Cœurs Noirs



Alors là, 2023 commence très bien avec une énorme série française : Cœurs Noirs

Cette série, très (trop) courte, de six épisodes est disponible sur Prime. L'on y suit le parcours d'une unité des forces spéciales française en Irak. Nous sommes en 2016, peu avant la bataille de Mossoul, et après avoir mis la main sur un ponte français de Daech, le groupe 45 va devoir exfiltrer la famille de ce haut responsable afin d'empêcher de futurs attentats en France.
Pitch relativement conventionnel, mais ce qui ne l'est pas, c'est la réalisation de ces épisodes.
Dès les premières minutes, la tension est installée et l'on est totalement immergé au sein de cette unité. Les interventions sont très bien filmées, les personnages habilement et rapidement installés, et le suspense va être maintenu jusqu'à la dernière minute du sixième épisode, qui se termine sur un terrible cliffhanger.

Autant le dire, c'est peut-être la série la mieux écrite depuis Cobra Kai (dans un genre très différent, évidemment). En ce qui concerne l'atmosphère générale, c'est très proche d'un The Shield pour le côté tendu et finement ciselé au niveau de l'écriture. Putain, que ça fait du bien de voir que l'on est capable, en France, de réaliser des fictions de cette qualité ! Même si vous n'êtes pas très attiré par les récits de guerre ou le cadre étouffant et poussiéreux où se déroule l'essentiel de l'action, on vous conseille de regarder au moins les 10 premières minutes, tant cette série mérite d'être vue et, surtout, de bénéficier d'une suite ! Si vous êtes normalement constitué, vous devriez être pris dans l'engrenage et vous envoyer la totalité des épisodes en deux soirées.



Ça sent le savoir-faire et l'implication à tous les niveaux : le casting est parfait (Nina Meurisse, Tewfik Jallab, Marie Dompnier, Jérémy Nadeau, Thierry Godard... et Nicolas Duvauchelle, parfait dans le rôle de Martin), la réalisation est nerveuse et immersive, les rebondissements sont bien amenés, le choix de certaines musiques est magistral, et on évite même les situations téléphonées. Un truc tout simple, il arrive plusieurs fois que l'on s'attende à une explosion, un tir ennemi, une catastrophe, juste parce que c'est tendu, que l'on sent le stress des personnages et que l'on a l'habitude, dans les fictions, qu'une période de tension intense amène une "résolution" ou une action percutante. Mais non, parfois, il ne se passe rien (ce qui ne veut pas dire que l'on s'ennuie, loin de là), simplement, le côté angoissant des missions est si bien rendu que l'on a l'impression que ça peut péter à tout moment. 

Jolie et efficace avec un flingue. La femme parfaite !
On ne va évidemment rien dévoiler sur l'intrigue, mais mention spéciale tout de même pour deux scènes que l'on appellera "Pierre Bachelet" et "Knockin' on Heaven's Door" (vous comprendrez en regardant). L'une parvient à rendre compte du profond attachement qui unit ces soldats, que l'horreur transforme en frères (et sœurs pour le coup), avec un côté jouissif et un petit moment de folie et de détente au milieu de la désolation. L'autre sublime une situation désespérée dans laquelle se trouve un personnage attachant, que l'on a appris à aimer. Dans les deux cas, ça prend aux tripes. Les personnages sont d'ailleurs très fouillés, leurs réactions sont réalistes, ce ne sont pas des machines ou des "Rambo" mais bien des êtres humains, qui doivent composer avec leurs émotions et leurs défauts. 
Et, petite cerise sur le gâteau déjà délicieux, l'on est très loin d'un traitement manichéen (les "gentils" ont des failles, les "méchants" aiment leurs enfants aussi, enfin, certains...). Et on évite en plus les leçons de morale à deux balles (bah ouais, la guerre, ce n'est pas propre par nature). 

Bref, tout cela est juste magistral, intelligent, bien foutu et immanquable !
Bravo et merci au réalisateur, Ziad Doueiri, et aux scénaristes, Sophie Maurer, Thomas Rio, Duong Dang-Thai et Corinne Garfin

L'une des scènes poignantes et inattendues de Cœurs Noirs



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Immersif et tendu.
  • Des personnages attachants et bien écrits.
  • L'intelligence des scénaristes, qui évitent les poncifs et autres lieux communs.
  • La musique qui vient magnifier certaines scènes.
  • Une réalisation parfaite.
  • Sab !!!!


  • RAS. Ou plutôt, si, on veut, non, on implore la suite, vite !!