Écho #9 : Luther Strode 3 - l'Héritage
Boîte des Irréductibles #4 : Astérix et les Normands
Le Château de Hurle
+ | Les points positifs | - | Les points négatifs |
|
|
|
Quand une écervelée donne des leçons de morale
Écho #8 : Toutes les morts de Laïla Starr
Fluorescent Black
+ | Les points positifs | - | Les points négatifs |
|
|
|
Écho #7 : Marvel Gold
Étrange, les Inhumains deviennent "Inhumans" mais les Gardiens restent les Gardiens... C'est d'ailleurs pareil pour les noms de personnage, Œil de Faucon est devenu "Hawkeye" depuis un bon moment, mais Dents de Sabre par exemple ne se transforme pas en "Sabretooth".
Difficile de trouver une logique là-dedans.
À découvrir si vous n'êtes pas trop regardant sur la qualité du texte.
Écho #6 : Conte de Fées
Batman : DC Vampires 1/2
Après "Agrougrou, les zombies", "Agrougrou, les vampires".
Bientôt "Agrougrou, les momies" ou "Agrougrou, les loups-garous" ?
Très vite, la seule chose à laquelle ça fait penser, c'est une sorte de "touche-touche" ou de "jeu du chat" (comment appelle-t-on ça, chez vous ?).
Machin a été mordu. Qui sait qu'il a été mordu ? Qui va-t-il mordre ?
Machin a été tué. Par qui ? Par un traître qui va dénoncer un innocent mais c'est tellement prévisible qu'on ne s'est même pas fatigué à vous le faire deviner : on vous l'a montré !
Et ne vous montez pas le bourrichon inutilement : on a tous envie de voir l'homme chauve-souris avec des crocs, comme sur la couverture, hein oui ? Bah non. Oui, c'est un vol manifeste d'un fantasme de gosse (tous les fantasmes ne sont pas sexuels, bande de tordus !) : Batman ne devient pas un vampire.
Eh ouais : dans un univers où ça aurait été possible, l'homme-pipistrelle ne devient même pas un damné suceur de sang. D'accord, il ne faut pas nécessairement suivre les attentes des fans (c'est même souvent la pire des idées) mais quand le reste de ton bouquin n'amène pas grand-chose, offre-leur au moins une sucrerie, bon sang !
Que d'émotion ! La fameuse expressivité tant vantée de ce dessinateur, sans doute. Et son sens du détail, aussi. Quel exemple de maîtrise. Je me sens floué, par rapport à la couverture. |
Eh bien, nous n'aurons pas cette histoire. Pas cette fois. Nous aurons même tout son contraire : une sorte de blague peu innovante et parfois poussive dont la seule réelle surprise est la déception qu'elle engendre.
+ | Les points positifs | - | Les points négatifs |
|
|
Écho #5 : le Necronomicon
Écho #4 : Pinhead
Cette édition bénéficie d'illustrations signées Fortifem, un collectif formé par Jesse Daubertes et Adrien Havet. Le style colle parfaitement à l'ambiance sulfureuse instaurée par l'auteur, les dessins parvenant à retranscrire le côté menaçant, fascinant et ésotérique des Cénobites.
Écho #3 : Dark Wood Tarot
Spiritualité, scientisme et magie
Avant une petite news "Écho" de Virgul portant sur un tarot divinatoire, il m'a semblé intéressant de définir quelques termes et d'effectuer un "état des lieux" de ma propre réflexion sur le vaste et passionnant domaine de la spiritualité, histoire d'être clair avec nos lecteurs et de ne pas les embarquer dans du sensationnel ou du paranormal de bazar. Une spiritualité que certains redécouvrent aujourd’hui au travers de « religions » new age et autres pratiques teintées de traditions fragmentaires et de rituels mal compris. Il faut dire que notre civilisation, aussi avancée pense-t-on qu’elle soit (au moins sur le plan technologique), est clairement en retard sur le plan spirituel. À cause essentiellement de deux doctrines très différentes mais également néfastes.
La première calamité qui s’est abattue sur la société occidentale est l’avènement de la religion monothéiste. Il est même étonnant qu’un tel dogme ait connu un aussi grand succès tant il s’agit là d’une philosophie des « perdants », des pleurnicheurs et des masochistes. « Les derniers seront les premiers », « bienheureux les pauvres en esprit » et autres « pauvreté évangélique » ont installé durablement dans l’esprit des gens que la piété et l’élévation spirituelle passaient par une auto-flagellation constante et la contemplation de rites sinistres et déprimants. Oublié le culte sain et serein de la nature, relégués aux oubliettes les anciens dieux qui ne condamnaient pas d’office, effacées les joies des rituels passés qui permettaient à l’individu de s’unir au sacré sans le craindre.
