SangDragon



Le plus sanguinaire des dragons se réveille... mais qui le manipule en secret ? C'est ce que vous découvrirez dans SangDragon !

Cet album signé Bédu (un auteur ayant collaboré notamment au journal Tintin puis à Spirou) s'avère impressionnant dès la prise en main : grand format (24 x 32 cm), belle couverture, pagination conséquente (94 planches) et un élégant papier mat servant de beaux aplats signés Cerise
Nous sommes ici dans de l'heroic fantasy assez classique mais très bien fichue et contenant tout de même quelques surprises. Surtout, l'on évite le format 46 planches quelque peu étriqué, ce qui permet de développer l'intrigue correctement et d'offrir au lecteur de belles et larges cases. 
Voyons déjà le pitch.

Alors que le roi Arthmel, souverain des hautes terres d'Ergwad, vient de trépasser, son fil, le prince Oghor, s'empresse de prendre le pouvoir. Pour cela, il va notamment écarter sa sœur, Hélia, pour qui il nourrit une certaine rancœur. Alors que cette dernière, soupçonnée d'avoir empoisonné le défunt roi, est envoyée au cachot, le réveil d'un puissant dragon va totalement bouleverser le destin de la jeune femme. Et peut-être bien celui du royaume tout entier !




Ce qui saute aux yeux dès les premières planches, c'est le soin apporté aux dessins. Personnages, décors et dragons sont, dans un style oscillant entre semi-réalisme et univers onirique et cartoony, à la fois jolis et impressionnants. Certaines pleines pages, notamment, installent une ambiance épique et fantastique qui donne à l'œil l'envie de s'attarder longuement sur les chemins de cette contrée fascinante.
Mais l'écriture est soignée également et ne manque pas d'inspiration. Si les protagonistes semblent avoir un rôle bien défini dès le départ, certains vont s'avérer plus complexes et moins manichéens qu'on n'aurait pu le penser. L'on a même droit à une scène poignante et à quelques non-dits fort intéressants, l'auteur parvenant à faire passer sens et sentiments dans de simples regards.

Même si ce tome contient une histoire complète et propose son lot de combats et de péripéties, il semble appeler une suite tant le monde décrit est prometteur. Les personnages sont, eux aussi, loin d'avoir tout dévoilé de leur personnalité.
Efficace et inspiré, voilà un one-shot qui mériterait de se transformer en série !

Disponible chez Dupuis (18,95 euros).





+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Visuellement très beau.
  • Spectaculaire.
  • Une écriture classique mais qui n'est pas sans certaines subtilités.
  • De l'émotion, parfois inattendue.


  • Certains personnages auraient mérité un développement plus important. Peut-être lors d'une suite ? 

Holly, de Stephen King



Et nous voilà de retour avec une énième chronique sur un roman de Stephen King. Peut-être que cela commence à agacer les lecteurs de la première heure, farouchement attachés aux comics (surtout s'ils proviennent de Marvel). Peut-être que d'autres y verront une forme de favoritisme, une redondance éditoriale. Ce qui est certain, c'est qu'on aime cet auteur chez UMAC - et qu'en outre, le bougre est fichtrement prolifique. Il semble en plus avoir adopté un certain rythme fondé sur l'alternance entre des polars bien denses (dont le fantastique est absent) - tel le récent Billy Summers, les récits horrifiques qui ont fait son succès (comme Après) et d'autres explorant les nombreuses contrées de l'Imaginaire (Conte de fées ou l'Institut parmi les plus récents). Notre index concernant ses œuvres vous confirmera cette impression.

"Les dons sont des objets fragiles. Ne les confiez jamais à des personnes qui risquent de les briser."

Avec Holly, on se retrouve dans la première veine, dont on a l'impression qu'elle s'est pérennisée depuis Mr Mercedes. D'ailleurs les amateurs de ce dernier bouquin (ou de la très bonne série avec Brendan Gleeson) y retrouveront avec sans doute beaucoup de bonheur la plupart des personnages puisqu'il s'agit du cinquième ouvrage de ce qui est désormais considéré comme une série à part entière, d'abord centrée sur l'ex-flic Bill Hodges et l'agence qu'il créera à la suite des événements narrés dans le volume susdit. Car Holly, mais oui, c'est Holly Gibney, jeune femme perturbée qui apparaît dans le sixième épisode de la première saison, parente d'une victime du tueur recherché par Bill. Bien qu'âgée de 31 ans, elle est encore socialement inadaptée, toutefois il s'accommode très vite de ses particularités (elle manifeste des troubles autistiques) d'autant qu'elle s'avèrera très précieuse dans l'enquête qui piétinait jusque-là. 

