Vikings chrétiens, indiens pas encore amérindiens...
Voilà une époque on ne peut plus intéressante à explorer.
Sigrid est donc une jeune femme viking qui quitte le Groenland pour les territoires récemment colonisées du Markland à bord du vaisseau de son oncle Harvard. Sauf qu'une étrange maladie va se répandre sur l'embarcation qui l'y emmène jusqu'à ce qu'elle finisse, malade, épuisée, blessée et seule (mais porteuse du dernier secret de son oncle), par être découverte sur une plage de ces nouvelles terres par un indien Béothuk nommé Gotheyet. Animé autant par la pitié que par la concupiscence, le jeune homme solitaire va recueillir et soigner cette étrange femme à la pilosité étonnamment abondante à ses yeux...
Toutefois, les gens des colonies auront vite vent de l'échouage du navire d'Harvard et se mettront en quête du dernier passager en vie qu'ils pensent en possession de l'objet de première importance qui devait leur être livré.
Du coup, oui, l'histoire se passe à Terre-Neuve, aux alentours de l'an 1000 et c'est, à ma connaissance, un cadre spatiotemporel étrangement sous-exploité. Avec des Nordiques qui commencent à se christianiser mais auxquels les anciens dieux font encore des appels du pied, avec des indiens sauvages et indomptables pas encore écrasés par les colons du 15ème siècle, avec ces territoires immenses et aussi féconds qu'hostiles, il y a pourtant de quoi faire !
David Chauvel (Le Sabre et l'Epée, Shaolin Moussaka...) et Patrick Pion (Prophet, Megaron, Coeur de glace, Les rêves de la Maison de la Sorcière...) ne s'y trompèrent pas et choisirent ce contexte pour leur toute nouvelle série : Sigrid.
Et moi, vu que j'ai fini la série Vikings depuis un moment et que Sirènes & Vikings (tomes 1, 2, 3 et 4) vient de clôturer son quadriptyque, j'ai accueilli à bras ouverts la possibilité de retrouver de farouches blondinets prêts à en découdre dans cette BD éditée par Delcourt.
Le scénario de Chauvel, jusque-là, est entrecoupé de flashbacks très clairs et permettant un dévoilement progressif des enjeux et des intentions des protagonistes. Il laisse, en fin d'album, son lot de mystères sans pour autant omettre d'en dévoiler suffisamment pour faire de ce tome 1 un amuse-gueule tout à fait intéressant et recommandable.
Le tout semble assez crédible et réaliste et j'apprécie la lente découverte mutuelle de Sigrid et Gotheyet qui ne se comprennent pas mais dont nous avons, pour notre part, accès à chaque réplique un peu à la façon d'un film sous-titré, par le biais de signes de ponctuation suggérant une langue incompréhensible dans la bouche de l'indien.
J'ai un peu de mal, aussi, avec ses ombrages hachurés... il a un bon coloriste, qu'il lui laisse ombrer son dessin, non ?
Il y a même une certaine inconstance à mes yeux dans la qualité de son trait. Qu'on ne s'y méprenne pas : il dessine bien et nombre de dessinateurs voudraient sans doute sa patte, mais j'ai cru déceler parfois comme un certain inconfort avec quelques physiques ou dans les scènes d'action, par exemple. Ça ne gêne en rien la lecture, le niveau reste on ne peut plus honorable, mais cela m'a juste surpris. Même pas déçu, juste surpris. Rien de dramatique !
Mention spéciale, même, puisqu'on en est à parler de dessin, pour certaines cases prenant la moitié de la planche, voire la planche entière, souvent très jolies et magnifiées par le travail de mise en couleurs de Lou.
Quoi qu'il en soit, l'album est agréable à lire, l'histoire avance nombre de promesses que l'on espère être tenues à l'avenir et les personnages ont déjà entrepris leur chemin vers ma sympathie. Pour un premier album de la série, il pose des bases intrigantes et c'est bon signe.
Reste, néanmoins, que la meilleure idée me semble être le choix de ce contexte. Il y a tant à faire de l'an mil en Terre-Neuve que je me réjouis de voir où nous mèneront les tomes suivants... Que demande-t-on de plus, au final, à une série ?
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