Bien entendu, le dogme chrétien a perdu une grande partie de son influence de nos jours, mais il a été remplacé par une autre religion monothéiste, tout aussi excluante et exigeante : le scientisme.
Attention, le scientisme n’est pas la science. Ni les scientifiques. Certains scientifiques ne sont pas scientistes, et beaucoup de scientistes ne sont nullement des scientifiques. La science est nécessaire et parfaitement efficace en son domaine (et nous l'avons d'ailleurs déjà abordée, pour tenter d'en vulgariser certains pans, ici même). Par contre, le scientisme, qui est la déification de cette même science, venant décerner des points de vertu dans des territoires qui ne sont pas les siens, est une dérive dangereuse. Tout ne se résume pas à des équations et des phénomènes reproductibles. Et l’être humain ne peut se décrire, et décrire son monde, en fonction du seul assemblage de ses molécules. Or, depuis le déclin de la religion chrétienne, le scientisme a pris la relève, remplaçant un dogme masochiste par un dogme nihiliste guère plus enthousiasmant. La représentation rigoriste du monde a été remplacée par une « vérité » très partielle et tout aussi austère, dégageant dans le même mouvement développement spirituel, panthéons, magie, paranormal et autres sujets tabous de la sphère, de plus en plus réduite, de la bienséance intellectuelle.
Et pourtant, c’est une approche tentante, il faut l’admettre. Pourquoi ? Parce qu’étant terne et désenchantée, elle paraît plus « vraie ». Et lorsque l’on baigne dans une telle culture depuis son plus jeune âge, il est difficile, voire pour certains impossible, de s’en extraire pour ne serait-ce que l’évaluer sereinement. Par son pragmatisme désespéré, le scientisme a permis le développement et le règne d’une société inique, absurde, ivre de sa technologie mais insoucieuse de sa propre perdition. Un exemple ? Notre modèle économique actuel, qui n’est jamais remis en cause par aucun responsable politique (en tout cas, aucune action concrète n’est engagée pour le modifier), se base sur une croissance infinie et exponentielle. Ce qui semble bien entendu ahurissant. Comment augmenter « tout, tout le temps » dans un monde fini aux ressources limitées ? Eh bien, le grand tour de passe-passe de cette théorie, c’est le… progrès technologique, ce frère attardé de la science (même s’il la précède parfois). Cette théorie délirante et destructrice, qui empoisonne notre monde (au sens propre), n’est basée sur rien d’autre que la foi en ce dieu « science » qui viendra nous sauver lorsque nous aurons fini de dévaster notre unique habitat. L’on peut détruire les forêts, détraquer le climat, remplir de plastique les océans, épuiser les sols et saturer l’air de polluants, il y aura certainement une avancée scientifique qui viendra nous sauver d’un coup de baguette magique. Du moins, c’est ce que pensent les économistes (qui ne connaissent rien de la science) et une grande partie de la population (qui ne la connaît pas plus mais lui accorde une foi inébranlable et fanatique).
Il ne serait pas plus intelligent de ravager notre monde tout en pensant qu’un dieu quelconque va venir nous sauver la mise in extremis. Les dieux ont leurs limites, la science aussi.
Tout en installant ce genre d’idées criminogènes dans l’esprit de la populace, le scientisme s’est mis, comme toute religion, à régenter la vie intime des gens. Et quoi de plus intime que votre vie spirituelle ? Il est une nouvelle mode à l’heure actuelle, celle de la zététique. Moi-même, j’ai un temps suivi cette piste, que je trouvais intéressante. Et tout n’est pas à jeter dans l’art du doute, notamment lorsqu’il s’agit de confondre un escroc ou une pratique dangereuse. Mais là encore, appuyée par le scientisme dont elle est l’émanation directe, la zététique se permet de donner des leçons dans des domaines qui lui échappent de par leur nature même. L’on peut par exemple citer l’idée zététique consistant à mettre au défi quiconque de prouver l’existence de phénomènes paranormaux par des moyens scientifiques. Ce qui est parfaitement stupide. Je ne dis pas que les phénomènes paranormaux existent, simplement, si c’est le cas, il est évident que les outils scientifiques ne peuvent s’y appliquer. Cela reviendrait à demander à un ami, qui vient de vous annoncer qu’il est éperdument amoureux d’une jeune femme, de vous le prouver à l’aide d’une caisse à outils. L’on ne peut prouver l’existence de la magie par des méthodes scientifiques. Tout comme l’on ne peut prouver que le personnage imaginaire cité plus haut est amoureux. Est-ce pour autant que la magie et le sentiment amoureux n’existent pas ?