Ceux qui ont vu la suite, ou lu Carnets noirs, Fin de ronde et Si ça saigne savent comment elle va petit à petit s'insérer dans le quotidien de Bill puis prendre à bras le corps le métier de détective privé. Mais ceux qui ont lu l'Outsider (ou, là encore, vu l'excellente série HBO de 2020) connaissent déjà ses talents d'enquêtrice capable d'arpenter des voies inhabituelles. Ici, elle se retrouve à la tête de Finders Keepers, l'agence fondée par Hodges - car ce dernier a passé la main et n'est plus de ce monde. La pauvre Holly aura vu périr bon nombre de personnes, dont plusieurs de ses proches - et aura été confrontée à différentes incarnations du Mal personnifié. Célibataire, elle sait pouvoir compter sur ses rares amis (on retrouve l'inusable et surdoué Jerome, en passe de publier un ouvrage sur un aïeul célèbre, ainsi que la jeune sœur de ce dernier, Izzie toujours flic, quoique toujours prête à filer un coup de main aux limites de la légalité, et enfin Pete qui, lui, a préféré quitter les forces de l'ordre). On sent que Stephen King a dès le départ eu un coup de cœur pour cette jeune femme et, même s'il a l'habitude d'être très disert sur ses personnages, se montre particulièrement éloquent quant à l'existence de son héroïne. Sans pour autant, cependant, la préserver car la voilà qui enterre sa mère (une femme particulièrement détestable, qui lui a pourri une bonne partie de sa vie - mais c'est sa mère, que voulez-vous...). Et qui apprend que cette femme lui avait caché bien des choses...


Le roman va ainsi s'appesantir longuement sur les relations passées (et houleuses) entre mère et fille, les honteux secrets de l'une et les décisions capitales de l'autre, et cela constituerait déjà, sans aucun doute, un excellent livre, plein d'amertume tout autant que d'acuité sur les familles dysfonctionnelles. Sauf que c'est bien un polar, nettement plus glauque qu'il n'en donne l'impression. Ainsi, le chapitre d'ouverture rappellera furieusement aux lecteurs avertis le début d'Alex de Pierre Lemaître : un jeune enseignant faisant son footing un soir de 2012 (courir seul en pleine nuit : pas très futé, vous me direz) se retrouve enlevé par un couple de vieux et se réveille dans une cage, au sous-sol de leur maison. Le pire, c'est qu'il connaît ses ravisseurs mais ne se doute pas une seconde de ce qu'ils lui veulent. Neuf ans plus tard, Holly, qui vient de préparer l'éloge funèbre pour sa mère, est contactée par la mère d'une jeune fille disparue, persuadée qu'il lui est arrivé malheur alors que la police ne paraît pas désireuse de poursuivre les investigations, croyant plutôt à une fugue. Bien qu'elle ne soit pas du tout en forme, Holly accepte à contrecœur de prendre l'affaire. Son sens de l'observation aiguisé et sa remarquable intuition lui souffleront très vite que là-dessous se cache bien autre chose qu'une simple fugue...

L'intrigue se construit ainsi tout au long de plusieurs strates temporelles, entre des chapitres issus du passé qui permettent de suivre les autres victimes de ce qui s'apparente désormais à un tueur en série, et des chapitres s'attelant à suivre l'enquête ardue lancée à partir de petits éléments épars, quelques intuitions et, lorsque tout piétine, s'englue et que le désespoir guette, une petite intervention providentielle. Ces dernières sont d'ailleurs signalées dès la phrase en exergue : 
"Parfois, l'univers vous lance une corde." 
Certes, cela contribue à minimiser le pouvoir de l'enquêteur, sa capacité à déduire au-delà des apparences et à anticiper les actions de l'antagoniste ; néanmoins, nous n'avons pas affaire ici à une super-détective, un personnage aux possibilités supérieures aux normes humaines et, pour le coup, ces petits adjuvants presque divins s'intègrent à merveille dans le récit sous forme de subtiles coïncidences dues à un heureux hasard, loin d'un deus ex machina tonitruant. C'est tout le mérite de l'enquêtrice que de savoir comment saisir l'opportunité qui s'offre ainsi, et quoi faire des perspectives qui s'ouvrent alors. Et c'est en se focalisant sur l'humain, en demeurant constamment au niveau des femmes et des hommes qui peuplent son roman, que King permet au lecteur de véritablement prendre fait et cause pour ses héros, de s'inquiéter pour leur avenir tout en, subrepticement, dévoilant l'horreur qui se cache derrière les motivations du (ou des) meurtrier(s). Pas de démon, d'extraterrestre ou de savant fou, voire même de psychopathe torturé ou d'Hannibal Lecter : c'est moins, et c'est pire. Quand le mal ordinaire supplante l'œuvre de Satan...

"Pour bien écrire, il faut maîtriser le langage obscène et savoir regarder la saleté en face. L’exalter parfois."




Un roman prenant, parfois haletant (l'augmentation du tempo lorsque la résolution s'approche vous prend aux tripes) qui se ménage de beaux moments de tendresse et d'humanité avant de prendre le temps de s'accomplir sans se précipiter, avec une héroïne bourrée de défauts qui font justement qu'on ne peut que l'aimer.


+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Un polar bien glauque.
  • Des tueurs qui sortent de l'ordinaire.
  • Des personnages choyés, traités avec minutie et beaucoup de tendresse.
  • Une tension qui va crescendo, une enquête qui progresse lentement mais sûrement.


  • On peut parfois se sentir frustré par certaines allusions si l'on n'a pas lu les précédents romans.
  • Une conclusion qui traîne un peu en longueur mais semble toutefois nécessaire.

