Introduction au monde fascinant des Inhumains avec la maxi-série sobrement intitulée Marvel Knights : Inhumans.
Le peuple Inhumain est issu d'une ancienne expérience extraterrestre, les Krees s'étant livrés à d'étranges manipulations génétiques sur des humains primitifs, il y a de cela plus de 25 000 ans. De nos jours, ces êtres à part vivent pacifiquement au sein de la noble cité d'Attilan. Loin des hommes et de leur air vicié, le puissant Blackagar Boltagon règne sur des sujets dévoués. Il veille notamment à ce que la tradition se perpétue.
À l'adolescence, les Inhumains doivent passer par un rite initiatique particulier. Exposés aux brumes tératogènes, ils subissent alors une mutation qui fera d'eux des êtres uniques. Ainsi, la génocratie en place pense maintenir l'égalité par la différence.
Il suffit pourtant que l'une de ces cérémonies se déroule d'une manière inattendue pour que le fragile équilibre soit rompu. Dans l'ombre, Maximus, le frère du roi, aux portes de la folie, rumine sa vengeance. Pire encore, la menace vient également de l'extérieur, des mercenaires étant prêts à attaquer Attilan pour en percer les secrets technologiques.
L'avenir de toute une nation est maintenant entre les mains de Black Bolt. Dans une telle situation de crise, tout le monde s'attend à ce qu'il réagisse promptement. Pourtant, le monarque reste sans réaction. Alors que sa propre épouse est enlevée, que les premiers Inhumains tombent sous le feu ennemi et que le champ de protection qui entourait la cité commence à céder, Black Bolt regarde son monde s'écrouler sans rien tenter.
Bientôt, il va perdre la confiance de ses proches...
C'est en 1998 que sort ce récit en douze épisodes. Le scénario est de Paul Jenkins (Révélations, Civil War : Front Line, Penance : Relentless, Captain America : Theater of War), Jae Lee est, lui, en charge des dessins. Graphiquement, c'est d'ailleurs magnifique : Black Bolt, son épouse Medusalith, ou les autres membres de la famille royale ont tous fière allure. Les poses, les regards profonds, perdus vers l'horizon, leur donnent une classe folle et un côté tragique indéniable. L'on perd toutefois en dynamisme ce que l'on gagne en prestance, les protagonistes étant parfois un peu figés. Mais rien de bien méchant au final.
Venons-en à l'histoire en elle-même. Il faut souligner le fait qu'elle est très accessible et peut même servir de point d'accès aux lecteurs qui n'auraient jamais entendu parler des Inhumains. Jenkins parvient à dresser un portrait très complet de leurs coutumes et de leur société. Il évoque notamment avec habileté - et avec la finesse d'écriture qu'on lui connaît - la crainte précédant l'exposition aux brumes tératogènes et le traumatisme qui peut en résulter. Rappelons que les mutations sont très aléatoires. Si l'on peut ressortir de la cérémonie avec un pouvoir sympa, il est également possible de se retrouver avec une trompe à la place du nez ou une peau recouverte d'écailles... il y a donc de quoi appréhender un minimum.
Malheureusement, après les premiers chapitres, Jenkins abandonne la piste sociale pour revenir à un affrontement plus classique entre humains cupides et Inhumains (longuement) assiégés. Les jeunes sujets de Flèche Noire, que l'on avait découvert un peu avant leur mutation, sont notamment trop peu utilisés par la suite.
Certaines scènes parviennent néanmoins à maintenir l'intérêt de l'ensemble, ne serait-ce que la petite séance de restructuration capillaire dans laquelle un Maximus plus vicieux que jamais se met en devoir de couper la magnifique chevelure de Medusa, en cherchant ainsi à l'humilier et à la priver de la source de son pouvoir.
Le final est un peu facile et peine à convaincre de la nécessité, pour Black Bolt, de mettre ainsi au point un plan secret si risqué et à la finalité peu évidente. Toutefois, même si cette seconde partie s'avère plus convenue, la qualité des premiers épisodes - et surtout l'exposition de la culture inhumaine - rend le tout digeste et bigrement intéressant.
La série a été publiée en France dans l'ancienne revue Marvel Knights, cependant, c'est surtout la VO que l'on peut conseiller, avec un TPB regroupant l'ensemble de la saga, une introduction (inintéressante au possible) d'Alex Ross et un petit carnet de croquis de cinq planches. Softcover et papier glacé pour une quinzaine d'euros, ce qui reste très abordable pour un ouvrage de plus de 280 pages.
Un Jenkins qui dépeint, comme il sait si bien le faire, des personnages profonds et torturés.
À découvrir.
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