Là encore, il faut bien s’entendre sur ce que recouvre le terme « magie ».
Si vous pensez à des sorts spectaculaires, avec projection de boules de feu et autres éclairs qui sortent des doigts, vous pouvez vous épargner de futiles recherches, cette magie-là, effectivement, n’existe pas.
La plupart des ouvrages traitant de magie la définissent comme l’expression d’une volonté permettant une modification du réel qui n’aurait pas eu lieu naturellement. Bien des domaines faisant intrinsèquement partie de la technique magique ont d’ailleurs une efficacité reconnue, que ce soit l’autosuggestion, la visualisation, la méditation, l’hypnose, etc. Mais la magie ne se limite pas à cela. En réalité, le fait de la segmenter en des domaines distincts et appauvris est là encore un effet du scientisme, qui ne peut admettre rituels et sorts qu’en les réduisant à une somme d’éléments étudiables scientifiquement. C’est un peu comme si vous préconisiez une autopsie pour savoir ce qu’est la vie. En ouvrant le cobaye pour regarder à l’intérieur, vous l’avez tué. Vous n’étudiez plus la vie mais un cadavre. Découper la magie en sous-domaines (qui ne sont même pas essentiels), c’est oublier, méconnaître ou mépriser ce qui fait son cœur et son efficacité.
Un scientiste vous expliquera vos sentiments par la libération d’endorphines et un savant jeu de réactions chimiques à l’intérieur de votre cerveau. Et, sur le strict plan scientifique, il n’a pas tort. Mais pensez-vous réellement que l’important, pour un être humain qui éprouve de l’amour, de la haine, de la joie ou de la peur, c’est de savoir qu’il s’agit d’une réaction explicable scientifiquement et réductible à de la chimie ? C’est absurde, sans la spiritualité, sans la métaphysique, sans les croyances intimes, la vie intérieure et le développement personnel (voire civilisationnel), l’Homme ne serait qu’un robot organique dénué d’aspirations. Or, c’est l’aspiration qui fait l’Homme.
Prenez n'importe quel livre, si l'on en fait une description scientiste, c'est une certaine quantité de papier et une certaine quantité d'encre. Mais est-ce que quelqu'un de sensé se risquerait à décrire un roman d'une telle manière ? Évidemment non. Ce n'est pas parce qu'une description n'est pas fausse qu'elle est juste.
Bien sûr il ne s’agit pas d’abandonner rationalité et pragmatisme. Tout comme l’on ne peut être perpétuellement dans le matérialisme, l’on ne peut être à chaque instant dans le spiritualisme. Il s’agit de trouver un équilibre permettant de se construire, de se protéger des effets néfastes de la société tout en en faisant partie et en profitant de ses avantages.
Que vaudrait réellement une vie basée uniquement sur la réussite matérielle et la compréhension froide et technique de l’agencement des atomes ? La plupart des systèmes philosophiques, à travers le monde et les époques, proposent un cheminement conduisant à cet indispensable éveil spirituel, à l’harmonie avec l’univers, à la réalisation profonde de l’individu, devenu plus que lui-même. C’est le cas des budo japonais et de leur satori, c’est le cas du bouddhisme et de son nirvana, c’est même le cas de l’alchimie (qui est loin d’être une pseudo-science) dont le but ultime est la transformation (au sens spirituel) de l’alchimiste lui-même.
Le scientisme n’est pas une fatalité, sa vision morne et dénuée de sens du monde non plus. Le scientisme, qui répétons-le est une vision pervertie de la science, ne peut remplacer une nécessaire quête spirituelle. Nous avons besoin, pour nous réaliser pleinement, de réenchanter le monde, de nous reconnecter avec la tradition passée et les pratiques ésotériques.