10 titres pour se nettoyer les tympans




C'est reconnu par tous les bons ORL, l'abus de niaiseries, de style Patrick Bruel ou Aya Nakamura, peut faire perdre plus de 55 % de l'audition à moyen terme et avoir même des répercussions sur la santé mentale, le bon sens et l'humeur.
En nous basant sur des études purement scientifiques, nous vous recommandons de vous laver les dents au moins deux fois par jour, de manger des fruits et des légumes si vous le pouvez (à part des kiwis, parce que franchement, faut le vouloir pour bouffer ça), et d'écouter les titres qui suivent.


VAN HALEN  - Ain't Talkin' 'bout Love 
Deux à trois fois par semaine, à fond dans la bagnole (ou dans la chambre si vous vivez chez vos parents). Normalement, ça doit stresser tout le monde. Expliquez-leur que la vraie musique, ça s'écoute à fond et en transe. Si vous avez un chat, protégez-le en lui mettant des boules Quies (sauf si c'est un putain de cat hardos). 
Bond de testostérone : + 1500
Issu de l'album : Van Halen (1978)





IRON MAIDEN - Fortunes of War 
Tout peut s'écouter dans la longue discographie de Maiden, mais ce morceau-là, aux alentours des deux minutes, s'affole pour devenir guerrier et transcendantal. Courant chez Maiden, mais bon, il fallait en choisir un. Et celui-ci n'est pas trop connu.
Envie de maltraiter une gratte : + 17 500 / envie de s'acheter un glaive et d'envahir la Perse antique (ou le Luxembourg, histoire de se faire la main) : + 80
Issu de l'album : The X Factor (1995)





TWISTED SISTER - King of the Fools 
Là, je reconnais, c'est spécial. Le chanteur m'a toujours fait flipper. Il ressemble un peu à une vieille polonaise qui tenait un stand de frites dégueulasse à Thionville (véridique). Elle était trop maquillée et avait toujours l'air d'être deux minutes dans le passé quand on lui parlait. 
Mais bon, Twisted quoi. On ne peut pas dire qu'il y ait tromperie sur la marchandise.
Je passe pour un asocial et un mec bizarre : + 50
Issu de l'album : Come Out and Play (1985)





BLUE ÖYSTER CULT - Don't Fear the Reaper 
Si là, on n'a pas un classique, du genre qui te fait chaud (ou froid, ça dépend des gens) jusque vers des endroits que la décence nous interdit de nommer, alors autant abandonner toute notion ayant un vague rapport avec l'harmonie, la justesse et la mélodie. 
Ce truc-là, ça doit te filer des frissons, au minimum. La chiasse si tu es très sensible. Mais de toute façon, ça doit avoir un effet physique. Au moins, tu remues vaguement les pieds. Pour l'anecdote, c'est ce titre qui ouvre l'adaptation en téléfilms du roman Le Fléau de Stephen King. 
Joie : + 5000 / Drague : - 18 (bonus de + 35 si filles bourrées et texanes)
Issu de l'album : Agents of Fortune (1976)





CLUTCH - Electric Worry                     
Déjà, j'aime ce groupe pour ses membres habillés normalement. Ah je te jure, quand tu passes de Twisted Sister à Clutch, ça te repose les yeux. En terme de fringues, Clutch, c'est discret, fonctionnel, un poil terne, on a l'impression que les mecs partent à la pêche plutôt que sur scène. Ça doit être l'équivalent vestimentaire de l'autisme. Tout à fait mon style. Ce groupe est présent également pour son petit côté redneck, sa basse brutale et couillue, et sa tendance, très "maidenesque" [1], à pondre des textes surprenants et bien plus profonds qu'on ne pourrait le supposer (en faisant notamment référence aux classiques de la littérature, à la mythologie ou à certains hauts faits historiques. Ah ben, c'est pas du Cali, c'est sûr).
J'ai l'air d'un plouc : + 40 / je jubile secrètement en sachant qu'il y a plus de neurones dans un refrain de Clutch que dans toute la discographie de Booba : + 1 000
Issu de l'album : From Beale Street to Oblivion (2007)





SABATON - Unbreakable
Pure décharge d'adrénaline qui peut occasionner une montée de testostérone fulgurante. Puissant et mélodique à la fois, ultra-lourd, ce titre peut te faire passer de "wouah, déjà 06h00, pfff, j'aurais bien dormi encore un peu" à "je vais aller au taf en courant, qu'est-ce que j'en ai à foutre ? Et si un de mes connards de collègue me parle, je lui arrache le cœur et je m'abreuve de son sang chaud !!". 
Et puis, elle n'est pas magnifique cette pochette ? 
Motivation : + 1000 / Possibilités de finir en taule pour meurtre : + 1000 
Issu de l'album : The Art of War (2008)





METALLICA - Orion
C'est probablement le plus fantastique instrumental metal de tous les temps. Ouais, rien que ça. Déjà bien rythmé et puissant les 4 premières minutes, après un petit break planant, le morceau devient ensuite d'une virtuosité et d'un lyrisme proprement hallucinants. Avec ça mon gars, même si tu as écouté du Calogero toute ta vie, tu vas t'offrir une remise à niveau des esgourdes et un retour aux réglages d'origine. Ta vie sera plus belle, l'être aimé reviendra, tes cheveux repousseront et tu paieras moins d'impôts. Bon, j'exagère peut-être sur certains effets qui ne sont pas garantis, mais ça reste quand même un titre légendaire.
Charisme : + 2 000 000
Issu de l'album : Master of Puppets (1986)





