Ruée vers l'or dans les nuées.
Mais en plus, la maquette nous offre des enluminures dorées symétriques (oui, ce n'est pas jaune comme sur l'image, c'est doré, ça brille !)... et ça, mon petit Jean-Kevin, ça met des paillettes dans nos vies et sur nos étagères !
Mais parlons du contenu, histoire de vérifier s'il est à l'aulne du contenant...
En l'an 3525 du calendrier impérial, deux hommes atterrissent auprès d'une entité colossale pour l'informer que l'or sacré a été localisé. Il est actuellement entre les mains d'une flotte spatiale appartenant à un petit duché de la constellation du loup. Ledit duché fait partie de la rébellion des baronnies et est donc un ennemi de l'ordre impérial. L'entité leur ordonne de récupérer cet or car elle en a besoin pour restaurer son intégrité. Mais la situation est plus compliquée encore car l'or risque bien de tomber sous peu entre les mains de l'empire, ce qui est une perspective absolument inacceptable pour l'entité.
Vous n'y pigez pas grand-chose ? C'est que j'ai bien fait mon travail. Le début d'Astra Saga nous largue en effet sans ménagement au beau milieu d'une intrigue dans un univers totalement inconnu... mais voyons ce qui se passe ensuite.
Le convoi incluant le vaisseau transportant la fameuse cargaison tant convoitée est pris pour cible par l'empire mais le chef de la police secrète de l'empereur, un homme du nom de Unn Folken, force le commandant impérial à cesser l'assaut au profit d'un abordage du transporteur : ils sont là pour l'or, à n'en pas douter, et peu leur importe le reste de la flotte. Ils envoient donc l'élite de l'élite des impériaux : une escouade de soldats dragons qui s'introduit aisément dans le cargo. Mais l'opération prend du temps et les dragons se retrouvent confrontés à d'improbables gardiens avant d'accéder à l'or sacré : des golems, sortes de machines composées de matière primordiale issue de l'Inframonde (Jötunheim) dont l'existence était tant soumise à caution qu'on avait fini par croire qu'elles n'étaient que des légendes. Le transporteur s'apprête alors à emprunter une écluse galactique, une sorte de voie rapide unissant les baronnies et les principautés. C'est alors que l'ordre est donné par Folken, malgré les protestations du commandant, de détruire l'écluse spatiale par laquelle le transporteur tente de fuir avec son chargement. Ce serait là, selon le commandant un véritable holocauste pour les mondes avoisinants... mais Folken affirme préférer cela à l'Apocalypse qui les attend si l'or sacré leur échappe.
Qui des impériaux, des rebelles ou de l'étrange entité parviendra à mettre la main sur ce convoi qui semble être l'objet de toutes les convoitises ?
C'est dans les vieilles casseroles...
Les Ases sont d'anciens dieux vivant dans un plan de réalité supérieure de la galaxie nommé Valhalla, ou l'hypermonde. Ils savent voyager plus vite que la lumière sur l'Aegir, une rivière d'énergie qui parcourt la galaxie. Leur plan est une sorte de réseau sanguin de la galaxie où ils peuvent naviguer.
Les Jötuns, eux, habitent Jötunheim (l'inframonde) et sont des géants remontant à des temps immémoriaux. Ils ont appris à maîtriser la matière primordiale de leur plan et à la modeler, à modeler l'existence et à se modeler eux-mêmes. Leur plan est comme le squelette de la galaxie et ils bâtissent leur créations à partir des cellules souches de l'univers.
Entre science-fiction et mythologie nordique, Astra Saga est un ouvrage thématiquement ambitieux qui compte s'étaler sur 7 tomes, selon ce que l'on peut en lire de-ci de-là. Mais son propos est-il à la hauteur du défi ? Nombre de sites spécialisés s'empressent déjà d'encenser son dessin et sa mise en couleurs avant de le descendre pour sa complexité soi-disant inutile ou pour une prétendue vacuité de ce premier tome qui ne servirait que d'introduction.
Eh bien, je vais décidément une fois de plus aller à contre-courant.
Commençons par cette critique imbécile sur la complexité de l'univers en question. Avec un minimum de culture, les concepts de "galaxie perceptible en grande partie dirigée par un empire galactique", "Valhallah" et "Jötunheim" sont assimilables en deux minutes.
On explique très bien qu'un Ragnarök a fait s'affronter dans notre galaxie l'Inframonde et l'Hypermonde et on nous expose, dans la deuxième partie de la BD, le passé des principaux protagonistes : un des soldats dragons faisant face à cette entité mystérieuse dont on nous dévoilera même l'identité (les mystères tiennent juste sur la longueur d'un album, ne venez pas me dire que comprendre, ce serait trop demander à un lecteur moyen !) et la très jeune et surdouée fille du baron d'une planète avoisinant les lieux de l'action spatiale mettant en jeu l'obtention du fameux or sacré (on imagine sans peine que la gamine aura son importance dans les tomes suivants mais elle sert, actuellement, de témoin des manigances politiques afin que le lecteur comprenne mieux l'univers et les forces en présence).