Le scientisme condamne ce genre de pratiques parce que la science ne peut les cerner et échouera toujours à le faire, tout comme un tournevis serait inutile pour décortiquer un sentiment. Et il ne s’agit pas d’une question de progrès mais de nature. La science ne peut par exemple expliquer la présence de l’univers parce que dans sa logique terre-à-terre, tout effet à besoin d’une cause. Ce que l’on comprend bien instinctivement d’ailleurs. Aussi, quelle que soit l’explication à la présence de cet univers, que ce soit un univers présent « de tout temps », une origine mathématique du Big Bang, une percussion de branes dans un multivers ou même un ou des dieux, rien ne sera satisfaisant d’un point de vue scientifique car l’on finira par aboutir soit à une nouvelle question insoluble, soit à un effet qui sera sa propre cause, ce que n’admet pas la science. La science s’arrête donc où commence le questionnement véritable, alors que l’on passe de la physique à la métaphysique. Le scientisme, lui, interdit ce basculement. Et force est de reconnaître que l’habitude, la pression sociale, les railleries, la fainéantise et le conformisme rendent difficile toute exploration spirituelle qui paraît aujourd’hui, à l’aune du scientisme, au minimum farfelue alors qu’elle est essentielle et naturelle.
Les scientistes ont un réflexe sectaire et conservateur tiré directement du milieu scientifique, qui n’est nullement ouvert et bienveillant, contrairement à l’idée que s’en fait le grand public. Toute idée nouvelle, tout progrès audacieux dans un domaine est toujours systématiquement nié et raillé en premier lieu par les scientifiques. Le nom du Big Bang, pourtant reconnu comme la base du modèle physique actuel, provient d’une moquerie d’un scientifique anglais qui ricanait bêtement en réfutant l’idée que l’univers puisse commencer dans un « gros boum ». Les scientifiques, il y a encore quelques décennies, niaient la possibilité de l’existence d’autres galaxies. Ne parlons même pas de la vie extraterrestre, dont l’existence est aujourd’hui considérée comme probable sinon certaine alors qu’elle donnait lieu à une mise au ban de la société scientifique il n’y a pas si longtemps. Et ce sont bien des scientifiques qui ont déclaré que faire voler des objets plus lourds que l’air était impossible. La science passe son temps à se tromper et le scientisme ne cesse pourtant de lui accorder une confiance absolue et de bannir des domaines entiers, des recherches, des idées, sous prétexte qu’ils sont considérés comme « impossibles » ou peu sérieux. Mais selon la logique scientifique (qui a son utilité à échelle humaine et dans le domaine physique), l’existence même de l’univers est impossible. Or, il est là…
Encore une fois, il faut le rappeler, il n’est pas question de conspuer la science et les scientifiques mais bien de critiquer le scientisme, doctrine vénérant une science imparfaite qui n'est qu'un outil. Ce scientisme prive l’humanité de sa spiritualité. L’on avance mieux et plus vite avec deux jambes qu’en sautillant sur une seule. La magie ne s’oppose pas à la science, elle la complète. Sans elle, le monde est inachevé et incohérent. Et dans la longue quête spirituelle de tout homme, en route vers sa propre réalisation, la magie et le divin demeurent des bâtons de marche essentiels.
Le scientisme, en désenchantant le monde, en recouvrant la magie véritable de railleries et d’équations, en imposant au monde une inertie coupable faite d’habitudes grotesques et de fausses certitudes, a enfoui sous d’immenses strates d’explications fallacieuses et rapides les connaissances naturelles de l’Homme et sa capacité à ressentir et manipuler la magie.
Prenons un autre exemple. Je ne suis pas versé dans l’astrologie, et je suis même persuadé que la majorité des gens qui la pratiquent sont des charlatans. Ceci étant dit, il s’agit d’un support comme un autre, il n’est pas « faux » ou « inutile » s’il résonne dans l’esprit de celui qui l’utilise avec honnêteté et noblesse. J’ai vu il y a encore peu de temps un scientiste expliquer que l’astrologie était sans fondement parce que l’attraction des astres qui sont pris en compte était négligeable à de telles distances. Bien entendu, mais il ne s’agit pas d’effets physiques, ce sont juste des symboles. Encore une fois, inutile de sortir l’équerre ou le compas, ces outils ne s’appliquent pas dans ce domaine.
