Quand les guerriers vikings, fiers héritiers d'ancestrales traditions nordiques, partagent leur univers avec de redoutables sirènes guerrières et d'imposants trolls ma foi tout aussi guerriers... bien évidemment, ça cause tricot et macramé !
Ce tome 1 débute avec une partie de pêche durant laquelle un équipage viking récupère dans ses filets une jeune sirène nommée Oumna. Dans un Disney, on aurait droit à la naissance d'une romance mais pas ici. Ici, elle se prend un coup de harpon en pleine poitrine, décède et est rejetée à la mer comme une erreur de pêche.
Cela déclenche l'ire légitime d'une de ses sœurs qui détruit l'embarcation humaine et entraîne ses occupants par le fond.
Dans les abysses, la mère d'Oumna apprend la nouvelle mais refuse de céder à la colère, comme le lui suggère une de ses autres filles. Bien que ses enfants lui demandent de déchaîner le Jörmungand (un monstre marin, du genre costaud et pas jouasse) pour se venger de ce peuple norrois devenu méprisant et dangereux, elle refuse, au nom de la patience. Elle a en effet la certitude que les humains, belliqueux et prétentieux, finiront par s’entre-tuer... Perspicace, la gueuse !
Malheureusement, ses filles ne sont pas aussi sages qu'elle. Quelques semaines plus tard, à l'aide d'une conque magique, elles contrôlent le fameux monstre marin pour s'attaquer à des vikings. Un seul d'entre eux est épargné, pour qu'il puisse servir de témoin de la puissance des sirènes.
A partir de là, Ingvald, fils du Jarl local, et Borglinde, sa compagne demi-troll, vont avoir pour mission de se renseigner sur le pouvoir de la conque auprès des trolls, les êtres qui, en cet univers, connaissent le mieux la vieille magie.
L'histoire, par la suite, mêlera amour, pacte d'alliance, trahison et vengeance dans un schéma classique mais efficace.
D'un point de vue scénaristique, cette histoire se suffit à elle-même et est agréable à découvrir.
L'univers, lui, m'a un rien décontenancé. La présence de la demi-troll peut effectivement sembler surprenante, au début... mais, en amateur d'heroic fantasy, c'est l'aspect des trolls eux-mêmes qui m'a étonné : on dirait des orques tels qu'imaginés par feu la marque de figurines Rackham... Mais soit. Trolls, orques, ce n'est qu'un mot.
On a donc, dans cet univers, des vikings beaux et propres sur eux, des sirènes dont le character design est de loin le plus travaillé des espèces intelligentes présentes (j'adore le travail fait sur ces créatures, visuellement), des trolls bodybuildés à chignon et barbe tressée et un gros, très gros Jörmungand monstrueux qui claque la classe ! Sans rire, je suis peu adepte des monstres marins, dans les histoires tant, souvent, je leur trouve des allures ridicules de grosse poiscaille mais là, rien à voir : sur certaines planches, la bête est impressionnante.
Autre étrangeté : les paysages qui nous sont offert m'ont semblé très génériques. Étonnant de ne pas voir l'album céder au charme des grands espaces majestueux dont on gratifie généralement les légendes nordiques...
Graphiquement, c'est beau, c'est certain. C'est très travaillé. Le trait et la mise en couleurs de Phil Briones me font étrangement penser à d'autres dessinateurs, comme celui de Golden City, par exemple, pour ceux qui connaissent. Mais si c'est très beau, c'est aussi un des reproches que je ferais à l'album : on est dans un traitement d'images tellement propre que l'on pense davantage à un conte de fée qu'à un mythe ou une légende. Rien de bien grave mais les illustrations de couverture, par exemple, me semblent mieux convenir aux thématiques développées.
Autre léger reproche : j'espère ne pas être le seul à avoir cette impression mais... les quelques dernières planches semblent moins exemptes de défauts graphiques que les autres. Peut-être le dessinateur a-t-il dû se précipiter vers la fin. Lors de la dernière scène (sur le drakkar pour ceux qui liront la BD), certains visages et proportions sont un peu moins réussis...
Autre léger reproche : j'espère ne pas être le seul à avoir cette impression mais... les quelques dernières planches semblent moins exemptes de défauts graphiques que les autres. Peut-être le dessinateur a-t-il dû se précipiter vers la fin. Lors de la dernière scène (sur le drakkar pour ceux qui liront la BD), certains visages et proportions sont un peu moins réussis...
Néanmoins, c'est avec plaisir que l'on retrouvera à l'avenir cet univers sous d'autres plumes. Autre auteur, autre dessinateur, on a là le même genre de concept que celui qui est utilisé pour Les Terres d'Arran, La Geste des Chevaliers-Dragons ou West Legends chez Soleil... Certains n'aiment pas ce procédé mais quand, comme dans ces exemples, il s'agit à chaque fois de one shots axés autour de personnages uniques à chaque album, le simple fait de voir quelle interprétation en fera chaque créateur est déjà un jeu intéressant.
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