On remonte un peu loin les matous. 1977 carrément, soit deux années après Les Dents de la Mer de Spielberg. Surfant sur la vague de la menace marine, un réalisateur anglais va livrer une vision très différente de l'affrontement entre un homme lui aussi prédateur et une créature capable de ressentir une souffrance ici clairement palpable. Entre anthropomorphisme et tragédie moderne, ce récit profond, magnifié par une musique envoûtante, restera dans les mémoires sous le nom de...
Orca
Nolan et son équipage vivent des requins qu'ils capturent pour les revendre à des parcs aquatiques. Un jour, Nolan fait la rencontre de Rachel, une belle océanologue, dans des circonstances mouvementées, une orque tuant un requin sous leurs yeux. Nolan, fasciné, se met en tête de capturer l'un de ces fantastiques épaulards qui pourraient lui rapporter un bon prix. Mais rien ne se passe comme prévu. Une femelle orque est grièvement blessée, le petit qu'elle attendait meurt alors qu'elle-même va agoniser pendant des heures, sous les yeux du mâle, blessé à l'aileron.
L'orque, fou de douleur, attaque le navire de Nolan, endommageant sérieusement le rafiot et causant la mort d'un des membres d'équipage.
Revenu à terre, Nolan, bien que touché par la disparition de l'un de ses amis, prend d'abord les choses à la légère. Mais suite à des attaques répétées contre les navires du port où il réside, et aux informations que lui délivre Rachel, il prend conscience peu à peu que l'orque est en quête de vengeance.
Bientôt, les villageois eux-mêmes, excédés par la perte de leurs navires et la disparition du poisson dont ils vivent, font pression sur Nolan pour qu'il aille affronter "son" orque.
L'homme, d'abord réticent, comprend, après un nouveau drame, qu'il n'a pas le choix. Il devra affronter celui dont il a tué la famille sur son territoire... en pleine mer.
Wow.
Avec tout de même près d'un demi-siècle au compteur, ce film de Michael Anderson est loin d'être totalement daté, il reste même par certains côtés étonnamment moderne. Dans la thématique, tout d'abord, qui soulève avec brio le problème de la cause animale. Dans sa réalisation, aussi, certaines images étant tout simplement sublimes. Quant à la musique, elle est d'une redoutable et enivrante beauté, mais il faut dire que lorsque l'on fait appel à Ennio Morricone, on est rarement déçu. Le compositeur italien livre ici une bande son magistrale et poignante, soulignant le drame qui se noue. Enfin, le final, dans un environnement épuré et glacial, est aussi dérangeant qu'infiniment triste, le héros (dont on ne sait s'il s'agit de l'homme ou du cétacé) ne pouvant échapper à un funeste destin.
Bon, il y a tout de même des imperfections, c'est vrai. Le début notamment, est très vite expédié. Il faut dire que le film, qui ne fait qu'un peu plus d'une heure et trente minutes, n'est pas très long en soi. Entre la découverte de l'existence des orques (ou du moins de leurs spécificités) par Nolan et son projet qui tourne mal, il se passe très peu de temps. La montée de la grogne chez les villageois est également relativement rapide. Du coup, certes on ne s'ennuie pas, mais on perd sans doute parfois un peu en subtilité. L'aspect "sentiments humains" est également sans doute exagéré. Difficile de croire, même si elle semble légitime, qu'un animal puisse mettre en œuvre une telle vengeance. Mais bon, c'est une fiction, et cette liberté prise avec la réalité n'est nullement nuisible au récit.
De plus, l'efficacité est là. La scène du début, atroce, où la femelle perd son petit n'a rien perdu en impact. Un impact encore rehaussé par cette souffrance lancinante, incroyablement rendue par la profonde mélancolie de la mélodie principale de Morricone (qui risque de vous hanter longtemps).
En tant que félin, vous imaginez bien que je ne suis pas très versé dans la poiscaille... hmm ? Oui, ce sont des mammifères, pas des poissons, m'enfin, si ça vit dans l'eau, que c'est gaulé comme un poisson et que ça a une trogne de poisson, perso, j'appelle pas ça des gaufres.
En fait, l'orque est une espèce de dauphins. C'est un animal social, qui vit en petits groupes. Il possède un langage élaboré (propre à chaque groupe) et est un redoutable chasseur. Sa réputation de tueur sanguinaire est toutefois usurpée, car comme le loup, il ne s'attaque jamais à l'homme.
Cet animal est aujourd'hui menacé principalement par la pollution et... les Nolan bien réels.
Un excellent film, à découvrir si ce n'est déjà fait.
Miaw !