Personnellement, j’utilise des runes pour diverses pratiques. Est-ce que je pense pour autant que les runes elles-mêmes ont un pouvoir ? Non. Ce sont des symboles, ils font partie d’un tout, d’une culture, d’une pratique. Les runes n’ont de sens, et n’acquièrent du pouvoir, que dans un cadre précis, quand elles sont manipulées par des gens qui les ont étudiées, sans a priori, et ont pris le temps de se concentrer, de visualiser leur demande, de se mettre dans un état d’esprit particulier. Sont-elles efficaces ? Absolument. Une analyse scientifique permettra-t-elle de le prouver ? Certainement pas, c’est impossible, tout comme il est impossible de démontrer, à l’aide d’un compteur Geiger, que vous éprouvez de la joie.
Si vous ne croyez pas à la magie, c’est bien dommage, car vous vous privez d’une ressource naturelle précieuse, mais c’est votre droit. Certains sont plus versés dans la physique que la métaphysique et se sentent peu à l’aise dans ce qui demande une approche plus instinctive et spirituelle. Mais ne pas apprécier un domaine et ne pas admettre qu’il existe sont deux choses différentes. Si vous réfutez l’existence de la magie parce que vous faites inconsciemment ou non confiance au scientisme actuel, c’est une erreur. Une erreur d’autant plus étrange que les scientistes n’ont aucun mal, en physique quantique par exemple, à reconnaître l’aspect magique de l’univers (même s’ils répugnent à appeler ça comme ça). La position d’une particule dépend par exemple du fait que l’on cherche ou non à connaître cette même position. C’est l’observateur, en quelque sorte, qui « force » la particule à se situer dans l’espace. C’est parfaitement contre-intuitif et même délirant selon la logique humaine, pourtant, cela ne pose aucun problème aux scientistes. Par contre, il leur est impossible d’admettre qu’un même observateur puisse avoir également, à l’aide de rituels, une influence sur des événements macroscopiques. Cela ne semble pourtant pas si délirant en comparaison des mystères et des merveilles de l’univers.
Bien entendu, il faut insister sur le fait que la magie a ses limites, ses règles, ses nuances. Il est impossible de trouver les bons numéros du loto à l’aide de la magie, mais il est tout aussi impossible de les deviner à l’aide de la science. L’existence de limites ne prouve en rien la non-existence d’un domaine.
Il convient également de préciser que, dans le domaine de la spiritualité et de la métaphysique, le prosélytisme n’a aucun sens. La démarche est forcément personnelle. Mieux, la magie et le divin relèvent de l’intime, il n’est pas naturel d’en parler à tout bout de champ avec le premier venu. Là, il ne s’agit plus de pression sociale mais de simple bon sens. Votre rapport aux dieux et aux forces naturelles vous regarde, il peut être inexistant ou au contraire être très présent dans votre vie, mais il s’agit avant tout d’une démarche intérieure. Rien n’interdit d’en parler avec des gens bienveillants et ouverts, mais même dans ce cas, il s’agira de généralités et non de votre pratique personnelle. Tout cela pour dire que je ne défends aucune « école » de pensée, encore moins une pratique codifiée et régentée par une quelconque « autorité ». Même si l’on peut s’inspirer de certains ouvrages, chacun construit son propre domaine spirituel, « sur mesure » et unique. Cet état d’esprit se retrouve notamment dans la wicca, en tout cas lorsqu’elle est correctement présentée (je conseille cet ouvrage notamment). Quoi que vous fassiez (on parle bien ici des actions liées au domaine spirituel hein, pas de frapper votre voisin ou rouler à 200 km/h en ville), à partir du moment où vous êtes animé de bonnes intentions, c’est permis. Si c’est ce que vous « sentez » et ressentez, si ça « marche » pour vous, alors c’est ce qu’il convient de faire (que l’on parle de rituels, du choix de l’appellation d’un « principe » supérieur ou d’une simple communion avec la nature).
Dans ma conception du domaine métaphysique, la magie est une partie de la spiritualité. Il n’est pas nécessaire de l’utiliser, c’est en quelque sorte l’outil qui va avec ce domaine, qui fonctionne dans la réalité non physique. Un rituel n’est pas forcément magique, dans le sens où votre but n’est pas de modifier la réalité (il s’agit alors de s’unir aux dieux et à la nature, de simplement se détendre et se sentir bien, etc.), mais il peut l’être.
Mais du coup, qu’est-ce que la magie véritable et quelles sont ses limites ?
Difficile de répondre de manière exhaustive à ces questions, mais il est néanmoins nécessaire d’éclaircir un peu le sujet.