PRETTY MAIDS - I.N.V.U.
Tu as vraiment cru qu'on n'allait pas mettre de Pretty Maids ? PM c'est indispensable, d'accord ? Les compos sont souvent excellentes et c'est suffisamment mélodique pour que ta copine ou ta femme apprécie, déjà ce n'est pas négligeable. Ensuite, on avait trop de groupes ricains alors que la filière scandinave vaut clairement le détour. Ceci dit, ils ont tellement d'albums et de titres excellents, ce fut difficile d'en choisir un. En passant, Nordic Union, c'est très bien aussi et c'est le même chanteur. Testez Hypocrisy par exemple, ça passe comme du chocolat chaud un soir d'hiver.
Envie de bouffer du sakkuk et du smørrebrød : + 25
Issu de l'album : Pandemonium (2010)





DEF LEPPARD - Women
J'avais très envie de mettre Love Bites, parce que fin 80, c'est la ballade que tous les ados métalleux qui fantasmaient sur une fille inaccessible écoutaient, mais ça ferait tafio... ça ne serait pas dans le thème de la sélection, qui nécessite des titres un peu plus couillus. Du coup, bam, Women ! Ça parle quand même de sentiments, mais c'est plus joyeux et axé... sexe.
Mais Hysteria est à écouter dans son ensemble. C'est un album mythique, excellent, qui a marqué l'histoire de la musique. 
Romantisme :  + 2
Issu de l'album : Hysteria (1987)





SCORPIONS - Always Somewhere
Ouais, on n'est pas des sauvages, on peut terminer sur une ballade, musclée mais ballade quand même, interprétée par les rois du genre, alias nos amis Germains de Scorpions. Et puis c'est allemand, c'est propre, c'est carré, ça tape là où il faut. Ce qu'il y a de bien avec Scorpions, c'est que tu peux même faire écouter ça à ton gamin de 5 ans. Ça le prépare tout doucement à monter en gamme.  
Huilage du conduit auditif : + 500 
Issu de l'album : Lovedrive (1979)




Bien entendu, 10 titres, c'est très peu. Il existe bien des chansons, et bien des groupes, qui ont marqué mes tympans naguère et qui continuent de m'accompagner aujourd'hui. Tout cela est donc, forcément, subjectif. C'est pour ça qu'il ne s'agit pas d'un classement d'ailleurs. Si vous ne vous retrouvez pas dans ce top 10, c'est normal, vous avez des goûts de chiottes [2]. Plus sérieusement, et bien que la première hypothèse ne soit pas fausse dans tous les cas, ce n'est pas spécialement fait pour vous convenir mais pour rappeler que la musique, ce n'est pas forcément de la soupe tiède qui convient à tous les gosiers, mais un truc qui peut être épicé, violent, orgasmique et même subtil ! Et puis, même si un seul titre vous intrigue dans le lot, ce n'est déjà pas si mal.
Et de toute façon, j'aime bien aussi Dorothée, comme quoi, tout est relatif. 



[1] Cf. ce dossier qui revient notamment sur la diversité et la qualité des textes du groupe, très loin de l'image ridicule qu'en donnent parfois certains médias.
[2] Là je mettrais bien que c'est une plaisanterie, histoire d'éviter de supporter les pleurnicheries du gros lourdingue habituel qui ne manquera pas, dans les 24 heures, de venir se plaindre sur l'injustice de ces propos, mais si on pouvait expliquer le second degré aux cons, ça se saurait. 

Cette étrange nostalgie venue des Étoiles...



À la fin des années 70, une vague bien particulière de dessins animés (et même de séries) déferle sur la Gaule. Vague qui d’ailleurs continuera durant les années 80. Le point commun de ces récits ? L’espace, ses mystères et ses dangers…

Tout commence, pour bien des enfants de l’époque, par Goldorak, cet incroyable « robot des temps nouveaux ». La série raconte l’histoire d’Actarus, exilé d’une planète lointaine et venu défendre la Terre contre la menace des forces de Véga. C’est l’heure (déjà) des premières polémiques sur la violence dans les DA destinés aux enfants. Loin de n’être qu’une suite de combats, Goldorak va pourtant se révéler non seulement porteur d’un message écologique très en avance sur son temps, mais aussi accumuler régulièrement les scènes émouvantes, souvent d’une profondeur rare. En effet, évitant l'écueil d'un affrontement qui ne serait que manichéen, la série va mettre en scène des personnages étonnants, qui se sacrifient par sens du devoir, regrettent leurs erreurs ou encore changent de camps. Les morts poignantes se succèdent, embellies par une bande son extraordinaire et très loin de se limiter au(x) seul(s) générique(s).