On explique très bien qu'un Ragnarök a fait s'affronter dans notre galaxie l'Inframonde et l'Hypermonde et on nous expose, dans la deuxième partie de la BD, le passé des principaux protagonistes : un des soldats dragons faisant face à cette entité mystérieuse dont on nous dévoilera même l'identité (les mystères tiennent juste sur la longueur d'un album, ne venez pas me dire que comprendre, ce serait trop demander à un lecteur moyen !) et la très jeune et surdouée fille du baron d'une planète avoisinant les lieux de l'action spatiale mettant en jeu l'obtention du fameux or sacré (on imagine sans peine que la gamine aura son importance dans les tomes suivants mais elle sert, actuellement, de témoin des manigances politiques afin que le lecteur comprenne mieux l'univers et les forces en présence).
La narration est intelligente et fluide, malgré la quantité importante d'informations à faire passer et l'action alterne avec l'exposition à un rythme qui empêche toute forme d'ennui.
Les dernières cases annoncent même les enjeux à venir dans les tomes suivants !
Alors, messieurs-dames les auteurs de critiques négatives à ce sujet : apprenez donc à lire avant de vous mêler d'écrire ; ici, la partie narrative est très maîtrisée.
Quant à ceux qui ne peuvent s'empêcher de parler de Star Wars parce qu'ils ont vu une lame lumineuse qu'ils associent à un sabre-laser, qu'il me soit permis ici de leur répondre ce que je leur dirais en face si je les croisais : "Mais, vous, je vous jure ; allez bien vous faire... shampouiner par des Ewoks !"
Quant à ceux qui ne peuvent s'empêcher de parler de Star Wars parce qu'ils ont vu une lame lumineuse qu'ils associent à un sabre-laser, qu'il me soit permis ici de leur répondre ce que je leur dirais en face si je les croisais : "Mais, vous, je vous jure ; allez bien vous faire... shampouiner par des Ewoks !"
Philippe Ogaki (La rose écarlate, La Rose écarlate - Missions, Terra Prime, Azur, Meteors, Les guerriers du silence) nous livre ici une copie certes riche et encore enrichie par l'application de réalité augmentée "Delcourt Soleil +" (qui nous permet d'admirer quantité de croquis et modèles 3D rien qu'en scannant la page avec l'application, comme illustré ci-contre) mais parfaitement digeste.
Même avec un "cerveau lent", de ceux prompts à être dans les nuages, tout reste très accessible et intéressant dans cette relecture façon SF de cette mythologie venue du froid.
Restent le dessin et la colorisation. Là, tout le monde acclame le travail accompli par Ogaki et ses pas moins de cinq (oui, cinq !) coloristes : Sanoe (Contes des cœurs perdus, Maléfices, La Grande Ourse), Arturo Perez Orts, Soryanna Lansac, Fleur D. et Agnès Loup. Je m'allie volontiers au concert de louanges car l'ensemble est très beau mais j'aurais néanmoins quelques reproches à faire...
Le dessin de Ogaki semble séduire les foules. Pour ma part, si je ne le trouve pas désagréable, il me semble hésiter parfois entre pseudo-réalisme et manga occidentalisé... c'est un style. Je vais être subjectif mais c'est un style qui, dans le dessin des visages, ne me convainc pas vraiment... même si je me rends compte des qualités techniques : pas d'inconstance dans le tracé, les personnages sont reconnaissables...
Globalement, la colorisation des scènes spatiales (et ça se conçoit) est assez sombre. Cela a tendance à noyer dans les ombres pas mal de détails, et c'est dommage. Mais ça permet de jouer sur des effets lumineux vraisemblablement numériques qui sont plutôt jolis.
Les décors extérieurs et les vaisseaux spatiaux sont réellement très réussis. La colorisation des paysages m'a énormément plu.
La technologie, étrangement, me rappelait souvent le design des armes, armures et vaisseaux de l'Imperium dans Warhammer 40K (l'univers de Games Workshop). Les armures de soldats dragons, par exemple, ont nombre de similitudes avec les Custodes, les fameuses élites de l'Empereur, elles aussi, dans WH40K. La ressemblance va jusqu'au cri de guerre "Pour l'Empereur !" hurlé par ces troupes. Mais c'est à mon sens un clin d'œil sympathique aux connaisseurs, nullement un défaut !
Parfois, visuellement, c'est un rien fouillis. Surtout pendant les combats. Mais quoi de plus naturel, au fond, que de représenter une passe d'armes entre plusieurs super-soldats de taille humaine et un golem gigantesque, par exemple, en une image chaotique difficile à décrypter du premier coup d'œil. Ce genre de combat serait chaotique et difficile à décrypter !
Au final, je me retrouve donc à recommander cet album malgré un character design qui ne me parle qu'à moitié... Eh bien : bien joué ! Que dire de plus ? C'est sans doute aucun que je trouve le reste particulièrement réussi. Bienvenue dans ma bédéthèque, album ; on attend avec une certaine impatience tes successeurs, pour tout dire !
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