Gros plan sur Sentinel, une excellente série Marvel, pourtant assez peu connue.
Juston Seyfert est un adolescent plutôt sympa mais fort peu populaire et persécuté par les abrutis de service de son lycée. Son petit frère et lui sont élevés par leur père. Ayant peu d'argent, ils sont devenus des as du bricolage, ils passent notamment leur temps à fabriquer de petits robots de combat à partir de matériel de récupération.
Un jour, Juston trouve les restants d'une Sentinelle – l'un de ces fameux robots chasseurs de mutants – dans son hangar. La remettant peu à peu en état, il va alors avoir l'idée de s'en servir pour son propre compte. Par exemple en simulant une attaque contre son école, attaque à laquelle il compte bien mettre fin, ce qui lui permettra de passer pour un héros aux yeux de tous.
Mais Juston est trop honnête pour réellement se satisfaire de ce genre de combine... alors, pour se rattraper, il va tenter d'agir au mieux. Ce qui ne sera clairement pas évident.
La première série Sentinel compte 12 épisodes et a été publiée en 2003 par Marvel. Ce premier opus a été adapté en français, par Panini, dans deux albums de la gamme Mini-Monster (qui peuvent encore se trouver d'occasion). Le titre n'a pas eu un succès phénoménal, malgré ses nombreuses qualités. Il a fallu attendre 2005 pour assister au retour de Juston, dans une mini-série de 5 épisodes. Le personnage connaît ensuite une (très) longue traversée du désert avant de réapparaître en 2011, dans un rôle secondaire, dans Avengers Academy. Il participera également de loin à certains évènements, comme Avengers vs X-Men, où il devra affronter Emma Frost.
Mais intéressons-nous plutôt à ses débuts.
Le scénariste des deux volumes de Sentinel est Sean McKeever, déjà responsable de Spider-Man loves Mary Jane, autre titre visant plutôt un public jeune. Les dessins, eux, ont été réalisés par le studio Udon. Dessins, encrage et colorisation sont donc l'œuvre d'Eric Vedder, Joe Vriens, Scott Hepburn, Sacha Heilig et Erik Ko. Le nom de leur studio étant également celui d'un plat de nouilles japonais, personne ne sera surpris d'apprendre que leur style graphique tend un peu vers le manga.
La série est issue du label Tsunami, regroupant des histoires facilement abordables et en dehors de la continuité Marvel classique. Même si le public visé est a priori plutôt jeune, les aventures de Juston (à l'inspiration très "Peter Parkerienne") sont tout à fait abordables par des lecteurs adultes.
McKeever ne révolutionne certes pas le genre. Le coup du jeune souffre-douleur rencontrant subitement une fille super sympa et obtenant, sinon des pouvoirs, du moins un "objet" qui va lui permettre de changer de vie, c'est clairement du déjà-vu. Mais si le point de départ n'est guère original, c'est la grande habileté narrative du scénariste qui va permettre aux lecteurs de s'attacher rapidement aux jeunes protagonistes du récit.
La relation entre Juston et son père, ainsi que son petit frère, est très bien mise en scène, tout comme la rivalité, non dénuée d'humour, entre la jolie Jessie et l'insupportable Ashleigh. Même la sentinelle, pourtant vulgaire morceau de ferraille, parvient à inquiéter ou attendrir.
Le traitement graphique de la sentinelle est d'ailleurs particulièrement efficace. Le dessinateur parvient à parfaitement retranscrire son aspect massif, notamment lors des déplacements qui font vibrer personnages et décors. Ces derniers, à l'aspect cartoony, ne manquent pas de charme non plus.
Enfin, l'on a droit à un clin d'œil savoureux alors que Juston et son compère métallique tentent de secourir les rescapés d'un crash aérien. L'un des passagers, immédiatement reconnaissable sous les traits de Bruce Willis, n'est autre que... John McClane, qui partait se rabibocher avec sa femme et s'est attiré de nouveaux ennuis.
La seconde (mini) série, inédite en France, explore un peu plus le passé de la famille Seyfert, Juston partant à la recherche de sa mère qui a abandonné le domicile familial quelques années auparavant, ce qui va l'amener à affronter une dure réalité (une thématique finalement assez mature, malgré l'aspect enfantin de la série).
En ce qui concerne la partie "action", Juston va devoir faire face à un sénateur et un colonel qui ont naguère utilisé sa sentinelle pour commettre des crimes. Les deux complices souhaitent effacer toute trace de leurs méfaits, et envoient pour cela une sentinelle furtive détruire le robot du jeune garçon. L'occasion pour le duo de se montrer encore plus fusionnel, puisque Juston aura cette fois un poste de pilotage aménagé à l'intérieur du robot (il se contentait auparavant de le "chevaucher").
En conclusion, voilà une série fort bien réalisée, mélangeant action, émotion et humour, et bénéficiant de personnages attachants. Et en plus, c'est clairement tout public. Autant dire que c'est fichtrement conseillé.
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