Dans cette fin de décennie, qui annonce des années 80 très « colorées » et optimistes, le futur est encore synonyme de progrès, sinon moral, au moins technologique. Les auteurs imaginent la conquête spatiale de demain et font rêver des enfants naïfs dont le regard se lève vers les étoiles avec envie et une pointe de frissons.
Galactica (ou Battlestar Galactica 1978), une série américaine cette fois, dévoile des humains errant à la recherche de la mythique 13e colonie, établie sur la Terre. Là encore, il luttent contre des ennemis extraterrestres, appelés Cylons (des robots créés par des… reptiliens). Les héros principaux, le capitaine Apollo (interprété par Richard Hatch) et le lieutenant Starbuck (joué par Dirk Benedict), sont charismatiques et portent des uniformes beige et brun, du plus bel effet, qui ont un petit côté « western » et apportent une touche de réalisme (on n’est pas dans le clinquant ou le pyjama flashy à la Star Trek). Les vaisseaux, le Viper en tête, sont également fort bien fichus. Comment ne pas tomber sous le charme de cette saga qui, d’ailleurs, deviendra culte et connaîtra une suite ?




Digne successeur de Goldorak dans Récré A2, Albator s’éloigne des dessins animés gentillets avec une approche sombre et quelque peu angoissante. En 2977, un gouvernement mondial contrôle et anesthésie la population grâce à « l’abrutisseur mondio-visuel » (la télé et les réseaux sociaux avant l’heure en somme). Mais un jour, une menace extraterrestre survient. Les Sylvidres, des créatures végétales d’apparence féminine, semblent avoir des vues sur notre monde. Le gouvernement, dépassé, met rapidement leurs exactions sur le compte du capitaine Albator, un corsaire de l’espace qui, au contraire, fait tout pour combattre ces envahisseurs. 
L’atmosphère était très particulière, à la fois désenchantée et pessimiste, ce qui rendait la série fascinante (et effrayante, mais je parle ici de ces frissons anodins et volontairement recherchés et appréciés, personne n’était traumatisé, à l’époque, par un peu d’imaginaire…).

Il n’est pas possible de faire l'impasse sur San Ku Kai, une autre série au générique (français) inoubliable (les paroles sont de Didier Barbelivien, la musique d’Éric Charden), qui était très axée, là encore, sur la castagne et les arts martiaux. Il n’est plus vraiment question ici de la Terre, les humains ayant colonisé de nombreux autres systèmes. C’est d’ailleurs l’un deux, le quinzième système, qui va être la proie des Stressos (quel nom de merde !). Et oui, car comme le chante Charden, « là-haut, dans l’espace, quelqu’un nous regarde ». Et visiblement, ce quelqu’un a décidé de s’installer dans le salon à grands coups de mawashi geri. Inutile de dire que les cours de récréation de l’époque ont connu bien des remakes de ces combats épiques.

Mais la série qui m’a probablement le plus marqué, après Goldorak, fut Ulysse 31. Seulement 26 épisodes pourtant, mais quelle formidable déclinaison de l’Odyssée ! 
Ulysse, à la tête du vaisseau Odysseus, va bien involontairement offenser les dieux. Ceux-ci le condamnent à errer à travers l’espace, à la recherche de la Terre, alors que son équipage est presque entièrement placé dans un état léthargique. Ulysse, Télémaque, Thémis et Nono, le petit robot, vont devoir affronter bien des dangers avant d’espérer pouvoir rentrer chez eux.
Tout était, dans ce DA, absolument magique. Le côté SF, la mythologie parfaitement revisitée, le vaisseau (particulièrement original et classe) et même les génériques (dont le Ulysse revient, très punchy).




Tout cela va bien évidemment ouvrir la voie, par la suite, à bien d’autres œuvres encore, comme Capitaine Flam, V : Les VisiteursJayce et les Conquérants de la Lumière ou encore Galaxy Express 999
Bien souvent, l’on évoque à raison le sentiment nostalgique que ces histoires suscitent chez les quarantenaires ou cinquantenaires. L’on pourrait penser qu’elles ont vieilli, que bien des éléments, comme l’animation, sont dépassés. Mais ce serait oublier que l’important dans un récit, c’est la manière de le conter. Ces œuvres, pour certaines en tout cas, demeurent vivaces dans l’esprit de bien des adultes pour de très bonnes raisons. Notamment parce que ce qu’elles proposaient au jeune public était loin d’être niais ou simpliste. Ces séries abordèrent notamment, avec une certaine audace, la menace que fait (toujours) peser l’humanité sur sa propre (et seule !) planète ; le totalitarisme soft, à base de divertissements abrutissants ; la manipulation et même la mondialisation et ses effets néfastes. La forme fut soignée également, avec des musiques dont certaines sont devenues mythiques et sont dignes des plus grandes bandes originales jamais composées. Et puis… il y avait, perdu dans la noirceur, cet espoir mince mais solide. 
C’était le temps de l’héroïsme, du courage, de l’abnégation. C’était le temps des héros faits de ce bois solide qui ne plie ni ne casse au moindre coup de vent. C’était le temps où les robots pouvaient être aussi drôles et gourmands. Le temps où l’Homme se rêvait si grand, si noble, qu’il en défiait même les dieux lorsqu’il les jugeait injustes. C’était le temps où l’avenir était au fin fond de l’espace et l’espoir à la surface de nos cœurs.
Le temps où les étoiles fascinaient et promettaient de tragiques mais fabuleuses aventures...

