dramatiques. Au final, l'on s'attache vite non forcément aux Byrde mais à leur environnement parsemé de dangers et d'êtres à demi-brisés par la vie et les actes de leurs proches. Les moments d'émotion pure sont également d'une rare efficacité, comme le discours de Jonah, mature et poignant, lors de l'enterrement d'un personnage secondaire important.
Bref, les qualités de Ozark sont nombreuses et il ne faut que quelques soirées pour engloutir avidement les 30 épisodes disponibles. Une saison 4 plus longue (14 épisodes) a été annoncée comme la conclusion ultime de cette saga. Il faut espérer un final amer et bouleversant, à la hauteur des agissements des Byrde, des Langmore et des autres salopards que l'on a envie de détester et d'aimer dans un étrange sentiment contraire mais persistant.
Une série de qualité, vivement conseillée.
L'on peut citer l'extraordinaire Ruth Langmore, interprétée par Julia Garner. Une gamine, déjà bien engagée dans la voie du crime avant l'arrivée des Byrde, et qui se révèle à la fois touchante et aussi dure que la roche des montagnes dont elle est originaire. Il y a aussi les enfants des Byrde, Charlotte et Jonah, qui vont vite découvrir l'activité réelle de leurs parents et réagir de diverses façons. Jonah notamment, va être parfois inquiétant, d'autre fois fort drôle. Le frère de Wendy Byrde, Ben Davis, malgré son intervention tardive (saison 3), va bénéficier d'une excellente scène d'exposition et obtenir un gros capital sympathie.
Toute la faune locale (ou plus lointaine) ne manque pas non plus de "charme".
Il faut dire que les Byrde vont être confrontés à des rednecks ultra-expéditifs, à la mafia de Kansas City, au FBI et globalement à un tas de tarés plus dangereux les uns que les autres, dont les mexicains énervés déjà cités.
Dans Ozark, il n'y a pas de "bons". Il y a des salauds, qui se démènent tant bien que mal, et ceux qui sont encore pires. L'agent Petty par exemple, du FBI (un personnage très loin des clichés habituels), va utiliser des méthodes répugnantes pour arriver à ses fins. D'autres protagonistes, que l'on pensait plus "nobles", vont trahir ou sombrer dans la drogue. Les rares "civils" à peu près normaux, au milieu de tout ça, sont écrasés, manipulés, sacrifiés lorsqu'il le faut.
Et autant dire que c'est assez souvent nécessaire. En effet, si la filiation avec Breaking Bad se base sur le contexte (un type normal plongé contre sa volonté dans un milieu violent), l'écriture très tendue est très proche d'un The Shield (ou d'un SoA), avec un suspense constant et des situations en apparence inextricables dont les personnages, plongés dans une spirale sans fin, s'échappent de justesse, par la ruse ou, bien souvent, par des crimes qui reviendront les hanter.
Outre les intrigues purement criminelles, la série s'attache aussi évidemment à suivre l'évolution des Byrde en tant que famille relativement... dysfonctionnelle. La thématique est d'ailleurs intéressante et ne manque pas de cynisme : comment en effet imposer des règles à vos enfants quand ils savent pertinemment que vous-même, en tant que hors-la-loi, n'en respectez aucune ? Un humour noir, rare mais efficace, vient également faire un contrepoids indispensable aux scènes plus violentes ou dramatiques. Au final, l'on s'attache vite non forcément aux Byrde mais à leur environnement parsemé de dangers et d'êtres à demi-brisés par la vie et les actes de leurs proches. Les moments d'émotion pure sont également d'une rare efficacité, comme le discours de Jonah, mature et poignant, lors de l'enterrement d'un personnage secondaire important.
Bref, les qualités de Ozark sont nombreuses et il ne faut que quelques soirées pour engloutir avidement les 30 épisodes disponibles. Une saison 4 plus longue (14 épisodes) a été annoncée comme la conclusion ultime de cette saga. Il faut espérer un final amer et bouleversant, à la hauteur des agissements des Byrde, des Langmore et des autres salopards que l'on a envie de détester et d'aimer dans un étrange sentiment contraire mais persistant.
Une série de qualité, vivement conseillée.
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