Peu importe les fausses notes ou les cordes cassées, c'est le travail qui conduit au "talent". |
Voilà un article très particulier, qui s'adresse pour une fois plutôt à un lectorat très jeune qui envisagerait de tenter une carrière dans l'un des nombreux métiers tournant autour du livre.
Lorsque je parle de métiers associés au livre, je vise spécifiquement les auteurs, traducteurs, relecteurs et éditeurs en devenir. Ce que je vais développer concerne déjà moins les graphistes, lettreurs, coloristes, dessinateurs et cetera (encore que, ça ne fera pas de mal, évidemment, mieux vaut avoir plusieurs cordes bien tendues à son arc plutôt qu'une seule).
Il m'arrive régulièrement, dans un cadre professionnel, d'évaluer le niveau en français de candidats à divers postes (traducteurs, adaptateurs, lettreurs, relecteurs...). Globalement, pas de surprise, c'est une catastrophe, même quand ces candidats ont suivi un parcours littéraire et ont obtenu des diplômes pourtant censés valider leur niveau.
Il y a toutefois, fort heureusement, régulièrement des exceptions [1]. Et ces exceptions sont toujours liées à un fait et un seul : ce sont des gens qui lisent. Et qui lisent beaucoup.
Il n'y a pas de secret, vous ne pouvez pas bien écrire (au sens littéraire mais même au sens scolaire) si vous ne lisez pas. C'est la lecture, notamment de romans (car les BD ne sont pas suffisantes), qui vous permet d'acquérir des automatismes, d'intégrer un savoir-faire, une aisance, de pouvoir reformuler une phrase bancale, de déceler les "accrocs", de faire passer des nuances subtiles ou de reconnaître un effet qui ne doit surtout pas être modifié.
Normalement, si vous avez une attirance réelle pour ce genre de métiers, vous aimez lire. Ce n'est donc pas une corvée de dévorer des romans. J'avais l'habitude de dire qu'un auteur, un traducteur ou un relecteur devrait lire au moins 50 romans par an. Ce qui est assez peu dans l'absolu, puisque ça fait moins d'un roman par semaine (or, un roman de taille moyenne se lit en deux ou trois soirées).
Mais, évidemment, cette moyenne s'adresse à des jeunes gens. Une fois les bases acquises (et alors que l'on a probablement moins de temps, car plus de responsabilités), il n'est pas forcément nécessaire de maintenir un tel rythme. Pour en avoir discuté avec mon boss et néanmoins ami Edmond Tourriol (auteur et traducteur), nous en sommes venus à considérer que le minimum requis se situait entre 500 et 1000 romans. Ça a l'air énorme, mais pas tant que ça.
Admettons que vous lisiez un roman par semaine (ce qui n'est donc pas un rythme de fou) à partir de 15 ans (ce qui est assez tard), à 25 ans, vous avez déjà englouti plus de 500 romans et vous avez donc un niveau qui, sur le marché actuel, vous place parmi l'élite. Et je ne plaisante pas.
Ceci dit, il reste tout de même un point épineux à aborder. Quoi lire ?
Eh bien d'abord et avant tout ce que vous aimez et ce qui vous fait plaisir. Encore heureux !
Mais, ce n'est pas toujours suffisant. Il faut introduire un peu de variété pour bien faire. Et c'est justement ce que l'on va aborder. Bien entendu, ce qui suit n'est pas forcément à suivre à la lettre, si vous faites l'impasse sur un auteur ou un genre, vous n'allez pas pour autant être nul ou entretenir de coupables faiblesses. Mais le principe, lui, reste valable : un seul genre ou quelques auteurs contemporains ne sont pas suffisants.
Ce qui suit n'est donc pas un "programme" à suivre scrupuleusement, mais un exemple de "cocktail", permettant de s'abreuver à toutes les sources essentielles. Vous pouvez fort bien remplacer un auteur classique par un autre, ou un trou du cul écrivant de l'autofiction par un autre (ça se voit que je n'aime pas ça, hein ? Ben, pourtant, il m'arrive d'en lire).
Comme j'aime bien les listes et les trucs bien nets, on va séparer ce qui suit en sept étapes (leur ordre est interchangeable, le tout est, à un moment donné, de les avoir toutes passées).