Nos petits yeux de gamins ont vu Dantos être tué par Minos. Ils ont assisté à la fin du Cyclope et à la vengeance de Poséidon. Nous avons vu la très sexy Diana dévorer un rat. Nous avons vu l'Atlantis affronter la Grande Armada. Nous avons tremblé avec des héros d'un autre temps, nous les avons vu pleurer, échouer, puis se relever et vaincre. Nous avons goûté à la terreur venue des profondeurs du cosmos, et nous avons aimé ça. 
Comment ne pas ressentir une douce mélancolie lorsque l'on a assisté, fébrile, à tant de drames et de merveilles ? Voilà qui explique sans doute un peu les vaisseaux et figurines qui ornent nos étagères et nos mémoires. Car si le plaisir de la découverte n'a pas d'égal, le plaisir du souvenir, moins explosif, plus amer, ne peut être dévoré par le temps. Il demeure à jamais intact, dans les limbes des cerveaux enfiévrés et dans le vaste multivers de l'imaginaire. 



Road House - le remake



Comment, à partir d'un malentendu, faire un bon film détesté par Télérama ? (ce qui est toujours un bon signe)

Le malentendu, c'est de prétendre que le Road House original, sorti à la fin des années 80, serait un film "culte". Culte en quoi ? Il a eu un certain succès en salle à sa sortie, c'était un film d'action plutôt sympa, mais vite oublié. Avant la sortie du remake et la campagne de pub l'accompagnant, je n'avais jamais entendu qui que ce soit qualifier le premier opus de "culte". C'est juste un de ces films, très courants à l'époque, où un héros "cool et invincible" met une raclée aux méchants de service, le tout servi avec une bande-son musclée et une jolie nunuche tombant amoureuse du héros. Rien de culte donc là-dedans, juste un honnête divertissement destiné à vider temporairement la tête des rares spectateurs qui ont quelque chose dedans. 

Plus de 30 ans plus tard, voilà donc le remake, que personne ne réclamait, qui sort en grande pompe sur Amazon Prime (si tant est qu'une sortie sur Prime puisse être qualifiée ainsi). Et la surprise est... bonne. Alors que la plupart des critiques sont mitigées voire franchement injustes ("Swaize doit se retourner dans sa tombe" ; "c'est moins drôle que l'original" ; "les personnages perdent en profondeur"...), le long-métrage s'avère non seulement digeste mais amusant.

Revenons un instant sur les critiques prises en exemple. Le Road House original serait "drôle" ? Mais à quel moment ? Le film de 1989, au contraire, se prend très au sérieux. Si on le regarde aujourd'hui avec du recul, en en riant un peu, c'est parce que les codes ne sont plus les mêmes et que bien des choses (le personnage principal en premier lieu) sont exagérées et totalement invraisemblables dans ce film. Mais à la base, c'était juste un film d'action musclé et très premier degré. Avec même un soupçon de philosophie martiale en prime.
Quant à la profondeur des personnages... on avait un héros surhumain, parfait, et quelques personnages secondaires insipides lui servant de faire-valoir. On a déjà vu plus profond, même pour l'époque. 




Ce nouveau Road House n'a donc pas à rougir de la comparaison mais, en plus, il s'avère sur bien des plans plus efficace que le premier. Bon, sauf peut-être sur l'histoire d'amour, réduite au strict minimum avec une actrice transparente qui fait office d'erreur de casting. Mais tout le reste tient la route. Et en premier lieu, Jake Gyllenhaal, affûté physiquement et impeccable dans son rôle de castagneur flegmatique. 
Ensuite, les combats (essentiels tout de même) sont bien fichus. Non pas qu'ils soient réalistes (ce n'est pas le but ici) vu la quantité de coups que les protagonistes se prennent alors qu'un seul suffirait à mettre KO n'importe quel guerrier bien burné, mais tout en étant spectaculaires, ils évitent le côté "je te mets toute une série de gnons, puis c'est à toi", à la Rocky. La distribution de salade de phalanges et de cocktail de panards est ici plus équilibrée lors des gros affrontements contre Knox. 
Enfin, le grand "méchant" de l'histoire justement, incarné par Conor McGregor (un combattant MMA, bien réel et légendaire) est parfait. Non seulement parce que physiquement, il est impressionnant, mais surtout (et on en arrive au point fort du film) parce qu'il est... drôle. 

En effet, Doug Liman (réalisateur de La Mémoire dans la Peau ou, entre autres, Edge of Tomorrow) parvient à donner suffisamment de second degré à la plupart des scènes pour qu'elles soient à la fois efficaces visuellement et drôles. Entre les répliques, plutôt bien écrites, ou la première apparition totalement folle de Knox, le spectateur garde un sourire complice aux lèvres. Le "complice" est important : on ne rit pas du film parce qu'il est mauvais, on rit du second degré et du décalage évident employé par le réalisateur.

Alors au final... on obtient un film honnête, divertissant, qui ne se prend pas au sérieux mais ne prend pas non plus les gens pour des cons, en soignant dialogues, chorégraphies martiales et montage. 
Non seulement le nouveau Dalton ne fait pas honte au premier, mais il s'avère au moins aussi attachant et charismatique. Et sur le long terme, il ne serait pas étonnant qu'il remporte la bataille contre le temps et s'impose dans les esprits comme la référence en termes de... de films de mecs qui se pètent la gueule dans des bars miteux.  