Encore une fois, il faut bien comprendre que la magie n’est pas spectaculaire. C’est un ensemble de techniques qui ont été peu à peu segmentées et rationalisées pour en extirper le côté spirituel et ne conserver que ce qui permet de mettre en lumière une trace physique d’efficacité. Mais, se priver de la métaphysique, donc du spirituel, n’a rien d’une idée de génie. Encore une fois, ça limite l’être humain à un assemblage d’atomes, ce qu’il est, mais il n’est clairement pas que ça.
Un rituel magique demande un minimum de préparation. Je ne vais volontairement pas rentrer dans les détails, mais vous allez choisir un moment où vous êtes certains d’être tranquille, vous allez aménager un autel, effectuer quelques gestes de purification, mettre éventuellement une musique d’ambiance, vous concentrer, visualiser votre objectif, contrôler votre respiration, prononcer certains mots. Tout cela en mélangeant des éléments vus, lus, appris, expérimentés, modifiés, pour aboutir à une pratique personnelle et unique. Le simple fait de vous lancer dans un tel rituel a déjà des effets physiques multiples. Vous modifiez votre rythme cardiaque, votre tension, votre respiration, votre activité mentale. Vous prenez également le temps de vous concentrer sur un sujet, un but, et de le visualiser. Il ne s’agit pas, comme dans certains films, d’agiter une baguette magique pour obtenir instantanément un effet, mais de commencer à pousser les choses dans le bon sens et à se mettre dans le bon état d’esprit.
Je rappelle que la magie ne peut pas s’expliquer par la seule addition de domaines physiques (comme la méditation, l’hypnose, etc.), mais l’on va tout de même procéder ainsi pour prendre un exemple quelque peu terre-à-terre. Imaginons que votre rituel visait à obtenir une somme d’argent dont vous avez besoin ou à séduire une personne dont vous êtes amoureux. Vous y avez réfléchi, consacré du temps, vous avez même conçu tout un cérémonial pour atteindre votre objectif. Vous vous êtes mis dans un état d’esprit très particulier. Cela peut ne serait-ce qu’augmenter votre confiance en vous et vous inciter à aborder la personne qui vous intéresse ou vous pouvez passer devant un bureau de presse et décider de jouer au loto. Attention, il est important de bien comprendre que la magie ne peut être efficace si l’on n’est pas soi-même actif. C’est la même chose pour la science. Un marteau, c’est très utile pour planter des clous, mais si vous ne lui insufflez pas une impulsion, le marteau ne va rien faire seul. Dans ce cas précis, c’est le rituel qui vous a marqué suffisamment pour modifier votre état d’esprit, soit en vous donnant un regain de courage soit en vous faisant remarquer un détail que vous n’auriez pas forcément noté. Cet exemple est forcément limité et simpliste, mais cela permet d’aborder la complexité du domaine et ses effets « mesurables » (bien qu’il soit impossible de les mesurer réellement, de par leur nature). Surtout, cela ne décrit en rien la magie dans son ensemble, encore moins son impact.
La plupart des gens ne croient pas en la magie parce qu’ils imaginent une magie de fiction. Et parce qu’ils ignorent que cela demande du travail. Et le travail n’est jamais populaire. On préfèrera toujours un « raccourci » (même bancal) plutôt qu’un investissement payant mais exigeant. Et, j’en suis persuadé, la plupart des gens ont abandonné les Anciens Dieux parce qu’ils ne comprennent pas leur véritable nature. Il s’agit de symboles, de forces naturelles sur lesquelles l’on met un nom, parce qu’il faut bien les désigner, mais qui nous dépassent. Or, le fait que ces forces soient hors de notre champ de compréhension ne signifie pas qu’elles n’existent pas. Ou que l’on ne puisse pas établir, même partiellement, une connexion avec elles. L’existence de l’univers est et restera hors de notre champ de compréhension, or il existe et nous interagissons, même faiblement, avec lui.
Voilà pour cette (trop) longue mais nécessaire « mise au point ». À ce stade, si je vous ai perdu, c’est que je m’y suis mal pris ou que ce domaine ne vous intéresse pas. Mais si j’ai éveillé votre intérêt, j’espère pouvoir aller un peu plus loin lorsque j’en viendrai à aborder certains livres passionnants, qui demandent néanmoins un peu d’informations pour les aborder sereinement et efficacement.
À bientôt !