1. Les Friandises
Dans un premier temps, déterminez ce qui vous intéresse vraiment, ce qui vous attire, vous fait vibrer. Cela peut être un genre, une époque, un auteur en particulier, une collection, peu importe. C'est cela, ce que vous aimez, qui va vous fournir le gros des bataillons de livres dont vous allez vous délecter.
Perso, étant jeune, j'étais très attiré par l'épouvante. Le côté effrayant, surnaturel, transgressif me faisait sans doute vibrer. Puis, j'ai remarqué que dans le lot (quand je dis "dans le lot", à l'époque, je me tapais même la collection Gore, qui très honnêtement n'a pas brillé par sa qualité), il y avait un gars qui se détachait : Stephen King. J'ai donc commencé à acheter ses livres à lui, spécifiquement. Tout en conservant un intérêt pour tout ce qui sortait de l'ordinaire... je me laissais souvent séduire par une illustration ou un résumé de quatrième de couverture. L'important ici, c'est de satisfaire son intérêt, sa propre inclination.
2. Les Poids Lourds Incontournables
Si vous souhaitez demeurer un simple lecteur, ce qui est tout à fait honorable, lire uniquement ce qui vous intéresse est bien suffisant. Mais normalement, si l'édition en général vous attire, vous devriez être suffisamment curieux pour expérimenter un peu.
Et au-delà de l'expérimentation, il existe selon moi trois auteurs classiques incontournables dont tout auteur, traducteur, relecteur ou éditeur devrait avoir lu au moins une œuvre : Shakespeare, Racine et Rousseau.
Pour des raisons différentes.
Shakespeare, c'est presque devenu une expression courante. Lorsque l'on dit "c'est pas du Shakespeare", tout le monde comprend que l'on n'est pas en train de faire un compliment. Pourtant, peu ont la curiosité d'aborder les pièces de l'auteur (ce n'est pas très dur à lire en plus). Quand on bosse dans les bouquins, il faut connaître les légendes des bouquins. Un footeux (ce que je ne suis pas) sait qui sont Maradona ou Platini (enfin, j'imagine). Un homme ou une femme de lettres devrait goûter au moins une fois à cette légende de l'écriture.
Racine, c'est moins une expression, mais c'est selon moi encore plus important. Déjà, les francophones ont la chance de pouvoir le lire "dans le texte", sans une couche de trad par-dessus. Ensuite, c'est écrit en vers. Alors, je sais que le premier réflexe, c'est de se dire "oh, putain, c'est chiant". C'est normal, personne ne parle comme ça, donc, oui, c'est gênant au début. Je ne conseille d'ailleurs pas de lire du Racine à 12 ans, ni même à 16 (encore que, ça dépend des gens). Mais, une fois adulte, une fois acquis un bagage littéraire minimum, je ne puis que conseiller de s'y atteler. Non seulement parce que c'est aussi une légende, mais parce que c'est d'une musicalité, d'une efficacité et d'un lyrisme étourdissants.
C'est un passage obligé, ne serait-ce que pour avoir une idée de la diversité des genres littéraires et pouvoir remettre en perspective les théories de certains fâcheux qui pensent avoir inventé l'eau tiède.
Bien sûr, inutile de se limiter à ces trois seules références, encore une fois, il s'agit là d'un exemple, basé sur trois grands Noms, à mon sens complémentaires. Je terminerai par le plus cher à mon cœur : Rousseau. J'ai découvert tardivement ce diable d'écrivain. Mais l'aurais-je seulement apprécié à sa juste valeur si j'avais dévoré ses écrits dans l'impatience et l'effronterie de la jeunesse ? Rien n'est moins sûr. Rousseau est probablement ce que j'ai pu lire de plus honnête, de plus intelligent et de plus beau. Il magnifie même l'abject, parvient à rendre compte des plus bas penchants de l'Homme en conservant l'élégance de la forme, tire des leçons de tout ou presque, et balance trois ou quatre phrases phénoménales, pouvant servir autant de citations que de point de départ à une longue réflexion, par paragraphe. Se passer de Rousseau lorsque l'on est Homme ou Femme de Lettres, c'est comme se passer de chaussures lorsque l'on souhaite marcher longtemps et emprunter des sentiers peu battus. C'est possible, mais guère conseillé. Cet auteur est à lui seul une source inépuisable d'inspiration et une leçon constante au niveau du style et de la formulation. Il ne s'agit pas de le singer, bien entendu, mais de mesurer à quel point une plume peut être efficace, juste, brillante et magique. Trop de gens passent à côté de Rousseau parce qu'on les a obligés à l'étudier (au collège) au lieu de le lire (une fois adultes). Il n'y a rien là à étudier (pas au sens scolaire en tout cas), l'on va aux écrits de Rousseau comme l'on va à la source, claire et limpide, lorsqu'il fait soif, ou comme l'on va à l'être aimé lorsqu'un froid métaphysique mais douloureux recouvre notre âme. Son apport va bien au-delà de la simple littérature. Mais, bien entendu, il permet, grâce à sa maîtrise, de séparer le bon grain littéraire (quel qu'en soit le style) de la saloperie inaboutie.