Pas un chef-d'œuvre, mais certainement pas un navet non plus.




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Gyllenhaal, impressionnant et charismatique.
  • La présence de Conor fucking McGregor !!
  • L'humour, très bien dosé.
  • Ce qu'il faut de spectaculaire.


  • L'héroïne, bien fade en comparaison de la sublime Kelly Lynch.

Collector #17 : La Lincoln Zephyr du Capitaine Haddock



Gros plan sur la Ford Lincoln Zephyr utilisée par Tintin et le Capitaine Haddock dans l'album Les 7 Boules de Cristal.

Cette version à l'échelle 1/24e mesure environ 20 cm de long par 7 cm de large. La boîte transparente, dotée d'un arrière-plan pluvieux, fait, elle, environ 26 cm de long par 12 cm de large.

Le véhicule en métal a belle allure, avec notamment sa carrosserie brillante. Les personnages sont détaillés et bénéficient de visages parfaitement réalisés. Milou, sur la banquette arrière, accompagne bien sûr les deux compères.

Le véhicule est encore trouvable aux alentours de 70 euros. Parfois un peu moins en étant patient et en cherchant bien. 

Un engin qui aura fière allure dans une vitrine !






Église électrique




N’est pas Dick (Philip K.) qui veut.
Enfin, soyons honnêtes : il est difficile de savoir si la volonté de l’auteur était bien, comme l’affiche un peu trop ostensiblement l’éditeur, de faire la nique au père d’Ubik, du Maître du Haut-Château et du Dieu venu du Centaure (également cité dans l’extrait du Library Journal Review qui chapeaute la quatrième de couverture dans l’édition Bragelonne de 2010). Cependant, le moins que l’on puisse dire, c’est que la route est longue et l’écart conséquent.
 
À présent, si on laisse de côté la pesante campagne publicitaire chargée de vanter les mérites d’un auteur alors en devenir, et sans doute très prometteur, on peut jauger de l’intérêt propre du livre. Et là, même s’il ne peut se permettre de lutter dans la catégorie d’un Dick, voire d’un Richard Morgan (quoique ?), Jeff Somers propose une œuvre qui, malgré son manque total d’originalité, apporte son lot non négligeable de rythme, de suspense et d’action dans un décor intéressant.

S’il fallait oser une comparaison, ce serait plutôt avec l’Andrevon du Travail du furet à l’intérieur du poulailler : une ambiance film noir dans un monde post-apocalyptique, en moins politisé et plus frénétique. La même narration désabusée à la première personne, le même regard lucide et désenchanté sur un monde pourri où 95 % du peuple cherche à survivre dans des conditions indécentes tandis que quelques privilégiés semblent intouchables.
 
Chapitre XVII, p. 180, §3 : Avery passe un contrôle d’identité.
S’ils m’avaient observé plus attentivement, ils auraient pu remarquer les mauvaises dents, les cicatrices, l’accent – mais ils n’ont pas fait attention. Si tu avais l’air riche, tu pouvais bien leur tendre une carte d’identité écrite à la main avec des fautes dans ton nom, ils s’en fichaient. Avoir l’air riche, une compétence que se devait d’acquérir tout criminel digne de ce nom – le plus tôt possible dans sa carrière. 
Tentons un résumé. Sur une Terre qui peine à se reconstruire, seules deux catégories de personnes vivent correctement : les flics de la Fédération, invincibles et intransigeants, faisant régner l’ordre par tous les moyens – surtout les plus expéditifs – et les Moines de la nouvelle et mystérieuse Église électrique, aux visages artificiels dépourvus de toute expression, passant leur temps à prêcher. Pour tous les autres, c’est la misère, et la vie dans les rues bondées, entre des immeubles menaçant de s’effondrer, n’est pas de tout repos.


Avery Cates est un "flingueur". Un des meilleurs. La preuve ? Il a 37 ans, et il est encore en vie. Sauf que là, il est dans la merde : traqué par les flics à cause d’un contrat qui a foiré, il a passé les dernières heures à échapper à l’étau qui se resserre de plus en plus. Mais il y a pire car il a pu voir à l’œuvre l’un de ces moines, censés être pacifiques, et la rumeur s’est avérée exacte : pour vous recruter, l’Église électrique doit vous tuer.
Somers nous introduit ainsi dans cet univers aux codes archi-connus (un exemple au hasard : le manga Gunnm) avec la litanie répétée à l’encan par les Moines de l’Église électrique :
 
Laissez-moi vous mettre sur la voie de crépuscules infinis.
Laissez-moi vous sauver.
 
Le problème, c’est que le vif du sujet est davantage une traque (double, puisque le traqueur du début - Avery Cates, le Flingueur narrateur - devient le traqué) qu’une enquête. Et ensuite, on passe aux principes des films de « casse » avec recrutement d’une fine équipe pour une mission impossible (buter le Chef mystérieux de la non moins mystérieuse Église tout en échappant aux flics de la Fédé, pourtant impitoyables et infaillibles, et à ce Moine bizarre qui semble avoir gardé des souvenirs de son passé, et qui, c’était couru d’avance, en veut à mort à Avery). En bref : toutes les puissances se sont liguées contre ce petit criminel qui se satisfaisait juste d’avoir vécu plus longtemps que la majorité de ses concitoyens. 