Vous l'aurez compris, j'ai pour Rousseau un amour infini. Mais peut-être ne vous conviendra-t-il pas. L'idée, c'est de trouver votre Rousseau, votre phare dans la nuit, du moins, du point de vue littéraire (car les phares, dans une vie, sont en réalité multiples).
3. La Valse des Genres
La première chose pour varier vos lectures et muscler vos biceps littéraires, c'est d'aller puiser un peu dans tous les genres. Tout ne vous conviendra pas, c'est normal, mais il existe tout de même suffisamment de bons auteurs pour passer un bon moment, même lorsque l'on s'éloigne de sa zone de confort.
Pour ma part, j'éprouve peu d'intérêt pour les polars classiques, du genre "whodunit" [2]. Mais il existe bien des polars qui ne correspondent pas à ce genre très codé et se révèlent intéressants. Je conseille un bon Lindemuth ou un Panowich pour ceux qui aiment le côté rugueux et redneck du polar musclé. Ce ne sont pas des "passages obligés", mais la preuve que l'on peut dénicher des romans bien foutus et qui nous conviennent dans tous les genres.
En ce qui concerne l'heroic fantasy par exemple, sauf de rarissimes exceptions, j'ai un peu de mal avec ce genre. Mais j'apprécie Abercrombie, notamment pour son humour, son côté réaliste et sa narration brillante. L'on peut donc apprendre même d'un genre qui, a priori, ne nous attire pas.
L'idée avant tout ici est d'éviter de se restreindre en inventant des frontières absurdes.
4. Les Merdes Utiles
J'ai évoqué plus haut l'autofiction, ceux qui suivent un peu UMAC savent à quel point "j'apprécie" Christine Angot, une bécasse médiatique sans talent, sans technique et sans pudeur. Eh bien, je conseille de tenter à l'occasion d'aller au bout d'un de ses... trucs. Il ne s'agit pas de se torturer pour autant, bien entendu, mais il est toujours bon de savoir jusqu'où la déchéance peut aller en matière de littérature. C'est aussi, assez logiquement, en lisant des saloperies que l'on prend la mesure du gouffre qui sépare l'écrivain habile du bobo dégénéré.
Je ne suis pas tendre, OK, mais à un moment, il est bon de rappeler qu'il ne suffit pas de chier sur une toile pour devenir peintre.
5. Retour à la Littérature pour Enfants/Ados
Voilà un domaine sur lequel nous, auteurs et professionnels du livre, devrions toujours garder un œil. Même s'il existe des exceptions, la tendance générale en la matière est de tout simplifier. Par exemple en utilisant exclusivement le présent, en ne fonctionnant que par phrases simples et courtes, en réduisant la taille de certains anciens romans à la tronçonneuse, etc.
Or, si l'on se met au niveau (supposé) de l'enfant, le livre ne sert à rien. Pour tirer vers le haut le lectorat, l'auteur et son éditeur doivent toujours viser un "cran" au-dessus du niveau supposé du lecteur, le forcer à franchir une "marche" supplémentaire. Peu importe si un mot est compliqué, c'est comme ça que l'on apprend. Peu importe si l'on utilise l'imparfait du subjonctif, le nivellement par le bas n'est pas une fatalité. D'autant que les éditeurs, en se comportant ainsi, croient satisfaire ceux qui... ne lisent pas (et qui ne liront pas plus ces livres de second choix), alors qu'en réalité, ils privent les rares enfants encore intéressés par la lecture d'un contenu de qualité.
Cela permet aussi de constater que, malgré la grande tendance du moment qui consiste à glorifier tout ce qui est ou a été plus ou moins "populaire", eh bien, tout ne se vaut pas (cf. notamment la comparaison récente entre les Bob Morane à la ramasse techniquement de Vernes et les Langelot d'un Volkoff brillant) !
6. Essais, Bibliographies et Livres apparemment "chiants"
Le titre semble impliquer des lectures bien casse-couilles, mais en réalité, là encore, il suffit de trouver ce qui vous intéresse et le "bon" auteur. Étant jeune, j'étais notamment intéressé par la Seconde Guerre mondiale. J'ai eu la chance de tomber sur La Dernière Guerre (ou histoire controversée de la Deuxième Guerre mondiale), par Eddy Bauer, historien, journaliste et ex-colonel de l'armée suisse. Il s'agissait de l'édition publiée par Atlas, en 40 volumes. J'en garde encore aujourd'hui un souvenir fantastique. L'auteur décrivait machinations diplomatiques et actions militaires avec un grand sens de la narration, au point que cela se lisait comme un roman (même à 13 ou 14 ans). L'œuvre contient en plus des tonnes d'encarts sur les armes employées, des mini-biographies sur les belligérants principaux, des cartes très bien fichues, etc. Et surtout, Bauer a effectué là un travail d'historien, dépassionné, sans tomber toutes les cinq minutes dans le jugement de valeur comme c'est trop souvent le cas aujourd'hui. Ouvrez donc un livre consacré à l'époque, pas moyen de passer un paragraphe sans en venir aux "monstres", aux condamnations de principe et autres avis personnels. On ne demande pas à un historien de juger des actes, mais de les présenter, dans leur contexte, avec le plus de précision possible. C'est au lecteur, ensuite, de juger si c'est ou non monstrueux. On n'est pas débiles, on le verra bien que c'est horrible la guerre, les bombardements, les camps, tout ça.
Bon, c'est un exemple parmi tant d'autres, si vous aimez plutôt l'Antiquité, ou un personnage historique particulier, si vous préférez les traités de philosophie, ou les ouvrages de vulgarisation scientifique, ça marche aussi. C'est même mieux de piocher un peu dans tout si vous souhaitez "muscler" votre jeu et ne pas tomber de votre chaise d'étonnement dès qu'il vous faudra traduire ou corriger quelque chose qui dépasse votre domaine de compétence habituel.
7. Prix et Livres Imposés
Dans cette catégorie, l'on va retrouver les fameux prix littéraires très connus (Gongourt, Femina...). Bien souvent, c'est très sectaire comme sélection, certains ahuris considérant que la littérature de genre ne peut remporter de tels prix. Sans doute parce que ces snobinards n'en ont qu'une connaissance superficielle (car difficile de penser que 1984 ou Des Fleurs pour Algernon ne sont pas des œuvres littéraires majeures).
Je vous encourage à être plus intelligents que ces gens et à vous intéresser à ce qu'ils récompensent, d'autant que parfois, ça vaut le coup, comme par exemple Pierre Lemaitre, décrochant le Goncourt en 2013 pour Au revoir, là-haut. Ah, ils ne lui ont pas donné pour l'un de ses excellents polars hein, faut pas déconner, il fallait un sujet "sérieux" (comme si le polar, la SF, le fantastique, l'épouvante ou n'importe quel genre n'abordaient jamais des thèmes profonds, intelligents et dramatiques...).
Là encore, laissez-vous tenter par ce qui vous plaît. Parfois, même la rigidité intellectuelle et le conformisme peuvent vous faire découvrir un auteur qui était passé sous votre radar personnel.
Voilà, on a fait le tour. Encore une fois, c'est une façon de faire, il en existe d'autres. Mais si vous piochez dans ces sept catégories, tout en passant le cap des 500 romans, vous devriez commencer à avoir un joli bagage intellectuel et technique. Si en plus vous écrivez en parallèle, ça ne peut qu'aider. Et bien entendu, ça ne vous empêche nullement de lire des BD également.