Notre anti-héros, pour survivre, ne pourra compter, d'abord, que sur son expérience. Sa hargne aussi, celle qui vient des laissés pour compte obligés de survivre au sein d’une plèbe sans foi ni loi. La chance surtout – et même la Providence, incarnée par ce personnage tout-puissant qui le secondera plus d’une fois, tout en le laissant dans le flou le plus complet quant aux objectifs réels de sa mission. Évidemment, Avery se rebiffera souvent, se posant des questions légitimes sur le bien-fondé de ce qu’on lui demande de faire et sur les tenants de toute cette affaire. Il n’en saura (et nous avec, pauvres lecteurs) rien jusqu’à la révélation finale. Bien entendu.
 
Quand tu as tué quelqu’un pour de l’argent, toute ta vision du monde en est bouleversée. Le meurtre est un remède miracle […] Tu comprends que le monde est juste une putain de machine. Tu pousses ici, il se passe quelque chose. Tu tires là, il se passe quelque chose. Et au bout d’un moment, tu prends conscience qu’avec de la pratique, tout devient possible. 
 
Passé donc l’agacement des premières pages contre une publicité abusive et ce terrible sentiment de déjà-lu, on se complaît un poil paresseusement dans le rythme trépidant des tribulations d’Avery, personnage stéréotypé mais sympa, flanqué d’assistants complètement barrés quoique doués dans leur domaine. Le tempo est rapide, à l’image de ces chapitres ultra-courts construits méthodiquement (c’est à dire qu’ils s’achèvent systématiquement par un happening). Les péripéties nombreuses, les méchants très méchants (et coriaces) et la mission de plus en plus difficile se dessinent sous un style brut, efficace, sans fioriture, très proche des polars US qui abondent dans les librairies à l'approche de l'été. En fait, on se régale, comme devant un bon feuilleton des années 80, plein de bruit et de fureur, avec une once de discours vaguement politique qui se permet même des velléités philosophiques.


Reste l’Église électrique. Belle invention tout de même, aux ramifications qu’on sent très vite aussi nombreuses que douteuses. Elle constitue un plus-produit évident dans la structure et le contenu du roman. Oh, ne vous attendez pas à des révélations à la Soleil vert, toutefois l’ensemble de l’intrigue vaut le détour, et les explications s'avèreront plutôt savoureuses. On en sort flanqué d'un sourire de contentement car on s’aperçoit qu’on a passé, finalement, un peu de bon temps avec ces gaillards au caractère bien trempé tout le long d'une course-poursuite haute en couleurs dans une ambiance rappelant furieusement Blade Runner. On en oublierait presque les récriminations des premières pages, avant de déplorer l’absence marquée de présence féminine (à part une otage, la pauvre).

Pas révolutionnaire (quel que soit le sens que vous donnerez à ce terme) mais franchement cool. Du coup, si vous avez accroché, d'autres volumes sur Avery Cates pourraient vous intéresser (cinq romans et une dizaines de nouvelles). L'auteur semble avoir eu du mal à se sortir de cet univers et n'a pas produit grand-chose à côté.

 


+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Un contexte attractif.
  • Des personnages attachants.
  • Un rythme trépidant.


  • Pas à la hauteur des modèles revendiqués.
  • Cela sent parfois le réchauffé, pas grand-chose de neuf à se mettre sous la dent.

Écho #36 : Wehrmacht 46



Gros plan sur Wehrmacht 46 - L'arsenal du Reich.

Et si la Deuxième Guerre mondiale n'avait pas pris fin en 1945 ? Voilà l'hypothèse, souvent rencontrée dans de nombreuses uchronies (cf. par exemple Wunderwaffen ou Le Maître du Haut Château), qui est ici reprise par les éditions caraKtère afin de proposer deux ouvrages techniques extrapolant l'armement que le IIIe Reich aurait pu aligner en 1946.

Le premier tome est consacré à la Heer (infanterie) et à la Panzerwaffe (blindés), le second tome regroupe les éléments de la Luftwaffe (aviation), de la Kriegsmarine (marine), des Waffen SS ainsi que les armes nucléaires. Bien entendu, il ne s'agit pas d'inventer de toutes pièces des avions de chasse ou des fusils d'assaut, mais bien de se baser sur les recherches et les prototypes d'époque pour avoir une projection la plus réaliste possible et dévoiler quelles auraient été les doctrines d'utilisation des différents équipements et véhicules, ainsi que les unités concernées.

Le contenu est particulièrement complet et soigné, avec schémas, photos et dessins de qualité, associés à une mise en page claire et élégante. Chaque tome (160 et 207 pages) présente une couverture souple et un papier glacé du plus bel effet. 
Le prix (39,90 euros pour chaque volume) est en adéquation avec le format (21 x 28,5 cm environ), la qualité générale et la masse de travail nécessaire pour aboutir à un tel résultat.

À conseiller aux passionnés d'Histoire, d'armes, mais aussi aux auteurs cherchant de la documentation, voire même aux amateurs de jeux de rôles.