Je vais maintenant vous révéler un secret qui va vous dégoûter mais vous faire économiser un peu d'argent : pour "bien" écrire, il n'y a justement pas de secret. Ceux qui vous vendent des méthodes pour "aller plus vite", "brûler les étapes" ou "réussir à coup sûr" sont des escrocs.
Bien souvent, les commerciaux vous expliquent qu'il faut trois choses pour réussir : le travail, le talent et la chance. La chance, convenons que l'on ne peut guère la provoquer (et si on la provoque, c'est alors une stratégie, pas un "coup de chance"). Occupons-nous donc des deux autres. Le travail, eh bien oui, il faut lire, beaucoup (mais est-ce un travail si pénible lorsque l'on aime ça ?), il faut écrire, analyser, comprendre les aspects techniques et logiques de l'écriture, aiguiser son style. Quant au talent, il y a deux façons de le définir. Soit c'est une simple prédisposition (qui ne suffit pas et qui ne permet aucunement l'économie du travail, simplement, l'on apprend alors plus vite). Soit c'est la capacité à venir à bout rapidement d'un travail complexe et à donner l'illusion de la facilité au profane, grâce à l'expérience accumulée. Dans les deux cas, le talent, c'est en réalité... du travail. Soit sa digestion et son appropriation plus rapide, soit son accumulation et la mise en place même inconsciente des routines et réflexes qui en découlent.
Je vais terminer par une anecdote connue. J'ignore si elle est vraie, mais même si elle est fausse, ce qu'elle dit du métier artistique reste correct et instructif. Je précise que l'on retrouve de nos jours cette anecdote dans de multiples variations sur le net, par exemple avec Picasso dessinant un portrait dans un parc. Je vous livre ici la première dont j'ai eu connaissance.
Un industriel avait commandé à Picasso, déjà très connu et reconnu, un logo pour son entreprise. S'adressant à un artiste renommé, il n'avait pas hésité à payer d'avance 50 000 francs (ce qui est énorme à l'époque). Le chef d'entreprise le rencontre un jour dans un restaurant et lui demande s'il a avancé sur le projet.
Picasso, qui avait totalement oublié cette histoire de logo, arrache une partie de la nappe en papier qui recouvre la table, il griffonne pendant quelques minutes, trois ou quatre, tout au plus, et tend son esquisse à l'industriel. Ce dernier est ravi, le logo est magnifique, élégant, original, encore mieux que ce qu'il aurait pu imaginer. Mais... quelque chose le turlupine.
— Monsieur Picasso, excusez-moi mais... ai-je vraiment payé 50 000 francs pour cinq minutes de votre temps ?
— Non monsieur. Vous avez payé 50 000 francs pour les trente années qu'il m'a fallu pour apprendre à faire ce travail en cinq minutes.
— Non monsieur. Vous avez payé 50 000 francs pour les trente années qu'il m'a fallu pour apprendre à faire ce travail en cinq minutes.
Si vous êtes futé, vous avez déjà compris.
Le talent, ce n'est rien d'autre que le travail, réel mais invisible, qui permet la réalisation exceptionnelle (dans sa rapidité ou son aboutissement) d'une œuvre.
Il n'existe donc pas de raccourcis pour la destination qui est la vôtre. Mais soyez-en heureux, car lire est souvent un bonheur, et si ce n'est parfois pas le cas, ce n'est ni la mine ni l'usine. Alors, faites avec.
Qui ne sait pas supporter un peu de souffrance doit s'attendre à beaucoup souffrir.
Jean-Jacques Rousseau
[1] Ça a l'air contradictoire mais ça ne l'est pas. Un événement statistiquement rare peut survenir très régulièrement. Vous avez par exemple très peu de chances de gagner une grosse somme au loto si vous jouez, mais des gagnants raflent régulièrement, chaque mois, plusieurs millions.
[2] Littéralement "qui a fait ça ?", dans le sens "qui est le coupable ?". Il s'agit de romans proposant une enquête, suivant une construction classique (exposition du crime, fausses pistes, etc.), et dont la résolution de l'énigme est le point d'orgue. Les romans d'Agatha Christie, par exemple, font partie du sous-genre "whodunit".